Dans l’euphorie de la prorogation illégale du mandat des députés, les avocats du diable tentent désespérément de noyer le poisson dans l’eau. La Codem qui est l’un des fers de lance du tollé contre cette violation flagrante de la constitution reste droit dans ses bottes.
L’honorable cinquième place arrachée lors de la dernière présidentielle dans les conditions qu’on connaît ne saurait être l’œuvre de 3 députés, mais plutôt celle d’une base constante aujourd’hui en phase avec la direction du parti sur la prorogation du mandat. Certes, les députés sont très importants dans l’architecture d’une formation politique, mais ils ne décident pas forcément de l’orientation du parti. L’honnêteté intellectuelle nous recommande une analyse objective de la situation.
Au-delà de toutes les gymnastiques occultes effectuées par la majorité présidentielle pour parvenir à ce résultat, la crainte de ne pas être reconduit en cas d’élection et les retombées financières ont poussé certains députés à aller à l’encontre de leur parti. Du côté de la Codem, sans être forcément une excuse, l’appartenance à un groupe parlementaire de la majorité peut expliquer en partie la démarche des députés. Par respect pour la décision collégiale, ils peuvent être amenés à aller dans le sens de la majorité au sein du groupe comme d’habitude.
En tout état de cause, selon plusieurs sources concordantes, le parti tirera des enseignements de cette situation. Profiter d’une situation dont on connaît les tenants et les aboutissants pour jeter le discrédit sur un parti ou toute une opposition est malhonnête. En bons citoyens, ils auraient dû centrer le débat sur la constitutionnalité de la prorogation. Même si Poulo, Mara, Mariko et Soumaïla avaient voté pour la prorogation, il n’en demeure pas moins qu’elle resterait anticonstitutionnelle. Pour cela, le combat des opposants à la prorogation devient légitime et obligatoire au- delà de toutes considérations personnelles et politiques.
Tout autre débat pour se donner bonne conscience n’est que baliverne. Rien que pour l’histoire, la Codem n’entend pas se laisser distraire. L’heure est désormais aux préparatifs de la grande marche du 04 décembre prochain. Occasion pour le peuple souverain de réclamer son mandat à partir du 31 décembre, mais aussi de rejeter le projet de balkanisation du Mali.
Prorogation du mandat des députés, un non évènement pour la Codem
Les députés maliens ne donnent-ils pas raison aujourd’hui à Churchill qui disait en mars 1959 : «Après la guerre, deux choix s’offraient à moi : finir ma vie comme député, ou la finir comme alcoolique. Je remercie Dieu d’avoir si bien guidé mon choix : je ne suis plus député».
Après l’auto prorogation du mandat des députés, on peut dire que la politique malienne, hélas, est une jungle, trop souvent une brousse fétide où l’enchevêtrement des intérêts personnels brouille la perspective pour le peuple. La prorogation du mandat des députés en violation de la constitution illustre bien la déchéance de l’homme politique malien qui n’agit que pour des intérêts personnels. Au-delà de cet état de fait qui n’est autre que la prolongation de l’animalité, il est pourtant admis que pour tout homme d’État, tout doit disparaître devant les nécessités impérieuses de l’intérêt général garanti par la constitution. C’est à cet exercice rare dans notre pays que Poulo et la Codem se plient aujourd’hui.
Opposition ou pas, majorité présidentielle ou pas, il est du devoir pour tout citoyen de dénoncer les violations de la constitution comme l’avait fait Tréta lors des premières rencontres avec le Premier ministre concernant la prorogation avant de se rétracter. Sachant bien que généralement l’Assemblée nationale du Mali est renouvelée à 80% à chaque nouvelle législature, il était donc légitime pour ceux qui n’ont pas honoré leur contrat avec le peuple ou qui ont été recalés par leur parti, lors des primaires, de s’accrocher à un mandat «bonus», fut-il illégal.
Brandie comme un trophée de guerre par les avocats du diable, cette prorogation était tout sauf une surprise. Elle aura certainement le mérite de remobiliser les défenseurs de la constitution qui auront un argument de taille contre le régime. Une fuite en avant au moment où le pays fait face à plusieurs défis.
Pour la Codem, la prorogation du mandat des députés est un non évènement. Le seul maître mot au sein du parti reste détermination et mobilisation au sein de la COFOP et avec le FSD. Une source proche du parti de la quenouille a laissé entendre qu’à partir du 31 décembre prochain, la Codem pourrait ne pas reconnaître l’Assemblée nationale.
Au sein de la direction du parti, le choix est fait et assumé. Le 04 décembre est plus que jamais un tournant décisif pour la nation. Une chose est sûre, les intérêts sont des grains à l’opium pour la conscience, mais ils ne l’endorment qu’au prix d’un épouvantable réveil. Le régime et ses députés qui sont tout de feu pour leur intérêt et tout de glace pour leur devoir sont avertis.
L.D.