Le Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a effectué du 20 au 22 octobre 2015 une visite d’Etat en France. Une rencontre à saluer si elle était basée sur un partenariat gagnant-gagnant. Mais à confier la reconstruction du pays à cette puissance relève de l’incohérence et de la continuité de l’esclavage.
Aucun ami du Mali, encore moins un Malien, ne s’opposera au raffermissement de nos relations avec la France, 6ème puissance mondiale. Mais souffrez qu’il soit choquant d’entendre certains termes comme la reconstruction du Mali par la France. D’autant plus que les africains en général et les Maliens en particulier affichent un sentiment de nationalisme total vis-à vis de leurs anciennes colonies.
Au Mali, on n’a de cesse de vouer la France aux gémonies. Ce sentiment de fierté qui anime de plus en plus la jeunesse du continent est une source d’espoir.
Toutefois, force est de reconnaître que cette volonté du citoyen lambda ne rime pas avec les discours des dirigeants. Au cours de la récente visite d’Etat du Président Ibrahim Boubacar Keïta tant médiatisée en France, nos sensibilités ont été heurtées par l’annonce faite lors de la conférence de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (Ocde).
Il s’agit de l’octroi de 300 millions d’euro au Mali par la France pour la reconstruction du pays. D’aucuns diront qu’on ne refuse pas l’honneur et que cela n’a pas commencé avec le régime en place. Ils auront raison. Mais il faudra que quelqu’un commence, à défaut de mettre fin à ce scénario, à le minimiser.
Sans prétention de radicalisme nationaliste, encore moins d’une volonté de rejeter l’autre, il serait souhaitable d’avoir ce fonds à titre de crédit pour notre honneur. Car l’adage nous enseigne que la main qui reçoit est toujours en dessous. En clair, tendre éternellement la main à autrui est un signe d’incapacité notoire voire d’irresponsabilité. Il est temps que l’Afrique accepte de s’affranchir et de sortir de son réflexe de mendiant en comptant sur ses propres ressources. Ce qui amène le peuple à dire oui à des partenariats avec les grandes puissances mondiales pour propulser le développement de nos pays respectifs.
Mais non à des dons qui nous lient souvent les pieds. Surtout quand le donateur n’est pas crédible aux yeux des gouvernés, lui confier la construction du pays donne lieu à des interprétations.
Oumar KONATE