Jamais les débats sur la reconnaissance ou du moins l’application du statut de chef d’opposition n’ont dominé autant l’actualité politique que pendant la présente législature (5ème). Contrairement aux deux législatures précédentes où c’est le consensus qui a prévalu, les observateurs politiques estiment que toutes les conditions sont réunies pour que les autorités actuelles reconnaissent les droits du chef de l’opposition. C’est en ce moment, insistent-ils, qu’on pourra parler d’une vraie démocratie.
En effet, les observateurs politiques, avant la tenue des élections législatives dernières, se posaient la question suivante : Notre Assemblée Nationale pourra-t-elle bénéficier d’une opposition digne de nom ? Cette question avait tout son pesant d’or quand on sait que les partis politiques censés animer l’opposition s’étaient, pour la plupart, rangés du côté de la mouvance présidentielle. Cette question ne se pose plus aujourd’hui avec la position claire de l’URD, notamment de son président d’honneur, Soumaila Cissé, d’animer l’opposition républicaine. La seule question qui reste en suspens est de savoir si M.Cissé, considéré comme le chef de l’opposition, jouira de tous ses droits. Dans tous les cas, le Mali est l’une des premières nouvelles démocraties à se doter d’un statut de l’opposition à travers la loi n° 95-073 du 15 septembre 1996 modifiée par la loi n° 00-047 du 13 juillet 2000. Malheureusement, cette loi est restée lettre morte durant les législatures précédentes, notamment celles qui ce sont succédée de 2002 et 2012.
Faut-il rappeler à ce niveau que le FDR (par le fait de deux groupes parlementaires d’opposition : RPM, Parena-Sadi) a fini par s’éclater après la rentrée du RPM et du Parena dans le gouvernement de Mariam Kaidama Cissé. Cette situation rappelle l’entrée du Cnid et du RDP, véritables partis d’opposition dans le gouvernement d’Abdoulaye Sékou Sow par la voie de la gestion consensuelle du pouvoir. Cette forme consensuelle de gestion du pouvoir est très contestable car outre qu’elle tue l’opposition, elle est contraire à la démocratie qui est un système où l’opposition doit exister et exercer sa fonction tribunicienne et son rôle d’alternative pour accéder au pouvoir et mettre en œuvre son programme. Certains observateurs politiques attribuent cette faiblesse à l’absence d’institutionnalisation du rôle de l’opposition.
Une véritable courtoisie entre la majorité présidentielle et l’opposition s’impose
Une véritable campagne d’éducation des leaders politiques et des masses est nécessaire afin que chacun comprenne qu’à défaut d’être des adversaires, majorité et opposition doivent être des partenaires compréhensifs. Que leurs relations doivent être régies par les principes souvent érigés au rang de valeurs respectables : concurrence en vue de la conquête du pouvoir, ce qui demande surtout à la majorité de comprendre que l’opposant n’est pas un criminel, un bandit de grand chemin, mais un honnête citoyen qui exerce un droit reconnu par la constitution ; tolérance dans son exercice ;…
L’opposition et la majorité doivent, en outre, comprendre que leurs querelles intéressent peu le peuple, que celui-ci n’aspire qu’à la satisfaction de ses besoins essentiels qui ont pour noms : la faim, la soif, la pauvreté, l’alphabétisme, l’exclusion, la santé,…
Nous osons croire que ceux, à l’image du député du RPM, Moussa Timbiné dont les agissements envers ses collègues laissent à désirer, comprendront que seul le respect mutuel vaille. L’élection d’Ibrahim Boubacar Keita permettra-t-elle d’inculquer cette culture démocratique aux acteurs politiques maliens? Dans tous les cas, la reconnaissance d’un statut du chef de l’opposition s’impose si notre pays aimerait intégrer la cour des nations toujours citées en exemple en matière de bonne démocratie.
Moussa TOURE