Moins de 48 heures après la formation du premier gouvernement de l’ère IBK, voilà que le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la république (FDR) se fend d’un communiqué dans lequel, selon RFI, ce regroupement de partis politiques et d’associations anti-putsch, constitué à la suite du coup d’état du 22 mars 2012, fait part de ses appréhensions par rapport à la reconduction du Gal Moussa Sinko Coulibaly au Ministère de l’administration territoriale ainsi que son scepticisme sur les chances de réussite du gouvernement Oumar Tatam Ly.
Par cette prise de position, le FDR voudrait s’afficher d’ores et déjà comme “une opposition forte” au nouveau pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita aux yeux de l’opinion publique. Mais en a-t-il seulement les arguments nécessaires et la crédibilité requise ?
Doit-on considérer cette déclaration comme les prémices d’une opposition crédible au Mali juste au sortir d’une crise dont beaucoup de compatriotes imputent les causes profondes à la gestion consensuelle du pouvoir, érigée en système de gouvernance sous le régime de l’ancien Président Amadou Toumani Touré ?
Si apparemment cette prise de position peut paraitre courageuse, mais les observateurs sont plutôt sceptiques quant à la capacité du FDR (en tout cas ce qui reste de ce regroupement après le clash intervenu entre les 2 tours de l’élection présidentielle) a constitué en l’état actuel une opposition crédible au pouvoir d’IBK.
En effet, si l’on en croit des sources proches de la coalition anti-putsch, le système de fonctionnement, le mode de prises de décision et la lisibilité des nouveaux objectifs que le FDR veut s’attribuer, sont entre autres points de discorde en son propre sein. Par ailleurs, suite aux multiples revirements spectaculaires souvent opérés à 360°C de certains membres du regroupement au premier et au second tour de la dernière élection présidentielle, quelle est aujourd’hui l’image réelle que le citoyen lambda a des principaux animateurs du FDR ?
Pour de nombreux analystes politiques, le FDR a atteint ses objectifs initiaux à travers le retour imposé à l’ordre constitutionnel ; la formation d’un gouvernement d’union nationale pour gérer la transition ; le maintien des Institutions en place après leur brève dissolution par le CNRDRE ; la libération des régions occupées du nord par les djihadistes grâce à une intervention militaire étrangère contre laquelle, faut-il rappeler, certains milieux sociopolitiques avaient bâti toute leur stratégie de conquête du pouvoir d’Etat ; l’organisation d’élections présidentielles (peut-être pas aussi justes et transparentes comme on l’aurait souhaité) mais acceptées et saluées par tous les observateurs avec un taux de participation jamais égalé au Mali, entre autres. Logiquement donc, le FDR devrait le bilan de ces actions, en tirer tous les enseignements et s’adapter à la nouvelle donne politique.
Car, faut-il rappeler également que le FDR n’a jamais été ce regroupement uni, homogène et solidaire auquel aspiraient ses initiateurs. C’est pourquoi, dès les premières heures de son existence certains membres (partis politiques et organisations de la société civile) et non des moindres ont petit-à-petit pris leur distance par rapport à la ligne politique et aux mots d’ordre du regroupement aussi bien à l’endroit des putschistes que lors de l’élection présidentielle.
Ainsi, des partis politiques fondateurs tels que le MPR de Choguel Kokalla Maïga, l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly, l’ASMA/CFP de Soumeylou Boubèye Maïga, entre autres, n’ont jamais accepté d’apposer leur signature sur le protocole de l’Alliance ADR/FDR dans la perspective de l’élection présidentielle de juillet – août 2013.
Quant à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) dont le Secrétaire Général assurait la présidence du FDR jusqu’à une date encore récente, elle s’est finalement rendue compte que ce terrain n’était logiquement pas le sien dès lors qu’il s’agissait de prendre position en faveur de l’une ou l’autre composante politique dans un scrutin national si important que l’élection du Président de la république. Depuis bien longtemps donc, l’UNTM a observé une attitude moins active et timorée dans l’animation effective du regroupement. Certes, officiellement ces différentes structures n’ont pas encore démissionné du FDR. Mais cette démission est de faite étant donné tout ce qui précède.
L’élection du président de la république est venue approfondir la division au sein d’une structure à la cohésion déjà aléatoire, malgré les apparences. Aujourd’hui, des questions essentielles se posent quant à la vraie représentativité du FDR en tant que regroupement politique crédible, mais aussi aux objectifs et motivations floues qui sous-tendent désormais ses actions. Un recadrage s’impose donc s’il est établi que les animateurs veulent poursuivre l’expérience. Ce qui ne parait pas évident pour un certain nombre d’entre eux, notamment l’Adéma PASJ, le Fare entre autres. En effet, le débat est engagé à l’intérieur de ces partis politiques quant à l’opportunité de maintenir un regroupement qui n’a véritablement été efficace que dans le combat du retour à l’ordre constitutionnel.
En plus, le FDR n’est pas parvenu à se positionner réellement sur le terrain en tant que force politique aux intérêts convergents. Comment faire donc pour maintenir, sinon, donner une nouvelle vitalité à une structure laminée de l’intérieur par des jeux d’intérêts individualistes entre ses principaux membres et ayant en face un régime revigoré par la légitimité des urnes à une majorité écrasante de plus de 77% des voix de nos compatriotes, il y a juste un mois ?
Certes, une démocratie se nourrit d’une majorité et d’une opposition sérieuse et responsable. Mais pour prétendre à se constituer en une telle opposition forte et crédible, faudrait-il encore en avoir les moyens (structurels et humains s’entend). Le FDR répond-il aujourd’hui à cette exigence fondamentale ? Rien n’est moins sûr ! Alors, des déclarations par-ci et par-là sur des sujets d’intérêt national c’est bien beau, mais le rôle d’une opposition qui se veut sérieuse et crédible doit aller au-delà. Elle doit être une force de propositions responsables et une alternative crédible à la majorité présidentielle encore en gestation dans l’attente bien évidemment des prochaines élections législatives à l’issue desquelles on aura une meilleure lisibilité de la reconfiguration réelle du paysage politique nationale. Les prochaines semaines permettront très certainement de clarifier davantage ces jeux de positionnement des uns et des autres par rapport aux 2 principales tendances de la majorité présidentielle et l’opposition.
En attendant, que chacun s’assume en jouant franc jeu avec les compatriotes. Que le Président de la république, démocratiquement élu, gouverne et que ceux des individus et ou des partis politiques qui veulent s’affirmer en tant qu’une vraie force alternative crédible, s’affichent à travers des mots, certes, mais surtout les actes, tout en assumant pleinement leur opposition dans un esprit positif de construction de l’édifice commun : le Mali.
Bréhima Sidibé
Un regroupement qui a vécu donc qui se conjugue à présent au passé. Il n’aura pas survecu à la boulimie individualiste de certains de ses membres. Il ne peut plus être crédible après tout ce qui s’est passé au vu et su de tous les maliens.
Le FDR est mort. vive le Mali nouveau!
Une alternative OUI! mais crédible, c’est une autre histoire. Pour qui connait la volonté et la foi de ceux qui animent ce groupe très composite.
Puisse Dieu veiller sur le Mali!!!
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