Aujourd’hui au Mali, la réconciliation nationale est au cœur de tous les débats, activités publiques ou privées, manifestations sportives et culturelles, bref, au début et à la fin de toutes entreprises. Chacun y va de ses messages, de ses appels, de ses propositions. Un de nos fidèles lecteurs, Fousseyni Diarra, s’adresse aux présidents Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Kéïta pour leur livrer ses recettes. Au premier, il dira qu’il manque à ses nombreux compatriotes qu’il n’a pas le droit de décevoir le jour où on lui fera appel. A IBK, il demandera l’humilité de recourir aux conseils de ses prédécesseurs, sans exclusive.
Pendant les deux magistères de ATT le Mali était devenu un vaste chantier et où les armes s’étaient tues, bref un havre de paix où il faisait bon vivre du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest laissant les populations vaquer à leurs occupations dans la paix et la quiétude. Le cinquantenaire du Mali en fait foi, surtout à Kidal, lieu de nos insomnies et de nos frustrations aujourd’hui. A Kidal où les chants et les danses avec le défilé des Méharis emmenaient le peuple au paroxysme de l’extase.
De la situation combien confuse du pays de plus en plus, des voix s’élèvent pour exprimer à ATT, à gorge déployée ou en sourdine, sympathie et reconnaissance pour tout ce qu’il a accompli mais surtout ce qu’il endure injustement par l’acharnement et la folie des hommes. La voie de la négociation qu’il avait tracée fut abandonnée pour être reprise et admise comme seule issue de sortie de crise.
Ce qui est formidable, c’est que l’histoire dans sa marche inexorable et événementielle nous rattrape toujours, elle a horreur du mensonge pour ne rétablir que les faits dans leur véracité, où il est uniquement question de preuves non pas de crédulité ou d’oubli. Et les faits sont têtus.
Je profite de vos colonnes pour m’adresser à ATT et au frère président Ibrahima Boubacar KEITA.
A Amadou Toumani Touré : Vous manquez à des millions de Maliens, car il est impossible de nier la présence du soleil à midi. Vous avez toujours une place dans leur cœur. Amour ou haine, vous ne laissez personne indifférent et cela n’est pas donné à tout le monde. Une campagne médiatique violente coordonnée et un certain nombre d’erreurs communicationnelles (communiqué du gouvernement, dénonciations fantaisistes) ont contribué, par l’acte des hommes de vérité, à lever un nuage de fumée sur votre bilan en béton. Aucun observateur sérieux ne peut nier qu’en deux mandats vous avez fait mieux et plus qu’une grande majorité des chefs d’Etat africains. Lorsque j’affirme cela, je n’ai rencontré aucun interlocuteur objectif qui m’ait dit le contraire. Sauf certains avec des affirmations vagues et sans analyse qui constituent le socle de leur discours, sur l’armée, la guerre du Nord, voulant noircir à souhait l’une des colonnes de votre bilan, occultant l’influence du conflit libyen et de l’aveu de HAMA Ag MAHMOUD pressenti comme président de l’AZAWAD par le gouvernement français selon cet aveu dans l’interview parue dans le courrier du SAHARA : « Oui la France nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’AZAWAD. On disait à la France, c’est vous qui nous avez incités à revenir dans l’AZAWAD, vous nous avez demandé de faire déserter tous les combattants de l’AZAWAD et le recrutement dans l’AZAWAD et dans l’AÏR au Niger ». En conclusion disait-il, l’objectif de la France était tout simplement d’affaiblir le gouvernement malien et de faire OPA sur les immenses ressources non encore explorées ni exploitées.
L’aveu est la reine des preuves. Et enfin l’affreux coup d’Etat avec ses non-dits qui précipita l’invasion jihadiste.
On refuse de vous déculpabiliser et systématiquement de mettre à la lumière, les réalisations, les réussites, les succès et les performances.
La perfection humaine n’existant pas. Je suis de ceux qui sont convaincus que vous pouvez marcher la tête haute dans le monde. N’en déplaise à tous ceux que la haine empêche de vous rendre justice pour votre apport décisif à l’instauration de la démocratie malienne par votre don de soi un soir du 26 Mars 1991.
Vos initiatives hardies pour l’union africaine, vos efforts visibles pour le développement de votre pays, votre conviction profonde pour le dialogue, seule issue véritable pour la sortie de crise, votre amour viscéral pour la réconciliation et la paix des cœurs en ces temps de crise sans précédent et pour preuve vous ne cessez de prier Dieu pour que votre successeur réussisse sa noble mission à la tête de l’Etat. Et comme le disait Shakespeare : « On ne connait la valeur d’une chose qu’après l’avoir perdue ».
Au président Ibrahima Boubacar KEITA : sur mes précédents écrits je vous disais ceci : « beaucoup de grands pays ont réussi un développement fulgurant après qu’une crise majeure ait menacé leur unité, voire leur existence pour l’avoir transformée en opportunité afin de renforcer l’unité, la cohésion sociale, favoriser la réconciliation nationale et créer ainsi des pôles de développement économique ».
La plus grande offense à un peuple à peine sortie de traumatisme et le grand ennemi du pouvoir sont des promesses non tenues.
Je vous suggérais de créer autour de vous un pôle dynamique de consultation composée de vos prédécesseurs sans exclusive aucune, ni interférence dans vos prérogatives régaliennes, pour vous apporter suggestion et sceller à jamais l’unité et la réconciliation et ce à la date et selon la périodicité qu’il vous plaira de fixer.
Nous n’avons que le Mali ; laissons-le uni et réconcilié à nos enfants et petits-enfants comme vous et moi nous l’avions connu pendant notre jeunesse. Le discours de Mopti vous grandit et donne espoir de la renaissance de nos valeurs identitaires de vérité, de dignité et de tolérance. Mais, pensez à ces longs mois de solitude, tristes et sombres de votre frère cadet vivant en exil. A vous dire vrai, c’est un exil qui n’honore ni le Mali, ni les maliens
A Mopti, vous avez posé un acte de reconnaissance du bienfait, acte de grande noblesse et de vertus sublimes. C’est le lieu de vous dire encore une fois que « les grands peuples sont à l’image de leurs chefs et les grands chefs sont à l’image de la grandeur de leurs actes ».
Fousseyni DIARRA
Pilote Commandant de bord à la retraite
A Fass Mbao-Dakar/Sénégal
On voit que Monsieur Diarra a pris de l’argent, pour défendre le vendeur du Mali
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