Réaménagement ministériel : Élargissement, ouverture et clin d’œil à la paix

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Marche républicaine à Paris contre le Terrorisme / IBK : « Nous avons été convié, accueilli, considéré à hauteur de ce qu’est notre pays, le Grand Mali »
Le Président IBK avec le nouveau premier ministre, hier à l’aéroport

Ni démission du Premier ministre ni changement significatif. Au lieu du remaniement longtemps annoncé et fortement attendu, l’opinion a plutôt eu droit à un surprenant décret présidentiel, dont l’opportunité alimente la chronique depuis sa publication Vendredi, le 24 Septembre. Survenu le jour même de l’Aïd Al Adha, communément appelé fête de Tabaski, le décret N° 2015-0603, toutes proportions gardées, étonne autant par les implications dérisoires des changements qu’il apporte que par les motivations profondes qui le sous-tendent.

 

Les agneaux sacrificiels  de Tabaski 

L’énigme réside avant tout dans l’absence de bouleversement. En dépit des grands scandales et d’une torpeur notoire dans certains secteurs, la retouche n’a bizarrement concerné que deux têtes et non des moindres parce qu’ils cheminent depuis longtemps avec IBK. Depuis l’avènement du pouvoir actuel pour ce qui est du ministre de la Sécurité intérieur, Sada Samaké, la grande proximité avec le président de la République ne l’a pas mis à l’abri des conséquences d’un secteur sécuritaire en pleine déliquescence.

Aux petits banditismes et cambriolages en tous genres sont venus se greffer aux attaques et rapts en plein cœur de la capitale au point d’instaurer une terreur sans précédent chez les Maliens. S’y ajoute par ailleurs le scandale de la pénurie de passeports et de cartes d’identité avec en toile de fond un trafic et une corruption sans communes mesures autour de l’accès aux précieux documents. Toutes choses que le bras-de-fer du ministre avec le front syndical de la Police ne pouvait qu’amplifier davantage comme en attestent les nombreuses interpellations parlemen- ­taires visiblement suscitées pour exposer le ministre Sada Samaké à la déconvenue.

L’autre agneau sacrificiel viré du gouvernement en ce jour symbolique de Tabaski, c’est le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Mahamadou Diar­ra. Quoique les grands espoirs suscités par les promesses présidentielles de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite ne connaissent plus les mêmes ardeurs de concrétisation depuis le départ de son prédécesseur Mohamed Ali Bathily, son limogeage suscite beaucoup d’interrogations au département où, il est le précurseurs de beaucoup de programmes et initiatives novatrices, selon les témoignages.

 

La tendance  à l’élargissement  et à l’ouverture

Les deux victimes du décret présidentiel ont été remplacées à leurs postes par deux nouveaux entrants. La première, Sada Samaké en occurrence, passe le témoin au jeune gouverneur de Kayes, Salif Traoré, tandis que Mahamadou Diarra cède sa place à Mme Sanogo Aminata Mallé, un magistrat qui fit ses armes dans la justice malienne avant de prouver ses compétences à la Primature comme conseillère technique après les instances judiciaires régionales (Cedeao).

Ce ne sont pas les seuls nouveaux entrants du gouvernement Modibo Kéïta. L’élargissement, qui tient manifestement compte des intentions présidentielles en faveur du genre, profite notamment à un nouveau ministre de la Santé, Marie-Madelaine Togo, qui remplace le ministre Ousmane Koné réaffecté à l’Environnement ainsi que Sambel Diallo de l’Apr à l’Aménagement du territoire naguère occupé par Cheickna Seïdina Diawara désormais ministre de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine.

En tout état de cause, l’élargissement en faveur du genre porte à cinq le nombre de femmes d’un gouvernement dont la taille passe de 29 à 31 membres par la même occasion.

Aussi maigre soit-il, l’élargissement a été par ailleurs possible grâce à l’éclatement de certains ministères au nombre desquelles le département d’Abdoulaye Diop amputé de la coopération internationale et de l’intégration africaine, puis celui d’Abdoulaye Idrissa Maïga réduit à sa seule composante de l’Administration territoriale.

Le clin d’œil à la  question du Nord

Le décret N° 2015-0603 procède aussi à des réaffectations. C’est le cas, par exemple, du ministre Rpm Ousmane Koné à l’Environnement, tandis que son collègue Cheickna Diawara, précédemment ministre l’Aménagement Territorial, se retrouve à la coopération internationale. L’autre mutation concerne le désormais ancien ministre de l’Environnement devenu nouveau ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat. Mohamed Ag Erlaf hérite ainsi de l’unique portefeuille créé à la faveur du réaménagement survenu, la semaine dernière. Il s’agit notamment de la Réforme de l’Etat dont le retour dans l’architecture gouvernementale traduit un clin d’œil significatif à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. L’ancien Dg de l’Anict, qui en terrain connu, aura ainsi la délicate tâche de conduire l’application du nouveau schéma institutionnel préconisé par ledit accord : régionalisation poussée, création de nouvelles entités administratives et institutions de la République entre autres.

En définitive, à défaut de consacrer l’entrée tant attendue des mouvements armés au gouvernement, le réaménagement pose les seuls réels jalons dans le respect des engagements de l’Etat dans le cadre du retour de la paix et de la stabilité au Septentrion.

 

La Rédaction

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