Réactions a la requête formulée par le président par intérim le Pr Dioncounda Traoré Me Kassoum Tapo, avocat et député à l’Assemblée nationale : «Ces gens ne comprennent que le langage de la violence»

1

Je ne crois pas que çà soit un recul, au contraire c’est une avancée. Il y a toujours des désaccords avec l’armée et tout le monde n’était pas d’accord sur les modalités d’intervention de la Cédéao et sur les missions qu’on voulait confier à la Cédéao.

Me Kassoum TAPO

Dioncounda c’est quelqu’un qui prend son temps pour écouter, discuter et décider. C’est un problème de terroristes, de narcotrafiquants qui occupent le Mali et qui à long terme menacent la sécurité non seulement de la sous-région, mais aussi de l’Afrique et du monde de façon générale. Donc, je considère qu’aujourd’hui, la priorité est la libération du nord avec l’aide non seulement de la Cédéao, mais aussi de la communauté internationale. Je crois que ce n’est pas en installant une administration collaborationniste qu’on réglera le problème. Ces gens ne comprennent que le langage de la violence. Le pays est en état de guerre avec eux. Il faut donc qu’on se donne les moyens et que l’armée soit appuyée, qu’elle se ressaisisse et assure sa mission.
Maintenant, pour les élections, ce sera la deuxième mission pour les organes de la transition. Au cours de la deuxième réunion du Comité exécutif de l’Adema-Pasj, on nous a dit que le Fdr avait décidé que chaque  parti donne sa position sur le fait de ne plus participer aux réunions du Ministère de l’Administration territoriale, jusqu’à ce que le gouvernement fasse quelque chose pour la libération du nord. Immédiatement, j’ai eu une réaction, avec Ousmane Sy. J’ai dit, mais çà devient quoi cette affaire ? Je trouve que c’est du n’importe quoi cette histoire du Fdr. Comment on va attendre la libération du nord pour se prononcer sur les questions de l’organisation des élections. Et après, ce sont les mêmes personnes qui vont dire que le gouvernement veut s’éterniser. Les élections çà demande du temps et çà se prépare parce que l’avenir du pays en dépend.
Actuellement, il y a un problème de fichier dans la mesure où on ne sait pas sur quelle base travailler (Ravec ou Race).  C’est vrai que le problème avait été solutionné, mais avec cette crise que nous traversons, est-ce que les partis politiques vont accepter cette solution? Voire aussi, si on peut opter pour un fichier biométrique, mais en tenant compte du coût pour le Mali. Je crois qu’il est temps de commencer maintenant afin de résoudre ce problème. Suite au Comité, j’ai soutenu que c’est irresponsable de ne pas participer aux travaux du Ministère de l’Administration territoriale jusqu’à ce que le gouvernement fasse quelque chose pour la libération du nord. Et il est temps qu’on arrête de demander au gouvernement comment il va libérer le nord dans la mesure où la guerre on ne la mène pas dans la presse ou à la place publique.

Brehima Dicko, Président de la Commission défense nationale de la sécurité de la protection civile à l’Assemblée nationale :
«Le travail commence et c’est sur de bonnes bases»
Je pense que, vu la situation, je ne peux pas dire que c’est une décision qui est en retard dans la mesure où il y avait plusieurs problèmes. D’abord, après les 40 jours, il y a eu l’agression du président de la république et ensuite son traitement à Paris. Il fallait attendre qu’il revienne. Et maintenant, le travail commence et c’est sur de bonnes bases. En tant que président de la Commission défense nationale, j’ai eu l’honneur de participer aux travaux des forces de la Cédéao qui étaient venus d’abord pour 15 jours.  Nous avons eu à travailler et c’était sur 3 points. Les travaux étaient basés notamment sur la sécurisation des institutions, la formation et l’équipement des troupes et enfin la reconquête du nord. Comme le président Dioncounda avait dit dans un premier temps à la Cédéao que ce sont les formes maliennes qui assurent protection des institutions, il fallait convaincre la Cédéao que  toutes les institutions sont sécurisées. Le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile a fait un arrêté. Un dispositif au niveau de toutes les institutions pour les sécuriser. Donc, pour nous, c’était un acquis et il fallait accompagner les forces maliennes. Effectivement, on avait demandé aux forces de la Cédéao de les accompagner en fournissant des équipements.
En ce qui concerne la récente décision du président de la République (d’ailleurs j’étais à Ouaga), nous l’avons vraiment félicité et réellement nous avons besoin des forces de la Cédéao pour la reconquête du Nord. Nous accompagnons vivement cette décision.

Younouss Hameye Dicko, président intérimaire de la Copam, président du Rds : « Elle doit se faire après consultation des principaux intéressés, notamment l’Assemblée nationale, le gouvernement et les militaires ».
J’ai été surpris par cette nouvelle, surtout de ne l’apprendre qu’à travers les chaines internationales. Je pense que cette lettre devrait être à priori commentée par la presse malienne avant d’être diffusée par des radios étrangères. A mon niveau, il y a un malaise. J’ai l’impression que je ne suis pas chez moi. J’avais des réserves par rapport à cette lettre. D’abord des problèmes de souveraineté.  On a l’impression que les choses sont commandées par l’extérieur. Ensuite, on a l’impression qu’’on ne prend aucune précaution pour l’intérieur. Demander à des forces étrangères d’intervenir dans un pays, c’est quelque chose d’extrêmement grave. Et cela ne peut pas se faire dans le «dibi». Elle doit se faire après consultation des principaux intéressés, notamment l’Assemblée nationale, le gouvernement et les militaires.
J’aurais compris qu’on dise que c’est une proposition du gouvernement approuvée par l’Assemblée Nationale. En ce moment, il y aurait quelques formes de démocratie et de souveraineté. J’ai aussi l’impression que l’étranger  donne tout le pouvoir au président de la République par intérim. Peut-être tout ça pour semer la zizanie au sein de la société malienne.  Au moment où nous voulons organiser la concertation nationale, calmer les jeux pour trouver des responsables pour la transition, on nous distrait avec tout ça. Qu’on le veuille ou pas, c’est le peuple malien qui va libérer son pays.

Mohamed Tabouré du Mp22, porte parole de la Copam : «On a utilisé Dioncounda pour piétiner le droit d’autodétermination des Maliens ».

C’est étonnant, de par  les conditions dans lesquelles elle s’est  faite. C’est Jean  Paganon (Ndlr: ambassadeur de la France au sahel) qui informe le peuple de l’adresse de cette lettre par  Dioncounda à la Cédéao. Ceci nous montre clairement la main de la France dans le processus précipité de faire sortir cette lettre dont on sait que c’était un but assigné à la Cédéao par la France et les Etats-Unis depuis longtemps. Ils ont tout fait pour obtenir cet aval et faire en sorte qu’au plan international, à l’Onu, ce soit une base pour obtenir leur intervention sous couvert de la Cédéao. Ceci nous montre que cette demande a été faite à l’insu du gouvernement et de l’armée malienne. L’Assemblée nationale est ignorée. La concertation nationale qui devrait nous permettre d’examiner la question du nord est passée à la trappe depuis la mise en place du gouvernement d’union nationale. On a utilisé Dioncounda pour piétiner le droit d’autodétermination des Maliens.
Il ne doit pas y avoir  question d’intervention des forces de la Cédéao même au plan de la formation et de l’appui logistique tant que les armes du Mali ne lui soient pas rendues. Ce sont les agissements d’ennemis du Mali auxquels nous avons à faire. Le but est d’aller réaliser l’occupation du Nord, de poursuivre le plan de partition du Mali vers le fédéralisme. Cela est inacceptable et les Maliens doivent en prendre conscience.

Madani Tall
Est-ce que cela ne va pas créer une situation d’enlisement du conflit ici ?»
Aujourd’hui, l’armée est sous autorité civile, puisque nous sommes vers le retour à l’ordre constitutionnel. Et dans ce contexte, il appartient à Dioncounda Traoré, président de la République par intérim, de formuler cette requête. Alors, il n’y a pas d’autre autorité, à notre connaissance, pour faire une telle requête. Il n’y a pas, également, de personnes qui puissent avoir le recours institutionnel et légal pour ce faire ni pour contester. Je pense que l’Assemblée nationale peut avoir son opinion, et c’est la seule opinion qui doit prévaloir. Maintenant ce que Madani Tall pense, ce que d’autres qui n’ont pas un rôle institutionnel pensent n’a que très peu d’importance aussi. C’est-à-dire que nous parlons de l’Etat, il est bon, aujourd’hui, que l’on recommence à parler de la fabrique de l’Etat.
Maintenant, il est évident, également, que la question de la présence de la Cédéao suscite beaucoup de passion. Les gens se posent des questions: «Est-ce que cela ne va pas créer une situation d’enlisement du conflit ici ?». Mais, il faut comprendre que le danger de non intervention est plus grand encore et il ne concerne pas seulement le Mali. Les pays de la Cédéao, leurs inquiétudes, au-delà du Mali, c’est de protéger leurs propres frontières de la menace terroriste, de la diffusion de la violence et des refugiés maliens qu’eux-mêmes ils accueillent chez eux. En ce sens, c’est un problème qui n’est pas seulement malien. Nous avons vu nos frères Algériens qui ont eu à perdre certains des leurs concitoyens là-bas et à connaitre des attentats ces derniers jours. Et tout cela se fait à partir de bases d’opérations qui se trouvent être au Mali. Si tel est le cas, cela devient un problème commun, si nous ne pouvons le résoudre seuls, il faut accepter d’avoir l’assistance de nos frères; je pense que c’est la voie de la sagesse. Il est aujourd’hui, à mon sens, stérile de continuer dans la guerre des mots et des personnes et regarder le Mali.
Finalement, nous allons nous trouver dans une situation de fait où le Mali est scindé en deux, à cause de nos atermoiements, ici à Bamako. Et nous à l’Adm nous ne voulons pas nous inscrire dans cette dynamique. Nous avons condamné fermement la mutinerie, je continue à maintenir ce mot compte tenu de la Constitution. Aujourd’hui, nous, ce que nous souhaitons, c’est que les Maliens travaillent, main dans la main, pour trouver une résolution raisonnable à la crise la plus dure que notre pays vit depuis l’indépendance. Si les individus n’ont pas suffisamment de hauteur pour regarder la nation, qu’ils aient suffisamment de sagesse pour regarder l’avenir de leurs enfants. S’ils n’ont pas suffisamment de sagesse pour regarder dans quel Mali ils veulent que leurs enfants vivent, il faut qu’ils aient suffisamment de raisons pour ne pas amener le pays dans des situations plus tendues encore. Nous sommes à l’heure du retour à la raison.

La Rédaction

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. Dioncounda (Président du Mali ?) se fait insulter par son armée sur une chaine internationale (RFI) en se faisant traiter d’IRRESPONSABLE. L’armée ou CNDERRIERE, par son porte parole, désavoue la décision prise par le Président au nom de la nation, le malheureux ne réagit pas, son parti non plus. AUCUNE PROTESTATION VIGOUREUSE COORDONNEE DES ACTEURS CONSCIENTS DE LA SOCIETE CIVILE. VOUS NE POUVEZ PAS ENTRER DANS UN GOUVERNEMENT ET NE PAS ETRE COMPTABLE DE SES RESULTATS. Certains politiciens ont le même culot de soutenir la COUARDISE des militaires déguisée en SOUVERAINETE (les ¾ ou plus du pays sont entre les mains de petits bandits de grand chemin). Depuis plus de 5 mois miantenant, l’armée malienne se prépare, est prête à l’assaut. Le Nord brûle sous les bandits barbus. Le Sud est quotidiennement outragé avec les bandits militaires qui ont fui le front. Même des marabouts sont maintenant arrêtés par la junte sous prétexte qu’ils étaient le marabout de tel béret rouge ou de tel dignitaire d’ATT! C’est ce qu’on appelle en bambara MOLOBALI, HORONKOLON. A chaque fois que les partenaires se disent que le gouvernement a maintenant les mains libres, qu’ils veulent revenir au Mali, les militaires font une sortie intempestive pour tout remettre en cause, pourrir la situation, empêcher le gouvernement de réussir sa mission de libération du Nord et d’organisation d’élections sur fichier biométrique, UNIQUEMENT POUR ASSURER LEUR PROPRE SURVIE A BAMAKO. Cela peut-il durer ? Et récession oblige, on n’entend de plus en plus que des appels désespérés de chefs de famille qui perdent leur emploi, qu’ils proviennent d’entreprises privées ou d’ONG. Alors le gouvernement n’a d’autre choix que de REAGIR face à l’inertie et à l’opposition des militaires, ou DE DEMISSIONNER. On verra alors si les militaires peuvent gérer de façon solitaire l’un des pays les plus pauvres au monde, isolé de la CEDEAO, de l’UA, des NU…

Comments are closed.