Les députés frondeurs du Rassemblement Pour le Mali (RPM) qui avaient menacé de créer leur propre groupe parlementaire sont finalement rentrés dans les rangs. Pas sans encombre ! Car, le Président du Parlement, Issaka Sidibé, a eu une prise de bec avec le ministre du Développement Rural, non moins Secrétaire Général du parti, Dr Bocary Tréta, qui a débarqué en catastrophe à Bagadadji pour sauver les meubles.
Ils étaient une vingtaine de députés du RPM à entrer en rébellion lors du renouvellement du bureau de l’Assemblée Nationale. Le paroxysme de ce bras de fer a été atteint le 02 novembre au cours de la plénière. Après plus d’une heure de retard, les travaux commencent sous la présidence de l’honorable Issaka Sidibé. Les premiers propos du Président du perchoir ne passent pas. « On n’entend pas », crient certains honorables parlementaires.
Le Président Sidibé ordonne au secrétaire parlementaire, NDoula Thiam, de lire l’arrêt de la Cour Constitutionnelle qui valide le règlement de l’auguste Assemblée avant de rappeler l’ordre du jour de cette plénière. La tête d’affiche des frondeurs, l’honorable Bafotigui Diallo, demande la parole pour suggérer une modification de l’ordre du jour afin d’inscrire la création d’un nouveau groupe parlementaire.
Visiblement embrassé, le Président du groupe parlementaire RPM, Seydou Dembélé, prend la parole et demande une suspension pour des négociations. Un autre député intervient pour rappeler la procédure de création du groupe parlementaire. Selon lui, les dissidents devaient d’abord déposer leur demande au niveau du Président du parlement avant l’ouverture de la plénière. Ce qui provoque l’ire de l’inamovible questeur, Mamadou Diarrassouba, le grand manœuvrier de Bagadadji qui avait tenté de démarcher un à un les frondeurs. L’honorable Mamadou Diarrassouba insiste sur la suspension des travaux que le Président Issaka Sidibé ordonne pour une durée d’une heure.
Tout ça pour ça !
Entre temps, des tractations sont engagées dans les coulisses pour trouver un terrain d’entente. Le Secrétaire Général du RPM, Dr Bocary Tréta, Ministre du Développement Rural, débarque en catastrophe à l’hémicycle sans informer le patron des lieux, Issaka Sidibé. Prise de bec entre les deux personnalités ! Au même moment, l’honorable Karim Kéïta cause dans la salle Modibo Kéïta avec les journalistes. Le fils du Président de la République dément l’information selon laquelle il prétend à la première-vice présidence de l’institution. Karim Kéïta confirme qu’il compte rester à la tête de la Commission Défense. D’ailleurs, il est le seul candidat déclaré à ce poste, a fait savoir l’époux de la fille du Président de l’Assemblée Nationale. D’intenses efforts sont faits pour amener les frondeurs à abandonner leur décision de création de groupe parlementaire.
Le 3 novembre, la plénière reprend en fin de matinée. A la lecture de la liste des membres du bureau et des présidents des commissions de travail, quelques constats s’imposent : on se rend compte que le porte-parole des frondeurs, l’honorable Mamadou Tounkara, sérieusement menacé, conserve son poste de 1er vice-président.
L’honorable Abdoulaye Dembélé devient 9ème vice-président en remplacement de Moussa Timbiné qui devient Président du groupe parlementaire du RPM. Yiri Kéïta prend la tête de la Commission des Travaux Publics, de l’Habitat et des Transports tandis que Kalilou Ouattara conserve son fauteuil de Président de la Commission Santé, du Développement Social et de la Solidarité.
Au finish, on est tenté de dire : tout ça pour ça !
Modibo Fofana
