Les amis du président de la République, ceux qui se plaisent à l’appeler «camarade Ibrim», les responsables du Rpm, tout le monde le sait, ont carrément raté ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire référendum constitutionnel». Ils s’accrochent à la prochaine élection présidentielle. Et c’est parti pour une campagne marathon.
Désormais, chez les tisserands, la campagne est plus que jamais ouverte pour la future élection présidentielle. Ils sont tellement passés à côté de la campagne référendaire qu’ils veulent faire élire le président de la République par anticipation. Tous les moyens sont désormais bons pour renouveler son soutien au président de la République, se transformer en le meilleur soutien d’IBK. Il s’agit, tout le monde l’a compris, de se racheter par rapport au manque de présence lors de la campagne pour le référendum constitutionnel.
On se souvient qu’à l’époque, IBK avait été carrément abandonné par les responsables de son parti et même certains ministres et barons du régime. Il était, quasiment, seul, pendant plusieurs semaines, à essayer de faire accepter, par la majorité de ses compatriotes, la nécessité de réviser la Constitution. Pendant que «ses amis» rasaient les murs, s’ils ne feignaient pas les morts, pour mouiller le maillot ou de se mêler à cette affaire qu’ils disaient, eux-mêmes, «compliquée» et «affaire du président et de sa famille».
Faute de soutien, il a fallu surseoir au projet. Une décision prise, on le sait, avec toutes les peines du monde. Il a fallu toute la sagesse et le recul nécessaire de la part du président de la République pour arriver à cette décision. Cependant, force est de reconnaître qu’il ne mettra pas tout ça au compte de «pertes et profits». Certains vont le payer, et très cher. Ceux qui ont abandonné le président de la République «tout seul», qui lui ont fait ressentir la solitude du pouvoir, et ils sont nombreux dans le gouvernement et chez les tisserands, le payeront très cher. Ils l’ont compris et c’est cela qui explique tout ce bruit et toute cette agitation.
Cette situation est d’autant plus sérieuse que c’est la énième fois que le président de la République est traité de la sorte par ceux qui lui doivent tout. En 2013, déjà, entre les deux tours, certains avaient commencé à jouer aux équilibristes. Ils n’hésitaient pas à évoquer le cas «Ceylou Dalein-Alpha Condé», pour dire que Soumi pouvait inverser la tendance.
Aussi, quand éclata l’affaire d’équipements de l’armée et de l’avion présidentiel, au moment où le président prêtait serment. Ce n’est qu’après que le mal fut fait qu’on entendra quelques timides soutiens en sa faveur en provenance de sa famille politique. Il s’est passé la même chose lors de l’affaire dite des engrais frelatés et celle relative aux tracteurs. Toutes les fois, comme si on faisait exprès, on attend que le président de la République soit suffisamment trempé dans la boue, son honneur suffisamment jeté aux chiens, pour venir jouer aux pompiers.
Ce mandat, nous pouvons le dire, a été jalonné de cas de trahison tellement flagrants que l’on se demande, souvent, si au sein du gouvernement et chez les soutiens du président, on ne travaille pas à saboter son quinquennat. Il envisage, désormais, de sévir et on l’a compris ; d’où l’ouverture d’une campagne précoce.
Moussa Touré