Si le Président de la République tient toujours à son projet de révision constitutionnelle, il ferait mieux de retrousser lui-même ses manches pour descendre sur le terrain afin de convaincre les indécis et les adversaires aussi nombreux de son projet. Ni son parti, le RPM, ni la CMP, le regroupement politique qui le soutient, ni son gouvernement ne parviennent à persuader le peuple sur la pertinence du projet de révision de la constitution. A-t-il lui-même de l’énergie pour descendre sur le terrain ?
Les derniers sympathisants du Oui ont fini par être convaincu de l’incapacité des cadres du parti des tisserands à porter haut ce projet. En effet, le mardi 11 juillet 2017, lors de la conférence de presse animée par le RPM au siège du Conseil National du Patronat, les observateurs semblent arrivés au constat que ce parti est incapable de tenir un débat à la hauteur de l’enjeu mais aussi et surtout de mener le bateau du Oui à la victoire. Présidée par Baber Gano, Secrétaire général du RPM, lequel avait à ses côtés, le secrétaire politique A. Konaté et son adjoint A. Sylla, cette rencontre, au lieu d’être l’occasion d’expliquer et de convaincre les indécis à adhérer au projet de constitution, fut plutôt un ring contre l’opposition. M. Gano a, dans une violente diatribe, fait le procès des opposants à la révision de la constitution. Il a notamment déclaré : « après avoir usé toutes les voies de recours contre le projet de révision constitutionnelle, l’opposition a décidé d’aller dans la rue. Elle a décidé de défier l’autorité de l’Etat et l’Arrêt de la Cour constitutionnelle. L’autorité de l’Etat doit s’affirmer et elle va s’affirmer. Nous ne pouvons pas nous taire sur des dérives totalitaires (…) C’est 2018 qui se joue maintenant. C’est le test de 2018. C’est le conflit post-électoral qui se teste maintenant. Mais nous n’avons pas peur d’eux. Leur discours ne porte pas. Vous avez la légitimité chers militants ». Il poursuit : « Ras Bath est financé, et comme il n’a pas de personnalité, il s’attaque à ceux qui ont de la personnalité ».
Avec ces propos du Secrétaire général du RPM, nous ne sommes plus dans un débat démocratique où la persuasion doit l’emporter sur l’invective ou sur les procès d’intention. S’il faut noter que Hamadoun Konaté et Abdrahamane Sylla ont tenté des explications sur les points du projet objets de polémique, force est de constater que les arguments étaient en deçà de l’enjeu. Au point que l’on peut se demander si l’assistance est sortie satisfaite de cette conférence de presse, considérée d’ailleurs comme le baptême de feu du RPM, dans le combat pour la victoire du Oui au referendum.
Youssouf Sissoko