Le vendredi 05 juin 2020, une marée humaine a pris d’assaut le pourtour du monument de l’Indépendance à Bamako Coura. Ces personnes répondaient à l’appel de trois organisations sociopolitiques : Espoir Mali Kura (EMK), le Front pour la Sauvegarde et la Démocratie (FSD), et la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), pour manifester contre la mauvaise gouvernance du régime.
Les manifestants lui reprochent : « La gestion « catastrophique » de la crise multidimensionnelle ; les atteintes à la souveraineté et à l’intégrité du territoire du pays ; la généralisation de l’insécurité partout dans le pays ; la corruption, le gâchis financier au détriment des paysans et secteurs privés ; la destruction des services sociaux de base (éducation, santé l’électricité, l’eau, les infrastructures) ; l’appauvrissement croissant des populations ; les atteintes aux valeurs et principes de la République ; le péril des droits et libertés individuels et collectifs des citoyens ; l’impasse d’une voie électorale hypothéquée ». N’est-ce pas des revendications sociopolitiques ?
Ces organisations ont été rejointes par d’autres mouvements sociaux et partis politiques. Chaque manifestant avait ses propres raisons pour participer au rassemblement du 05juin. Il n’est un secret pour personne que les secteurs importants du pays : Santé, Education, … sont défaillants et en ébullition. D’où les récurrentes revendications corporatives. Comme par exemple celle des enseignants de la Synergie. Lesquels réclament l’application stricte de l’article 39 de leur statut particulier.
Ces réalités sociopolitiques sont hélas niées par les partisans du pouvoir qui, de façon caricaturale, qualifient le mouvement du 05 juin de « Salafiste ». Ce qui est loin d’être fondé. Car si le principal leader du mouvement est Salafiste et la CMAS d’obédience Salafiste, ils sont nombreux et même majoritaires les personnes qui ont répondu à l’appel à manifester mais qui ne sont pas d’obédience Salafiste. Il y avait toutes les confessions religieuses que compte notre pays. Il serait alors prétentieux pour les partis qui composent la majorité présidentielle de raccourcir le débat en essayant de mettre les confessions musulmanes dos à dos, en ignorant le ras-le-bol d’une grande majorité de citoyens maliens. Qui ont des frustrations.
Le mouvement du 08 juin est bien politique et non confessionnel. C’est la résultante de plusieurs frustrations du peuple malien. Le Chef de l’Etat devrait le comprendre pour enclencher immédiatement des solutions politiques de sortie de crise. L’heure n’est plus pour lui d’écouter ses laudateurs (qui seraient dans la logique de défendre leurs intérêts égoïstes). Le pays va mal et même très mal. IBK doit en être conscient pour immédiatement aller dans le sens de la décrispation en faisant de nombreuses concessions politiques. Rien n’est au-dessus de l’intérêt de la nation !
Falaye Keïta