Le tout nouveau ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de l’aménagement du territoire, le jeune Colonel Moussa Sinko Coulibaly était face aux chefs et représentants des partis politiques le lundi 7 mai au Gouvernorat du district de Bamako.
Ce qui était convenu comme « rencontre de prise de contact » est apparu finalement bien meublée de « leçons et de cours de science politique » que l’officier de l’armée de terre a livré à ses auditeurs du jour. Le Colonel titulaire d’un master en stratégie de défense et d’école de guerre a été on ne peut plus clair. « Messieurs, les acteurs politiques, vous êtes incontournables dans tout processus démocratique. On ne peut pas parler de démocratie sans partis politique. Rien ne pourra se faire sans vous ». Seulement, le ministre le plus proche du « Capitaine »-il demeure Directeur de Cabinet du Capitaine Amadou Haya Sanogo, malgré sa fonction ministérielle- a oublié de relever que le changement intervenu le 22 mars n’a pas été fait avec la classe politique. Et, curieusement, depuis ces événements, plusieurs voix, et non des moindres, ne cessent de s’élever pour qualifier la classe politique de « pourriture ». Ce n’est un secret pour personne que les discours des milieux des putschistes du 22 mars font croire que la classe politique est décrédibilisée, corrompue qu’elle ne peut être un interlocuteur digne de foi. Il semble d’ailleurs que c’est déconsidération qui a valu aux partis politiques de n’être associés ni à la signature de l’Accord-cadre du 6 avril, encore moins à la formation du Gouvernement Cheick Modibo Diarra. Le ministre et ses amis du CNRDRE sont-ils finalement en train de parler le même langage. Ou s’agit-il plutôt de la langue de bois chez le ministre Moussa Sinko Coulibaly ?
Le ministre chargé des élections est-il en train de jeter de la poudre aux yeux des acteurs politiques qu’il est obligé de consulter dans le cadre des préparatifs des élections à venir.
Ce qui est sûr, en bon militaire, le Colonel n’a pas accordé beaucoup de temps aux responsables politiques qui voulaient exprimer quelques inquiétudes. « Il s’agit d’une prise de contact. On n’a pas besoin d’aller en profondeurs dans des discussions », se sont fait répondre sèchement Pr Yoro Diakité et Abdoulaye Amadou Sy. Et à nos acteurs politiques de comprendre que les choses ont changé. Le cadre de concertations entre l’Administration territoriale et les partis politiques doit continuer. Mais avec de nouvelles méthodes !
Bruno Djito SEGBEDJI