Questions d’actualité: IBK assène ses vérités

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Vote de la nouvelle Reforme constitutionnelle, délinquance financière, retour du RPM au Gouvernement et gestion des affaires publiques, tels sont les sujets que le président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) aborde dans les lignes qui suivent. En décidant ainsi, IBK veut éclairer l’opinion nationale et internationale sur les questions brûlantes au Mali.

Reforme constitutionnelle : «IBK n’a pas voté le texte pour faire plaisir au président de la République»

«Lorsque je dis Dieu, le Mali, Ma conscience, ce n’est pas et ça n’a jamais été pour moi un slogan et IBK croit et vit profondément lorsqu’il dit : Pour moi, rien ne vaut le Mali. Aussi, pour l’honneur et la dignité de ce Mali, me croyez-vous homme à troquer mes convictions et ma conscience pour quelques prébendes ? Et quelles prébendes ? Rien dans mon parcours ne m’incline à cela. Lorsqu’en 2002 j’ai dit que je ne serais plus jamais nommé par décret, c’était point par arrogance ou manque d’humilité. J’estimais, en effet, qu’au service de l’État, après les fonctions occupées, qu’il n’était plus question d’être redevable de quelque nomination que soit envers qui que ce soit, mais demain, je suis prêt à être conseiller municipal n’importe où au Mali parce que là, c’est un mandat du peuple. Du peuple malien, j’attends tout et je suis prêt à tous les sacrifices, mais pas de quelqu’un d’autre. Or, généralement, c’est lorsqu’on espère sur quelque chose, un poste qu’on est plus enclin à se laisser compromettre ; et ce n’est pas le cas d’IBK qui a dit clairement qu’il ne serait ni ministre ni Premier ministre. Et j’affirme clairement que le RPM, IBK n’a pas voté le texte pour faire plaisir au président de la République.

Je comprends les frustrations et même les colères qui fusent de partout, mais que serons-nous aussi, politiques et hommes d’État, si nous nous comportions comme des girouettes, des leaders pusillanimes qui changent suivant les humeurs de l’opinion, à vrai dire, des adversaires opposés au projet ?  Pour notre part, en tout cas au RPM, notre OUI s’inscrit dans une dynamique républicaine constante pour le confort et le renforcement de l’État de droit. Les réformes étaient-elles nécessaires ?  Le RPM a toujours partagé avec l’ensemble de la classe politique, qu’après deux décennies, certaines réformes s’imposaient au regard de notre parcours démocratique. Qu’est-ce que vous pensez d’un Kankelentigi qui a constamment soutenu que les réformes politiques proposées par le gouvernement vont dans le bon sens (interview à RFI en avril 2010) ou plus récemment lors du 3ème congrès de notre parti, qu’elles ne manquent pas sens, s’il avait voté NON ?

Au regard des charges qu’il a assumées à la tête de l’État, IBK est de ceux qui ont toujours affirmé qu’après 20 ans de pratique démocratique, il est évident que des corrections sont nécessaires. Est-il avenant pour les politiques que nous sommes de renoncer à nos convictions chaque fois que des voix s’élèvent ? Pour ce qui nous concerne, au RPM, notre OUI n’est ni un OUI à un complot contre la démocratie ni OUI à une dictature constitutionnelle, mais un OUI constant et conforme à nos convictions et positions maintes fois exprimées.

Totalement indifférent au sort des destins personnels et des petits calculs qui les sous-tendent, nous sommes et nous restons porteurs du projet de l’établissement et de la consolidation une réelle démocratie conviviale, apaisée, sans préjudice aucun des missions régaliennes de toute démocratie véritable et celui de l’ancrage de la démocratie malienne sur un socle d’airain. Nous sommes pour un État de Droit véritable, en lequel seuls règneront le droit, sa justice et sa rigueur où nul n’est et ne saurait être au-dessus de la Loi : «Dura lex, Sed lex».

Nous avons été de tous les partis politiques celui qui a payé le plus lourd tribut pour la défense de ses convictions et de ses positions, mais nous ne pensons pas pour autant que ce c’est seulement parce que le projet est d’inspiration présidentielle et porté par un gouvernement (auquel nous participons d’ailleurs) que nous devons dire NON. Nous n’avons pas parlé dans une gourde mais de façon très audible dans l’hémicycle devant l’ensemble de nos collègues députés. Nos arguments ont été largement développés. Nous ne pouvons obliger personne à les partager ; nous souhaitons simplement qu’ils soient compris et respectés comme il sied en démocratie».

 

 

«Le retour au Gouvernement, qui ne nous distrait aucunement de nos idéaux et de notre projet, ne fait nullement de nous des alimentaires, des godillots ou des hommes-liges et le droit de critique du RPM n’a jamais et ne sera jamais négociable»

«Lors de la Déclaration de politique générale, nous avions fait remarquer à Mme le Premier Ministre que notre OUI n’aurait de sens qu’autant qu’il nous serait aisé de dire NON si, par un biais ou un autre, les engagements n’étaient pas tenus. Tel est le RPM, qui toujours été un partenaire loyal, dans l’intérêt exclusif du Mali, tout en gardant un droit critique sur les actions qu’il ne juge pas conformes à ses idéaux et aux aspirations du peuple malien. Tel a été le cas de l’accord d’Alger ; de cela, les Maliens se souviennent.

Le RPM est un parti en phase avec les réalités et les aspirations du peuple du Mali. Parce qu’il sait que le Peuple du Mali est un peuple qui aime le langage de vérité, le RPM se doit d’être à la hauteur de l’espérance placée en lui. L’espérance, assurément notre parti l’incarne quelque part aujourd’hui. L’espérance oui, d’un Mali prospère, juste et solidaire, bâti sur le socle d’airain d’un État de droit véritable. L’espérance d’une démocratie réconciliée, apaisée et conviviale qui soit un vrai modèle pour l’Afrique et pourquoi pas le monde. L’espérance enfin d’un Mali écouté, respecté sur notre continent et dans le monde, dont la voix porte et compte. C’est parce que notre parti, le RPM, a le devoir de construire le chemin de cette espérance qu’il a accepté, à la demande du Chef de l’État, de retourner en avril dernier dans le gouvernement de la République. Le RPM a accepté cette mission nationale uniquement et exclusivement pour contribuer à la bonne préparation des échéances électorales générales de 2012. Le retour au Gouvernement, qui ne nous distrait aucunement de nos idéaux et de notre projet, ne fait nullement de nous des alimentaires, des godillots ou des hommes-liges et le droit de critique du RPM n’a jamais et ne sera jamais négociable. Mais, partenaires loyaux, nous ne jouerons pas non plus aux fiers à bras, aux bateleurs de foire.

Délinquance financière : «IBK n’a jamais détourné a fortiori volé un centime de l’Etat malien»

«J’ai l’habitude de dire que nul n’a le monopole du patriotisme. Le Mali regorge de talents, d’intellectuels de grande valeur et de patriotes éprouvés. Mais c’est dommage que les patriotes ne se connaissent pas. Par exemple, si vous, Dogo, vous me connaissiez, vous n’auriez jamais écrit dans un de vos articles publiés par Info Matin : Il faudrait que Soumaïla Cissé et IBK s’expliquent un jour sur les casseroles qu’ils trainent. Je ne peux pas parler pour Soumaïla, il s’expliquera si vous le rencontrez.

Pour ma part, j’affirme les yeux dans les yeux que IBK n’a jamais volé et n’a jamais détourné un franc de l’État malien. En cette matière, chacun est le fruit de son éducation et de son ambition. Avec toute l’humilité et la modestie qui lui sied, IBK sait d’où il vient et quels ont été sa formation et son parcours. Mon père, Boubacar Kéita, que vous connaissez certainement, lorsqu’il était à la tête du trésor (c’est en lui et à mon feu père Kodjo Amakiré que le président Modibo a fait confiance pour prendre le contrôle du trésor public en vue de lancer le franc malien), a maintenu tout son personnel au bureau durant tout un week-end pour justifier quelques vingt cinq francs. Je suis le fils de cet homme de rigueur et de respect des deniers publics. Je n’ai pas la vanité d’être Boubacar Kéïta, mais ma fierté est d’en être un des dignes fils.

Avant d’être à la tête d’un parti de masse, j’ai été d’abord militant d’un parti d’avant-garde. Et comme vous le savez, dans un parti d’avant-garde, on forme le militant au service, à la mission, mais jamais à la course à l’ambition. Dogo, IBK, dans son parcours politique, n’a jamais rien demandé pour lui-même, il s’est toujours satisfait de l’estime et de la confiance des camarades pour les missions qu’il a eues à conduire au service de la République et de la Nation.

Lorsque le président Alpha me faisait l’honneur d’être son Premier Ministre, je n’étais pas là, mais à Addis-Abeba, en mission. Nous étions en février 1994. Avant d’être en fonction, comme cela se doit, j’ai fait l’inventaire de mes biens et du patrimoine de l’État mis à la disposition du chef du gouvernement par le service des domaines.

Grâce à Allah soubaha wat’Allah, à la confiance du président et avec l’aide du parti et des démocrates, j’ai contribué, comme chef du gouvernement, à l’apaisement du climat politique et la stabilité macroéconomique de ce pays. Durant six (6) ans à la tête du gouvernement, IBK n’a jamais détourné a fortiori volé un centime de l’État malien. Pendant ces six (6) années, IBK n’a jamais souscrit une seule action de participation dans une entreprise privatisée, liquidée ou créée par l’État malien. De 1994-2000, IBK n’a jamais acquis un seul millimètre carré de terrain ou encore bâti un château ni à Bamako ni ailleurs au Mali.

Au-delà de cette maison que nous occupons et qui m’a été léguée par mon père, IBK ne possède qu’une seule et petite maison à Badalabougou qu’il a achetée en copropriété de son épouse lorsqu’ils étaient encore étudiants sous la 2ème  République.

Je ne tomberai pas dans la prétention de dire que je suis le plus éthique des hommes d’État qui ont dirigé ce pays ; je dis tout simplement que je n’ai jamais accepté un centime ni bénéficié d’un avantage auquel je n’avais pas droit. Je n’ai jamais utilisé mes fonds de souveraineté à la Primature ou à l’Assemblée nationale à d’autres fins que de conforter l’État et l’honneur et la dignité des serviteurs de l’État. Et il y a traçabilité de tout cela.

Lorsqu’en février 2000, j’ai terminé ma mission à la tête du gouvernement, les gens doivent s’en souvenir, le président Alpha, sans me consulter, a publié un communiqué pour saluer l’attachement, le dévouement à l’État et le respect de la chose publique d’IBK.

Dogo, reçu en audience par le président Touré un peu plus tard, je lui ai dit : si jamais tu es au courant d’une turpitude de ma part, si jamais tu as la preuve que j’ai détourné un seul franc du peuple malien, si tu me couvres, si tu ne m’arrêtes pas et ne me mets pas en prison «n’te a yafa i ma» (je ne te le pardonnerais pas). Croyez-vous qu’au regard de la suite des évènements, notamment après notre départ de l’Adéma, on m’aurait épargné si j’avais un seul centime sur ma conscience?

Après son départ de la Primature, IBK a fait l’objet de cinq (5) missions de contrôle d’État au terme desquelles beaucoup se seraient donné à cœur joie si un centime lui était reproché. Pareillement pour ma gestion à l’Assemblée. Vous vous rappelez, à peine installé, à moins de trois mois, on l’accuse d’avoir détourné trois milliards avant de s’aviser pour dire : Non, ce n’est pas lui, on s’est trompé… Mais, tout le monde savait qu’avant l’audit de cette gestion exigée justement par IBK, c’est sur ses fonds propres (reliquat de fonds de campagne) qu’il a fait fonctionner l’Assemblée Nationale jusqu’à la mise en place de la nouvelle Questure.

Mon éducation familiale, mon parcours de militant et d’homme d’État, mes valeurs républicaines et ma vision de l’État ne peuvent m’incliner à voler ou à être complice d’un vol au détriment du peuple malien. Voler le Mali, Allahou Abakr ! Il faut être un criminel pour voler un million au Mali a fortiori des milliards.

Dogo, en toute fraternité, j’ai tenu à mettre les choses au point. Car, pour le Malinké que je suis, l’honneur passe avant toute autre considération. Sur le registre de l’intégrité et du respect de la chose publique, nulle vanité, mais je marche la tête haute et je peux regarder quiconque dans les yeux pour dire : ne ma Mali ka dôrômè kelen dun (je n’ai pas volé un franc au Mali).

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