La république n’est pas un labo d’expérimentation : On n’attendra pas le crépuscule

0
La république n’est pas un labo d’expérimentation : On n’attendra pas le crépuscule
Le Palais de Koulouba

Si la République peut s’accommoder de la guéguerre permanente entre la chancellerie et le parquet, alors l’Etat doit pouvoir transcender sa peur en franchissant le Rubicon et rompre, le cas échéant, le lien ombilical entre le gouvernement et la magistrature. C’aurait été un bond démocratique majeur dans le bon sens, favorable aux équilibres inter-institutionnels.

 

 

La légitimité ne permet pas tout et n’importe quoi. Il n’est pas acceptable de s’en glorifier légitimement à tout-va tout en s’éloignant soigneusement des attentes légitimes du peuple, toujours pris de court. La légitimité n’exonère pas, non plus, de l’obligation d’informer, d’être cohérent, de satisfaire les attentes psychologiques des citoyens. Pas plus qu’il ne sert  strictement à rien de s’amuser toujours à vouloir surprendre son peuple au point de le désorienter et de le rendre anxieux et interrogatif.

 

Le pouvoir discrétionnaire ne fait pas droit à la gestion solitaire du pouvoir ou à la décision discrète, surtout quand la famille est toujours dans les secrets du « roi »; il n’autorise pas, non plus, au Président de la République de s’entourer de personnes du 3ème âge dépassées par le monde actuel, qu’on recycle par affinité ou par amitié, juste pour meubler les espaces de prise décisions stratégiques, pour la conduite de l’Etat, qui exigent fraîcheur intellectuelle, célérité dans la réflexion et performance opérationnelle. C’est une  posture simplement contreproductive et inquiétante à laquelle le Président devra rompre au plus vite s’il veut entretenir l’espoir par l’action et réussir son mandat par des résultats pourtant largement à sa portée. Ce ne sont pas les chapelets de bonnes intentions et de généreuses promesses qui détermineront la qualité du Président, mais plutôt sa vision, le cap qu’il aura indiqué et la performance des équipes qu’il se sera choisies pour concevoir, réaliser et évaluer des programmes pertinents qui doivent structurer le développement du pays.

Le Président de la République est une institution dont la sacralité transcende la personne du Président IBK; nous nous donnerons donc les moyens légaux de ne pas laisser des personnes la détourner, au seul motif qu’elles sont des proches ou des membres de la famille du Président.

C’est le Président IBK que les maliens ont élu; pas sa famille, encore moins ses proches. Que chacun s’en tienne strictement à son rôle pour un Mali qui se relève !

 

TATAM PART PAR ACCIDENT, MOUSSA ARRIVE DANS LA PRECIPITATION

 

En dehors du pouvoir discrétionnaire du Président de la République auquel la constitution confère la prérogative de nommer le Premier Ministre, la nomination de Moussa Mara à ce poste n’obéit à aucune autre logique si ce n’est celle du fusible idéal.

 

Tatam part avec les honneurs après six mois de bons et loyaux services rendus à la nation et reconnus par son patron, le Président lui-même, lors de la cérémonie de vœux de fin d’année 2013. Au-delà de la puissance de l’acte républicain de remise de sa lettre de démission au Président de la République, Tatam a émis un message de grande portée morale et pédagogique. Monsieur Chevènement, ancien Ministre français, disait « Un Ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Quand on n’est pas d’accord, on s’en va, plutôt que de continuer à avaler des couleuvres géantes; c’est mieux que de  plomber l’activité gouvernementale et de devoir assumer des manquements dont on est étranger.

 

Du strict point de vue de la cohésion de l’Exécutif, au sommet de l’Etat, le passage de Tatam Ly à la Primature, fut marqué par sa compétence, sa maîtrise de son équipe et des dossiers ainsi que sa loyauté vis-à-vis du Chef de l’Etat. La fausse note qui a fini par gripper la machine serait née de ses bisbilles avec l’honorable député Karim Keïta, Président de la Commission de la Défense à l’Assemblée Nationale et non moins fils du Président de la République, même si la lettre de démission du Premier Ministre n’en fait pas état. Ce qui ne veut pas dire que cette tension dont la presse malienne a fait largement ses choux gras, n’existerait pas; seulement, le Premier Ministre, en bon républicain, a préféré pointer du doigt « des dysfonctionnements » et « des insuffisances dans la marche du gouvernement » pour expliquer les raisons de sa démission. C’est tout à son honneur !

 

Cette précision faite avec diplomatie par le Premier Ministre (ce qui l’honore), force est de reconnaître que cette démission éclatante de Tatam  Ly, est la conséquence de manquements graves de la part de certains ministres, du point de vue de la bonne gouvernance, ajoutés à la  défiance de l’ « enfant prodige », Karim Keïta, à l’endroit  de son père de Président qui nourrirait une faiblesse paternelle vis-à-vis de lui.

 

Une dangereuse éventualité qui ne serait pas sans fondement si l’on s’en tient à deux antécédents qui corroborent cette thèse. En effet « L’ENQUETEUR 07 Octobre 2013 s’était offusqué, en son temps, de la candidature de Karim Keïta à la députation dans un article intitulé « On ne donne pas d’ordre à son père », après que je me fus permis de me  rapprocher de lui pour l’en dissuader. Il se susurre que son père, fraîchement élu Président de la République, n’était pas d’accord sur cette candidature. Qu’à cela ne tienne, l’enfant Karim a passé outre toutes les voix dissuasives pour se présenter. Et fut légalement élu député.

 

Acte 2, pendant la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale, le RPM a soutenu et fait élire monsieur Issiaka Sidibé, beau-père et candidat de Karim, en lieu et place du candidat du Président de la République, monsieur Abderrahmane Niang, au poste de Président de l’Assemblée Nationale. En démocrate convaincu, soucieux de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif, je n’ai voulu voir dans cette originale péripétie, que l’expression salutaire de l’indépendance des députés vis-à-vis du Président de la République. S’y ajoute l’élection de Karim Keïta au poste stratégique de Président de la commission de la Défense, contre, semblerait-il, l’avis de son père, Président de la République. Je me permets aujourd’hui de revoir ma copie.

 

Nous pouvons donc légitimement penser (jusqu’à explication contraire des principaux concernés) que le Premier Ministre Tatam Ly aurait jeté l’éponge par défaut d’arbitrage du Président de la République, dans le conflit qui l’opposait à l’honorable député Karim Keïta. Ainsi, pour couper la poire en deux, le Président IBK aurait, d’une part, accepté la démission de Tatam Ly et nommé un nouveau PM hors des rangs du RPM, en la personne de Moussa Mara. Alors, que faudrait-il attendre du nouveau Premier Ministre par défaut ? Qu’il se couche à plat ventre devant les caprices d’un « simple » député, fut-il le fils du Président de la République, histoire d’exécuter ses desiderata ? Cela ne ferait pas sérieux et renverrait du Mali, l’image d’une République bananière qu’il ne doit pas être. Le critère minimal de la nomination d’un Premier Ministre par le Président de la République, est la confiance et le soutien dont celui-là doit bénéficier au risque de pêcher par inefficacité et de devoir passer un séjour houleux et éphémère à la Primature.

Non, la République a ses règles, certes imparfaites, mais qu’il faut quand-même scrupuleusement respecter au lieu de les dévoyer pour des considérations d’ordre bassement sentimental.

HKB

Commentaires via Facebook :