Mouvance Présidentielle : Une force à entretenir avec précaution

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Mali - Affaire Tomi: IBK renonce à déposer plainte contre "Le Monde"
Ibrahim Boubacar Keïta, le 3 mai 2014 au palais de Koulouba. © Emmanuel Daou Bakary/Jeune Afrique

On est point dans un régime de consensualisme, ni de la gestion concertée du pouvoir comme sous ATT, mais au regard du nombre de partis qui s’agglutinent autour du prince du jour, IBK et de la somme des formations politiques qui émergent dans la mouvance présidentielle, le régime actuel détient une force politique bien considérable. Mais qui peut voler en éclats à la moindre occasion. Analyse.

 

Inutile de mettre dans la même balance l’opposition et la majorité politique au Mali. Certes des partis bien implantés comme l’URD de Soumaïla Cissé jouent leur va-tout au sein de l’opposition, mais comparativement à la mouvance, ils ne sont qu’une portion congrue.

En effet, c’est environ plus de quatre vingt (80) partis politiques qui affichent la carte IBK au sein d’une nouvelle directoire de la mouvance présidentielle. Aucun observateur de la scène politique malienne n’ose s’essayer à faire le trie de ces partis politiques entre des regroupements comme : ‘’APM’’, ‘’IBK 2012’’, ‘’IBK, Mali d’abord’’… Certains de ces partis politiques sont membres de tous ces regroupements, d’autres ont des forces nucléaires reparties entre eux. Du coup, de cette cohorte de partis politiques, un seul émerge, le RPM. C’est pourquoi des cadres de certains de ces partis politiques n’hésitent pas de démissionner pour militer dans le RPM. Qui reste dans l’imagerie populaire, la seule serve nourricière de l’ère IBK. La gestion du pouvoir donne l’impression que les pontes du RPM n’ont aucun égard envers leurs alliés politiques. Le partage du gâteau est, plus d’un titre, disproportionné. Surtout en termes de présence au sein  de la haute sphère de l’administration. Malgré une présence conséquente dans le gouvernement, il n’est pas rare de constater des colonies de tisserands dans les différents cabinets ministériels. Par la force des choses et au grand dam de leurs alliés, les dirigeants du RPM ont fait de l’actuel régime un pouvoir du RPM. C’est pourquoi dans les calculs politiques, les protagonistes ont compris qu’il ne suffit plus de faire partir des partis alliés, pour avoir une place au soleil, il faut intégrer le parti des tisserands.  Un parti qui n’était que l’ombre de lui même, il y’a quelques années. Lors des réunions ordinaires de son instance dirigeante, on avait de la peine souvent à atteindre le quorum des membres présents.  A son temps, un dirigeant du PDES affirmait ironiquement, que du RPM, il ne reste plus que « l’écharpe de Bakari pionnier ».

L’acquisition au pouvoir d’IBK a donc permis à son parti d’avoir un nouveau souffle. Qui lui a permis aujourd’hui d’occuper la dragée haute et se hisser sur la première marche du podium politique national, en termes de représentativité au sein de l’Assemblée Nationale, avec plus de 70 élus.

 

Une multitude de forces politiques à manœuvrer 

 

La relative gestion à sens unique du RPM, n’arrange pas la bonne conduite des affaires. C’est pourquoi face aux récentes épreuves, le pouvoir a manqué de répondant pour faire rayonner la méthode du prince du jour. Ce faisant, le pays se trouve de nos jours jeté dans l’œil du cyclone. Plongé entre les griffes des institutions du Breton Woods. Et durant toutes ces épreuves on a jamais voulu associer les partis alliés pour appuyer la communication, afin d’éviter à notre pays la situation qu’il est entrain de vivre. On n’a aucunement accordé de l’espace à ces valeureux responsables politiques d’apporter leur part de vérité, pour convaincre l’opinion politique nationale et internationale sur la sincérité du régime actuel. Et du coup, malgré des discours de bonne gouvernance, le cliché de la mauvaise gestion reste collé aux dirigeants actuels. Et le président de la République, demeure le seul fusible. On dirait que le parti au pouvoir est entrain de contribuer à son échec. Surtout dès qu’il a porté sa confiance au jeune Moussa Mara du parti Yélema pour diriger le gouvernement. Ce choix a fait grincer des dents. Mais aussi, conforter le parti au pouvoir à fermer la porte aux partis alliés. Des partis qui engrangent pourtant des compétences à revendre, pouvant à coup sûr, soutenir le « Kankélétigui » dans sa logique de gestion du pouvoir. A titre d’exemple, on peut par hasard citer deux leaders confirmés, qui sont de convictions différentes, mais faisant partie tous de la mouvance présidentielle, à savoir : Oumar Mariko de la SADI et Choguel Kokala Maïga du MPR. Mais les tisserands ne veulent voir personne d’autres émergées autour d’ IBK. Du coup, on assiste à un accompagnage de façade. D‘ailleurs, un dirigeant politique de la mouvance présidentielle, se plaisait à  dire à ses militants qu’ « ils ne sont pas au pouvoir, mais accompagnent le pouvoir ».

Il sied donc au parti au pouvoir de saisir au rebond, les soutiens politiques exprimés en faveur de leur régime. D’accepter le partage dans la gestion des affaires et de contribuer à la promotion de tous les cadres de la mouvance présidentielle.

C’est ainsi qu’on pourra avoir un exécutif fort,  qui s’ajoutera à une majorité parlementaire pour couper court à toutes les tentatives de déstabilisation du régime en cours. Le scénario contraire conduira à des frustrations, des suspicions et départs pour consolider l’opposition. Et rendre la majorité présidentielle fragilisée.

 

Moustapha Diawara

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