Le 5 juin 2020 restera dans l’histoire du Mali, au côté du 26 mars1991, comme le jour où le peuple laissa entendre son cri d’alarme et de désespoir. Les voix se sont levées pour dénoncer la mauvaise gouvernance qui sévit depuis 1992. Et le peuple, en masse le 5juin, a démontré sa capacité de reprendre ce qu’il n’a confié que temporairement à des personnes jugées capables de défendre ses intérêts.
Mais les revendications, aussi légitimes et vitales qu’elles soient, n’ont pas été appuyées par des propositions de sortie de crise. Il ne suffit pas de critiquer! Et ce peut être le défaut de cette révolution naissante. Opposés pour des raisons d’intérêts personnels, les maliens maintiennent ce pays dans l’enlisement, le chaos. Et le risque de partition n’en est que plus grand, aujourd’hui plus que jamais, parce que les chefs qui se sont succédés n’ont pas su être les garants de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire national.
La Constitution, l’article 29, leur en a pourtant attribué le rôle et les pouvoirs nécessaires. Et ils ont juré, conformément à l’article 37, de préserver la forme républicaine mais ils n’ont réussi à mettre en place qu’une oligarchie, à ce jour désavouée à tous points de vue. Ils ont juré, article 37, de faire respecter la loi et la constitution et pourtant ils n’ont fait que les détourner pour des intérêts autres que celui du Mali. L’intérêt national qu’ils avaient juré de préserver, article 37, s’est confondu, à leurs yeux, en raison des considérations partisanes et claniques avec ceux d’une poignée de personnes.
Les régimes oligarchiques ont entraîné l’asphyxie d’une démocratie et le trépas de l’État de droit. Et cela contrairement aux serments de l’article 37 de la Constitution. Mais pour mémoire, il convient de rappeler que l’article 26 attribue la souveraineté au peuple entier. Si le peuple semble, on peut le croire, désintéressé par l’exercice de ce pouvoir, il n’a pas pour autant renoncé à s’en prévaloir au moment opportun. Il l’a prouvé le 5 juin dernier.
L’heure est donc à la réflexion, à la mise en place de changements profonds des méthodes de gestion de la “res publica”. Cette nouvelle gouvernance ne saurait attendre tant la situation est urgente. Le prochain soulèvement pourrait bien être celui du peuple entier. Et nous serions dans la légalité, en phase avec l’article 26 de la Constitution qui dispose que “la souveraineté appartient au peuple entier” et non à une fraction de celui-ci.
Vive le Mali
Vive la république
Dr Dougouné Moussa