Quand ATT appelle à la réconciliation nationale : Les députés pour ou contre la réhabilitation de Moussa Traoré ?

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S’il y a une partie du discours à la Nation, diffusé le 21 septembre 2010, du président de la République qui a retenu l’attention du public, c’est bien celle relative à la réconciliation nationale. En effet, le président ATT a émis le souhait que les Maliennes et les Maliens puissent pardonner au régime défunt et singulièrement à l’ancien chef de l’Etat, Moussa Traoré. Une demande qui, apparemment, vient d’être rejetée par le président de l’Assemblée nationale. Et cela faisant suite au niet catégorique de l’ancien président Alpha Oumar Konaré. Quel est l’avis des députés sur la question de la réhabilitation de l’ancien président Moussa Traoré

Dix-neuf ans après la Révolution du 26 mars 1991, le président de la République, Amadou Toumani Touré, avait souhaité, dans son discours du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali, voir assis, côte à côte, les trois derniers présidents de la République qui ont dirigé le Mali, à savoir Moussa Traoré qui régna 23 ans, Alpha Oumar Konaré qui fit deux mandats de cinq ans chacun et Amadou Toumani Touré qui s’avance vers ses dix ans à la tête du pays. Compte tenu du fait que l’ancien président a été gracié, en 2002, par son prédécesseur, le président ATT a voulu engager le processus de réhabilitation de Moussa Traoré. Et cela, malheureusement, sans aucune préparation préliminaire des esprits et des mentalités. Contrairement à Alpha Oumar Konaré, qui pouvait compter sur le soutien politique de son parti, à savoir l’Adema, on a eu l’impression, après des réactions hostiles à son initiative, que le président ATT n’a aucun soutien de poids capable de lui servir de relais auprès de l’opinion pour faire passer ses choix stratégiques et sa vision politique. Si son appel en faveur de la réhabilitation de Moussa Traoré n’a pas eu l’accueil souhaité, cela est dû, incontestablement, à ce manque de soutien de la part, principalement, des forces politiques qui chantent, à longueur de journée, qu’elles sont avec le président ATT. Sinon, si tel n’était pas le cas on aurait entendu un autre son de cloche suite à la protestation, émise depuis Koulouba, par l’ancien président Alpha Oumar Konaré, le 21 septembre 2010, quand il a dit son opposition à la réhabilitation de Moussa Traoré.Si le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, n’a, dans son discours à la rentrée parlementaire, fait aucune allusion à l’appel d’ATT pour la réconciliation nationale, cela est dû au fait que même les "amis d’ATT" sont demeurés silencieux comme des carpes, après les attaques dont la proposition de celui-ci concernant la réhabilitation de Moussa Traoré a été l’objet. En effet, dans son message à la Nation à la veille du 22 septembre, le président de la République a invité  " le peuple à se réconcilier avec lui-même ". Car, pour ATT, il faut " agir pour que toutes les filles et tous les fils du Mali se rapprochent…et enracinent dans les cœurs et les esprits, le pardon ". Surtout que pour le président de la République, " le Mali n’a jamais arraché une seule page de son histoire ".

Après l’impasse faite sur les 23 ans du règne de Moussa Traoré, lors du discours solennel d’ouverture de la session ordinaire d’octobre, le lundi dernier, on est maintenant fondé à tirer la conclusion que Alpha Oumar Konaré et Dioncounda Traoré sont tous opposés à la réhabilitation de Moussa Traoré. Mais le fait, pour Dioncounda Traoré, de tirer un trait sur 23 ans de l’histoire du Mali n’a pas été du tout apprécié par l’opinion nationale qui a, et cela à juste titre, pensé que le président de l’Assemblée nationale est passé à côté…de l’Histoire. Dans la mesure également qu’un tel discours ne saurait refléter l’opinion unanime des députés. Aujourd’hui, personne ne peut dire que ceux-ci sont opposés à une éventuelle réhabilitation de Moussa Traoré. Même si à l’Hémicycle, après la sortie malheureuse du président de l’Assemblée nationale dans son discours de réécriture de l’histoire du Mali, il n’y a eu, jusqu’à présent, aucune réaction ni d’approbation ni de réprobation, de la part notamment des groupes parlementaires bizarrement silencieux, sur l’impasse faite sur les 23 ans du règne de Moussa Traoré. 

                           Mamadou FOFANA

 

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