C’est désormais officiel : Cheick Boukadry Traoré défendra bel et bien les couleurs de la Convergence Africaine Pour le Renouveau (CARE-Afriki Lakuraya) à la présidentielle de 2012. Il a en effet été investi le samedi 28 janvier 2012 par son parti pour briguer la Magistrature Suprême de notre pays. La cérémonie d’investiture qui s’est tenue au Centre International de Conférence de Bamako, a été marquée par l’intervention de Cheick Boukadry Traoré alias Bouga.
Il a commencé son intervention en saluant la mémoire de sa très chère maman, rappelée par Allah le Tout-Puissant, il y a deux mois. «Oumou, tu as été une maman exceptionnelle et jamais je n’oublierai tout ce que tu m’as apporté dans la vie. Reposes-toi bien chère mère», a-t-il laissé entendre. Il a également salué la mémoire des innocentes victimes qui ont perdu la vie lors des récents événements qui se sont déroulés dans le Septentrion malien.
Ensuite, il a dressé un véritable réquisitoire contre la gestion actuelle des affaires publiques. En toile de fond, il a évoqué l’enrichissement illicite, la justice aux ordres des pouvoirs politiques et économiques, l’instauration de la corruption, le clientélisme, le laxisme et le marchandage constitués de critères mafieux de gestion du système éducatif, l’inégalité économique, le chômage galopant des jeunes et enfin, l’incapacité de l’Etat à garantir la sécurité nationale. «L’avènement de la démocratie qui avait suscité tant d’espoir, n’a pas permis l’établissement d’un ordre juste… La démocratie a été purement et simplement confisquée par une certaine classe de notre société… L’élan démocratique né des évènements de mars 1991 a constitué un marchepied pour quelques-uns dans le dessein d’assouvir leurs intérêts privés», martèle Cheick Boukadry Traoré, fils de l’ex-président de la République.
Pour le candidat de la CARE, notre pays peine à trouver sa voie vers un développement harmonieux, après cinquante ans d’indépendance et vingt ans de pluralisme démocratique. A l’en croire, le Mali peine à trouver sa voie vers un développement harmonieux.
Pour sortir de l’engrenage, Bouga préconise une révolution des mentalités et des pratiques politiques pour renverser la tendance.
Les raisons de l’échec
Le porte-étendard de la CARE situe les causes de ces échecs à plusieurs niveaux. De prime abord, il évoque la confiscation de notre démocratie par une certaine classe, qui a détourné même de l’élan démocratique né des évènements de mars 1991. Au lieu d’être mis au service de l’intérêt général, l’élan démocratique a constitué un marchepied pour cette classe dans le dessein d’assouvir ses intérêts privés et personnels.
Il précise aussi que l’élite politico-intellectuelle, dans sa majorité, s’est simplement contentée d’envisager la pratique démocratique dans ses aspects superficiels, mettant en surtout l’accent sur une posture démocratique plutôt affichée que réelle.
«Peut-on réellement parler de démocratie lorsque quelques-uns font main basse sur les rares richesses du pays et utilisent scandaleusement l’appareil d’Etat pour s’enrichir personnellement, alors que la grande majorité s’appauvrit de jour en jour? Peut-on parler de véritable démocratie, lorsque la loi n’est une réalité que pour les moins nantis, lorsque la justice est celle du plus fort ou du plus offrant ? Peut-on parler de démocratie lorsque l’accès à un enseignement de qualité n’est réservé qu’à une infime minorité de privilégiés ? Peut-on parler de démocratie lorsque le clientélisme, le laxisme, le marchandage des procédés d’évaluation constituent les seuls critères de gestion du système éducatif national ? Peut-on parler de démocratie lorsque la corruption constitue le seul principe qui régit les rapports entre administration et administrés ?», voilà, entre autres, les questions que se pose Bouga. Et de préciser que les vingt ans de démocratie ont surtout servi à consigner la majorité des Maliens dans des conditions de survie qui contrastent avec le luxe outrageant et souvent immérité d’une frange minoritaire de la population.
Il fustige également l’exacerbation de l’inégalité économique, le chômage des jeunes, la paupérisation croissante des populations rurales et le manque de plus en plus préoccupant de justice sociale, que certains voudraient faire passer comme étant une fatalité malienne. Bouga estime qu’ils ne sont que les conséquences de politiques de gouvernance inadaptées et fondées sur des structures artificiellement édifiées dans l’intérêt de quelques clans.
Dans le même ordre d’idées, il dénonce la mauvaise gestion des affaires publiques et l’instauration préoccupante d’un climat de corruption ambiant, entraînant une dégradation de la nature même des liens sociaux ainsi que la disparition inquiétante, les uns après les autres, de nos repères et des ressorts qui ont permis à notre société de résister aux différents bouleversements.
C’est pour cette raison, martèle Bouga, que l’Etat n’arrive plus à remplir sa fonction de garant de l’unité nationale et de la sécurité des Maliens ainsi que de leurs biens. Il constate même, à un affaiblissement croissant de l’Etat et, voire, la remise en cause de l’unité nationale.
La situation au Nord
Actualité oblige, le candidat de la CARE n’a pas manqué d’évoquer la situation au Nord du pays. Tout en déplorant les évènements tout récemment, Cheick Boukadry Traoré pense qu’ils menacent sérieusement la stabilité du pays. C’est pour cette raison qu’il préconise une analyse approfondie prenant en compte tous les enjeux sécuritaires et géostratégiques de la bande sahélo-saharienne. En outre, il propose l’instauration de l’autorité de l’Etat. Pour cela, il invite tous les Maliens à soutenir nos forces armées et de sécurité. Il rappelle que le Mali est Un et Indivisible, et que rien ne peut justifier que des Maliens tuent d’autres maliens et s’attaquent à l’Etat. «Il n’est plus question de tolérer qu’on s’attaque aux Institutions de la République et aux hommes en uniforme», a-t-il indiqué.
L’élection de 2012
Parlant des élections générales de 2012, le candidat de la CARE pense que c’est le rendez-vous entre notre pays et son destin. C’est l’occasion pour les Maliens d’élire l’homme ou la femme qu’il faut pour prendre les destinées de notre pays. Bouga souhaite que cette compétition se fasse dans la fraternité, et que chaque citoyen ait la possibilité d’exercer son choix dans la sérénité, le respect mutuel et la confiance.
Par ailleurs, il invite les différents acteurs à prendre leurs responsabilités et à placer l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toute autre considération. «A la CARE, l’heure est à la refondation de notre modèle de gouvernance, pour emprunter la voie d’une nouvelle gestion au service d’une société démocratique et moderne, afin de mettre en œuvre les changements politiques, économiques et sociaux répondant aux attentes réelles du peuple malien», a-t-il précisé. Et de poursuivre qu’il faut une politique bâtie autour des principes de démocratie participative, d’efficacité économique, de cohésion sociale et de travail. Cette politique, précise le président du parti, offre la possibilité à chacun de s’épanouir et de déployer pleinement ses potentialités et ses aptitudes.
Il a ensuite remercié toute la famille de la CARE pour le choix porté sur lui afin de défendre ses couleurs lors de la présidentielle de 2012. Bouga dit avoir accepté cette mission avec gravité, responsabilité, lucidité et détermination. C’est dans ce cadre qu’il propose, au nom de la Convergence Africaine pour le Renouveau, un projet collectif aux Maliens.
Les points saillants de son programme
Ce projet intitulé Mali Sambalagno ambitionne, entre autres, de repenser les politiques d’éducation pour rendre l’école plus performante et accessible au plus grand nombre ; de développer une politique d’emploi cohérente et viable ; de démocratiser l’accès au crédit ; de soutenir la production locale des produits de grande consommation ; d’assainir et de moderniser les finances publiques par l’instauration d’instruments fiables de mesure et de contrôle. Ce projet ambitionne également de lutter contre la délinquance financière ; de garantir l’effectivité des décisions de justice ; de démocratiser la santé en favorisant un investissement massif dans le secteur et un partenariat dynamique entre public et privé ; de moderniser la politique agricole, mécaniser agriculture et de bâtir une armée forte et plus moderne.
A noter que les militants et les invités de la CARE ont suivi un film de plus 40 minutes retraçant la vie de Cheick Boukadry Traoré, commenté par son épouse. La cérémonie a enregistré la présence de certains partis politiques et une foule acquise à la cause de Bouga.
Ahmadou MAÏGA