Depuis seulement, quelques semaines, lorsque le président Amadou Toumani Touré s’est enfin décidé d’annoncer qu’il ne restera pas au pouvoir au-delà du 8 juin 2012, la classe politique est sortie de sa longue hibernation dans laquelle elle s’était confinée.
Au demeurant, une déclaration, qui est sans objet au regard des dispositions constitutionnelles, a toutefois été comme une délivrance, un soulagement pour des «leaders politiques» frileux depuis une dizaine d’années.
L’adhésion de toute la classe politique à cette gouvernance de «consensus» véhiculée en son temps par des slogans «creux», du genre «Retrouvons ce qui nous uni» n’était ni plus ni moins que de la forfaiture ; car loin du projet de société, qui avait suscité, en 2002, un immense espoir et emporté l’adhésion du plus grand nombre de votants.
Dès lors pour le peuple, déjà exténué par dix années d’une gouvernance minée, d’une manière vicieuse et pernicieuse, par la corruption et la délinquance financière, s’ouvrait une autre gouvernance où l’Etat sortira très fragilisé, sinon méconnaissable, car dorénavant les vrais voyous ne se trouvent plus dans les cités, mais au sommet de l’Etat, parmi les élites ; tous ces gens qui, sans embarras, prennent des libertés avec l’argent public, les principes démocratiques mais aussi les principes d’honnêteté intellectuelle.
Demain, qui dirigera le Mali ?
Les plus optimistes pensent que notre pays ne peut pas descendre plus bas. Notre rédaction le veut bien et le souhaite ardemment. Cependant, lorsqu’à l’intérieur de notre espace politique, pullulent les voleurs et magouilleurs, les pédophiles et homosexuels, les narcotrafiquants et malfrats de tout acabit, il y a lieu de réfléchir par deux fois à qui confier le pouvoir.
Il ne fait l’objet d’aucun doute, que pour celui qui dirigera le prochain quinquennat, la mission sera titanesque et très complexe, puisqu’il s’agira de s’atteler à la refondation d’un nouvel Etat, dans lequel les hommes et les femmes, chargés d’animer les institutions de la République, feront montre de courage mais surtout de sens de responsabilité devant les obligations de leur charge. Notre rédaction l’a dit et ne se lassera jamais de le répéter : les peuples, en Afrique, laissent tout faire, acceptent tout et ferment les yeux sur tout, sans se soucier que la reprise en main deviendra plus difficile ; car il y a l’échec et les conséquences de l’échec.
Demain, qui dirigera le Mali ?
Le défi, pour un futur meilleur, est donc annoncé, il s’agit de faire face aux conséquences de l’échec ; échec de toutes ces politiques mal pensées, mal élaborées et ou mal appliquées autour de l’école, du foncier, de la santé, de la privatisation, de l’investissement, de l’endettement, etc., dont les conséquences, sans nul doute, nous ont conduit à un pays de non droit bouleversant l’ordre social et aplatissant l’Etat ; un Etat dégradé et désagrégé, qui a fait perdre à la jeunesse le goût de l’effort et de l’engagement.
C’est cet Etat, en déconfiture par la faute de ces «élites», que le président Nicolas Sarkozy a schématisée en des termes très clairs : «Si tout est possible, si rien n’est interdit, si on peut faire tout et son contraire, alors ce sont toujours les mêmes qui finissent par payer : ceux qui n’ont que l’Etat pour les défendre et qui, en cas de défaillance de ce dernier, se trouvent être les premiers exposés à la violence d’une société sans règle».
Nulle ambiguïté que les acteurs politiques, des vingt dernières années, ne changeront pas de méthode car ils sous estiment leur peuple, à la limite le méprisent. Tous appliquent les mêmes principes, utilisent les mêmes moyens, recourent aux mêmes ruses, exercent le même type de pouvoir, dont l’aboutissement n’est ni plus ni moins que de contrôler les richesses du pays et d’en disposer.
Demain, qui dirigera le Mali ?
Dès lors, il revient à tous ceux qui subissent, de jour comme de nuit, les violences de cette société sans règle, de se mobiliser et de se donner les moyens de sortir de ce cercle vicieux. La jeunesse malienne, dans son ensemble, n’a aucunement le droit de rester en marge de ce combat ; pas pour l’énergie qu’elle a à revendre, mais surtout parce que c’est à elle qu’appartient le présent de ce pays et non l’avenir, comme une certaine opinion tente de les endormir.
La jeunesse malienne se doit de comprendre, qu’il est illusoire de croire que l’on peut résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés ; pire lorsque ces derniers constituent eux-mêmes une partie des problèmes sinon l’essentiel.
La jeunesse malienne se doit de retenir que c’est à l’ombrage de ces «pouvoirs démocratiques», d’ailleurs bien souvent au cœur de nombreuses transactions financières, que nombre de pratiques, malsaines et condamnables, sont nées, se sont sécurisées pour ensuite s’épanouir.
La jeunesse malienne se doit par une mobilisation conséquente d’apporter, en 2012, la contradiction à ce qui se vit actuellement au Mali. C’est ce vécu que le Curé Thomas Robert Malthus, économiste de renom, annonçait en ces termes : «Celui, qui vient au monde et trouve que ni son père, ni sa mère ne lui ont laissé quoique ce soit, n’a pas sa place autour de la table du monde».
Safounè KOUMBA