Nos candidats à la présidentielle se sont en majorité mis en campagne prématurée. Ils tiennent des discours creux et identiques. Mais concernant les différents maux qui menacent plusieurs secteurs de développement comme l’éducation, la sécurité sur toutes ses formes, la santé entre autres, c’est le grand mutisme. Lire notre analyse.
Ce manque de sérieux présage un scrutin dénudé de sincérité et basé sur des achats de consciences. Nos candidats à la présidentielle de 2012 sont en train de sillonner tout notre pays. Ils prétendent avoir des solutions à chaque question, sans donner de détail ni d’alternatives convaincantes. La seule chose sur laquelle ils insistent, consistent pour eux, à donner de faux espoirs aux gens en disant qu’ils peuvent donner des avantages financiers à leurs électeurs. Leur souci est de se faire élire par n’importe quel moyen pour assouvir leurs intérêts personnels. Les moyens qu’ils maîtrisent demeurent l’utopie verbale, les propagandes, la surenchère politique, l’intimidation et tant d’autres pratiques insensées.
Mais, le grand absent des tapages auxquels nous assistons est le vrai projet de développement. Au moment où notre pays est menacé de famine et que les autorités ne disent pas les réalités sur la situation au Nord, personne n’arrive à faire des propositions concrètes pouvant remédier au mal.
La saison agricole 2011-2012 est déjà une catastrophe contrairement aux annonces du Directeur national de l’agriculture. La pluviométrie a été mauvaise et les politiques mises en place ont échoué. Pour l’instant, il faut plus de 5 milliards de nos francs pour des interventions d’urgence dans les zones touchées alors que le fonds de stock disponible est aussi insuffisant. Le gouvernement dit qu’il va mobiliser rapidement des fonds pour constituer des stocks d’intervention. Mais, on ne sait pas comment !
Devant cette menace qui plane, nos candidats et leurs formations politiques, pour ceux qui en ont, n’ont pas des solutions adéquates pouvant être salvatrices. C’est-à-dire, avoir des propositions de budgets fiables tout en convaincant les Maliens sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour les réaliser. Dans le domaine agricole et de l’auto suffisance alimentaire, ils se limitent à dire que celui-ci est un secteur important dont ils vont développer. Pour l’instant, seuls le PARENA de Tiéblé Dramé le parti SADI d’Oumar Mariko ont fait des propositions dignes de confiance.
Aussi, il y a 20 ans l’école malienne est à genou. Toutes les reformes apportées n’ont fait qu’empirer la situation. Finalement, la baisse du niveau scolaire est devenue générale. Les élèves et étudiants dont les parents n’ont pas le moyen de les envoyer à l’étranger ou de les faire inscrire dans des établissements chers du pays, verront leurs avenirs foulés aux pieds. Il s’agit de l’écrasante majorité de nos enfants. D’ailleurs, plusieurs de nos candidats à la présidentielle ont préféré envoyer les leurs dans des pays occidentaux. L’école malienne est laissée pour compte au profit des établissements privés de luxe dont les sortants ont un certain privilège. Là aussi, à chaque interview sur le sujet, nos candidats critiquent l’état sans se sentir responsable de cette situation et disent qu’ils vont en faire une priorité. Ils en proposent des solutions vagues.
Idem pour le chômage, l’insuffisance des infrastructures et matériels sanitaires, la corruption, la mauvaise réglementation des prix des denrées, la spéculation foncière grandissante, le trafic de drogue et le problème sécuritaire au Nord. Sur ce dernier point, chacun d’eux parlent surtout du dernier événement au cours duquel des terroristes ont enlevé 5 occidentaux entre le 24 et le 25 septembre en tuant un autre lors de l’opération.
Certains disent qu’il faut faire impliquer toutes les couches politiques dans les discussions de prise de décision concernant le problème du Nord. On constate encore que la conviction manque. En un mot, la plupart de nos candidats ignorent ou feignent d’ignorer les vrais problèmes du Mali et les moyens de les résoudre. Les électeurs doivent être vigilants pour ne pas tomber sur ceux qui ne se préoccupent guère de l’avenir du pays. Le seul souci de ces derniers est d’arriver au pouvoir pour se bourrer les poches.
Issa Santara