Du coup placé « entre le marteau et l’enclume », le président de l’Assemblée nationale voit chaque jour ses chances s’amenuiser comme peau de chagrin face aux enjeux de l’élection présidentielle, surtout avec la démission de Mme Oumou Traoré, désormais ex-Secrétaire générale du mouvement national des femmes ADEMA. Pris en tenailles par le candidat désigné du RPM, Ibrahim Boubacar Keïta, et l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, candidat à la course pour Koulouba 2012, le Pr. Dioncounda Traoré pourrait se retrouver dans le rôle du « parent pauvre » (politiquement et électoralement) lors de ce scrutin.
En fait, la côte de popularité de Dioncounda dégringole actuellement de manière inquiétante. S’il est vrai qu’il avait obtenu la majorité lors des primaires de l’ADEMA, il est autant vrai qu’il l’avait du au soutien de certains responsables du parti de la Ruche avec lesquels il n’est plus aujourd’hui en odeur de sainteté. Aussi, la plupart de ces responsables politiques de l’ADEMA qui le soutenaient dans le cadre de sa candidature à la présidentielle 2012 négocient actuellement leur avenir politique avec le clan Modibo Sidibé et le RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta.
Même certains responsables au niveau du PASJ qui avaient porté Dioncounda sur le haut du podium lui ont aujourd’hui tourné le dos. La frénésie qui a caractérisé son camp lors des primaires de son parti a depuis lors cédé la place à des inquiétudes provoquées par l’avènement, voire l’implantation d’autres bords politiques jugés plus dignes d’intérêts. En effet, actuellement, le RPM et le clan Modibo ratissent large sur le terrain politique. Même dans l’entourage de Dioncounda, on encourage les gens à abandonner le « navire Dioncounda ». Les plus pressés et optimistes plient déjà bagages pour ne pas être en retard et se retrouver « sur le carreau » après les prochaines échéances électorales.
L’ex-Secrétaire générale du mouvement des femmes ADEMA, Mme Oumou Traoré, dont la question de transfert politique revient ces derniers temps au devant de la scène, a commencé par se poser des questions sur l’élection de son ex-mentor (Dioncounda) à la Présidence de la République du fait des stratégies d’occupation du terrain par le RPM et le clan de l’ancien Premier ministre. Dans ce schéma où les « Tisserands » (RPM) et les pro-Modibo se taillent la part du lion, le candidat Dioncounda pourrait se contenter des miettes qui ne lui permettront peut-être pas d’obtenir son billet pour le deuxième tour de la présidentielle de 2012.
Dioncounda pourrait donc se retrouver dans le rôle de « faiseur de roi ». Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en 2007, la « machine ADEMA » avait fait main basse sur l’électorat afin de faire réélire ATT pour un second et dernier « bail » présidentiel à la tête du pays. Mieux, ladite « machine » avait réussi à embêter les autres candidats en lice dans leurs fiefs respectifs.
Aujourd’hui, les données ont changé. Le candidat des Ruchers partagera son électorat avec Modibo Sidibé qui séduit de plus en plus l’électorat des Abeilles dans le pays pendant que le RPM met les bouchées doubles pour garder son électorat intact. Et si IBK parvenait à réaliser cet exploit, le RPM pourrait gagner au premier tour de cette élection, dans la mesure où toutes les composantes de l’alliance politique et du collectif d’associations autour de la candidature d’IBK (15 partis politiques et plus de 100 associations) donnent plus de 55%. Encore qu’en plus de son électorat, le RPM bénéficie du soutien d’autres partis (et non des moindres) sur l’échiquier politique.
L’autre éventualité, c’est que si le phénomène Modibo Sidibé arrive à s’imposer dans les fiefs de Dioncounda Traoré, ce dernier à de fortes malchances de perdre au premier tour. Dans ce cas, pour qui appellera-t-il à voter au second tour de la présidentielle d’avril 2012 ? Autrement, à quel candidat du second tour donnera-t-il ses voix ? C’est la question que se posent actuellement les observateurs objectifs de l’actualité politique nationale.
Jean Pierre James