Présidentielle de 2012 : L’heure de la nouvelle génération a sonné

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Aux termes de deux mandats présidentiels, le Président ATT doit passer le témoin à son successeur qui sera élu par le peuple malien à l’issue des élections présidentielles prévues l’année prochaine. Si tous les acteurs politiques sont unanimes pour aller à ces élections, l’objectif d’un tel rendez-vous semble échapper à beaucoup.

En effet, pour certains maliens, il s’agit tout simplement de remplacer le président sortant par un autre, qu’importe la personnalité ou le passé de ce dernier. C’est justement là où apparaissent les différences de perception quant aux enjeux de ces élections à venir.

Les élections de 2012 ne doivent pas constituer une banale alternance au sommet de l’Etat, contrairement à ce que pensent ces citoyens maliens qui n’ont pas mesuré la portée du départ du président ATT.

Frantz Fanon ne cessait de répéter que chaque génération a une mission à accomplir, soit elle l’accomplit soit elle la trahit. Le président ATT appartient à une génération qui a parfaitement accompli sa mission, en mettant fin au régime d’une autre génération et en s’arrogeant le pouvoir d’Etat en 1991.
Le renversement du régime du général Moussa Traoré en 1991 est intervenu après un soulèvement populaire initié par la jeunesse estudiantine malienne. Le courage des jeunes, face à un régime militaire connu pour son enclin à réprimer toute contestation, a fini par convaincre les opposants politiques dont certains se trouvaient encore en France et les leaders syndicaux que le moment est venu de faire une alliance entre toutes les forces démocratiques pour renverser le président Moussa Traoré et instaurer le multipartisme démocratique.

Les militaires maliens, qui sont avant tout des patriotes, ont compris qu’il était temps de respecter la volonté du peuple malien, de mettre fin à la répression qui a fait plusieurs victimes et de renverser le régime. Ils ont parfaitement accompli cette mission dans la nuit du 25 au 26 mars 1991 et ont choisi le lieutenant –colonel Amadou Toumani Touré (ATT) comme porte-parole. Ainsi le président ATT venait d’ouvrir la voie aux affaires de l’Etat, à toute une génération qui est aussi la sienne, leur moyenne d’âge était de 40 ans. 

En juin 1992, après huit mois à la tête de l’Etat, le président ATT passe le témoin au tout nouveau président démocratiquement élu, S.E. Alpha Oumar Konaré. En 2002, à l’issue de 10 ans de pouvoir, S.E. Alpha Oumar Konaré est succédé par le président ATT qui a gagné les élections. De 2002 à 2012, ATT restera au pouvoir.

Nous venons de fêter le 26 mars dernier le vingtième anniversaire de l’instauration de la démocratie au Mali. Ceci pour dire que la génération qui a pris le pouvoir en 1991 est encore aux affaires. Elle a donc conservé le pouvoir au Mali pendant plus de 20 ans. C’est là où se situe l’enjeu principal de la succession du président ATT : le passage de témoin d’une génération à une autre.
La jeunesse malienne qui s’est battue en 1991 n’avait pas l’âge de gouverner. Les aînés ont pris le pouvoir avec le soutien massif des jeunes et l’ont conservé 20 ans durant, le moment n’est-il pas venu qu’ils soient reconnaissants envers cette jeunesse qui a aussi une moyenne d’âge de 40 ans aujourd’hui en lui laissant sa chance de gouverner à son tour le Mali ?

Voici la principale interrogation qui doit être posée aux électeurs et au peuple malien en 2012.

Depuis l’indépendance du Mali en 1960, chaque génération qui a pris le pouvoir avait une moyenne d’âge entre 30 et 40 ans. Aujourd’hui une génération qui a pris le pouvoir dans les mêmes conditions, tente de le confisquer et d’empêcher la génération, qui a 40 ans, d’accéder au pouvoir. Pourtant, lors du lancement des travaux de construction du monument du cinquantenaire, le président ATT a expliqué que cette œuvre symbolisait le passage de témoin d’une génération à une autre, autrement dit sa génération a fait son temps et de son mieux pour le Mali, le moment est venu de passer le témoin à la génération suivante.

Les leaders politiques qui ont occupé la scène ainsi que les principaux postes de responsabilité au sein de l’Etat pendant 20 ans aux côtés des présidents Alpha Oumar Konaré et ATT doivent être raisonnables et prendre exemple sur les grandes démocraties du monde qui ont cette capacité à renouveler leurs classes politiques dans une facilité déconcertante. Justement c’est cette capacité à injecter constamment du sang neuf dans la gouvernance qui fait la grandeur de ces démocraties.
En 2012, le Mali doit avoir un nouveau visage, un visage jeune, un visage qui symbolise le renouveau. L’alternance en 2012 ne sera pas la succession du président ATT par un leader connu depuis 1991, qui a participé à la gestion du pays ces 20 dernières années, mais plutôt par l’émergence d’une génération qui a aussi hâte d’apporter sa petite pierre à la construction d’un Mali fort et démocratique.

Le Mali de demain doit être capable de se débarrasser de ce système de corruption et de clientélisme qui a miné tout son tissu social et qui a permis à certains leaders politiques de s’enrichir et de se hisser à leur niveau actuel jusqu’à prétendre à la succession du président ATT au sommet de l’Etat.


Le Mali est aujourd’hui confronté à de graves problèmes comme : la corruption généralisée, l’insécurité au Nord du pays, l’effritement de l’école, la baisse du pouvoir d’achat… Les candidats déclarés aux élections présidentielles de 2012 sont responsables de cette situation dramatique que traverse notre pays, car, depuis 20 ans, ils sont aux affaires. Comment peut-on les laisser continuer alors qu’ils n’apporteront aucune solution à nos problèmes ?
Le peuple malien doit-il assister impassible face à cette confiscation du pouvoir par une génération qui s’est enrichie pendant 20 ans d’exercice du pouvoir et qui occupe tous les postes clés de l’Etat ?

Je lance un appel à tous les jeunes, aux hommes et aux femmes de tous les partis politiques maliens à s’unir au sein d’une Coalition citoyenne pour défendre les intérêts du Mali et faire échec à cette tentative de confiscation du pouvoir de la part de nos aînés.  Je suis prêt à mener ce combat pour le changement avec les femmes et les hommes de tous les partis politiques, avec tous les citoyens maliens  qui estiment que le moment est venu de passer le flambeau à d’autres fils du pays pour faire face aux fléaux qui minent notre société. Il est temps de passer la main et le Président ATT, qui est le père de cette démocratie, doit tout faire pour remettre le pouvoir à cette jeunesse qui l’a applaudi et accueilli avec joie le matin d’un certain 26 mars 1991. Ce ne serait que justice.

Maître Tidiani GUINDO
Docteur en Droit – Economiste
Avocat, Président de la Plateforme Coalition Citoyenne

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