Présidentielle de 2012 : Les armes secrètes de Dioncounda

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Les candidats à la prochaine élection présidentielle se font de plus en plus connaître. N’évoquons pas les chances et les qualités (bonnes et mauvaises) des prétendants à la plus haute fonction élective de l’Etat. Mais d’ores et déjà, l’opinion a appris que les sieurs Dioncounda Traoré, Ibrahim B. Keita, Soumaila Cissé, Zoumana Sacko, Oumar Mariko et Modibo Sidibé ambitionnent, chacun de son côté, de devenir le futur président de la République du Mali. La déclaration officielle de la candidature des  hommes ainsi désignés n’est plus qu’une question de date conformément aux prescriptions de la loi. Entre-temps, les prétendants donnent l’impression d’être à présent en campagnes électorales comme s’ils oublient qu’il ne s’agit nullement d’une course de vitesse.

 

            La candidature très certaine du professeur Dioncounda Traoré retient l’attention des observateurs de la scène politique. Avec l’actuel président de l’Assemblée nationale, ceux qui ont pris l’habitude de pronostiquer en faveur de prétendues "grosses pointures" pourraient se méprendre sur leurs analyses. En fait, rien ne prédestinait M. Traoré à une telle ambition. L’on pensait plutôt que Dioncounda Traoré se contentait de son poste de président de son parti qu’il occupe depuis la démission d’Ibrahim Boubacar Keita. C’était certainement sans compter avec la patience de l’homme et la pédagogie politique dont il est devenu subitement un maître. Il est vrai que de membre du comité exécutif de son parti crédité d’une image plutôt terne, Dioncounda a fini par convaincre sa famille politique par des ressources insoupçonnées. Sans jamais chercher à nier l’évidence des crises à connaître par l’ADEMA, son président a très souvent eu le courage d’asséner quelques vérités vertes et velues à ses compagnons tout en rapprochant les points de vue. C’est arrivé avec les différents scrutins auxquels le parti a pris part de 2002 à 2007. Dioncounda est aussi l’artisan du retour des démissionnaires du parti qui, manquant certainement de conviction politique réelle, voulaient se faire une nouvelle virginité ailleurs.

 

            En somme, il est l’homme politique qui a préservé le PASJ d’une mort politique savamment programmée par le président Alpha Oumar Konaré. Son élection à la présidence de l’Assemblée nationale aura beaucoup contribué à forger sa maturité d’homme politique. La preuve de cette allégation est donnée par le consensus qu’il a créé – pour l’instant au moins – sur le choix d’un seul candidat sous les couleurs de l’ADEMA. C’est donc cet homme qui risque de compromettre la chance des autres candidats à la prochaine élection présidentielle. Conscient qu’un pas important a été franchi dans ce sens avec son investiture officielle par son parti, Dioncounda veut aussi jouer avec la force des mots. Son récent passage à la télévision nationale qui organisait un débat sur le code de la famille et de la tutelle illustre parfaitement l’offensive de charme verbal pour lequel il a opté. D’ailleurs, nous ne risquons pas de nous tromper en disant que ceux des leaders religieux qui l’avaient trainé dans la boue, à cause du code, en sont à regretter leurs actes.

 

            Car, s’il est aujourd’hui un seul homme, sur l’échiquier politique, à se soucier d’un code consensuel au mieux des intérêts des musulmans, c’est bien Dioncounda Traoré. Lui qui a réussi là où son "jeune" frère Ibrahim Boubacar Keita a échoué non seulement à la tête de l’ADEMA, mais aussi par l’occupation du terrain politique.

Abdoulaye Ladji GUINDO

 

 

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