Les primaires du Parti Socialiste (PS) en France ont consacré la victoire du « très discret » François Hollande sur son adversaire du deuxième tour, Martine Aubry. Modibo Sidibé, ancien Premier ministre, partage la même discrétion que le candidat du PS. Mais il n’aura pas à passer par le même exercice redoutable pour briguer la plus haute charge de l’Etat, s’il veut devenir candidat. Il suffit qu’il en manifeste la volonté.
Les observateurs de l’actualité politique, les fans de Modibo Sidibé dont les clubs de soutien ne cessent d’augmenter, attendent de voir l’ex Premier ministre annoncer officiellement sa candidature à la présidentielle du 29 avril prochain. Sera t-il dans les starting-blocks pour ces futures joutes électorales ? Le temps apportera la réponse à cette question. D’ores et déjà, on est tenté de croire qu’il est plus que probable candidat au regard de l’offensive de charme qu’il mène auprès des notabilités de Bamako. Sur une éventuelle candidature de l’ancien Premier ministre, chacun va de son petit commentaire. Lui même doit maintenant trancher pour dissiper les doutes et rassurer ses fans qui veulent avoir le cœur net sur la position de leur champion. Ils entendent se mobiliser pour l’accompagner dans sa quête du pouvoir.
Pour Modibo Sidibé, le temps presse (l’expression n’est pas galvaudée). S’il veut être candidat à la présidentielle, l’enfant du Badialan doit révéler ses intentions. Ceci permettra à ses multiples soutiens de continuer le travail de sape entrepris depuis quelque temps.
Cadre compétent et honnête, Modibo Sidibé passe pour être une brillante intelligence. L’homme ne traîne pas de casseroles et aucun soupçon de corruption ou de malversations de deniers publics ne pèse sur lui. Pourtant, Dieu sait qu’il a assumé de grandes charges dans ce pays. Du ministère de la Santé, à la Primature, en passant par le ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale et le Secrétariat général de la Présidence, le peulh s’est toujours illustré par ses compétences. Les résultats engrangés, à ces niveaux de responsabilité, lui valent aujourd’hui l’estime de ses compatriotes et de la diaspora malienne dans d’autres pays africains, européens, américains et asiatiques, entre autres.
Humble au point de paraître totalement effacé, Modibo Sidibé ne fait pas la chasse à la gloire. Il travaille pour être simplement jugé aux résultats. L’ancien chef du gouvernement désarme facilement par son flegme. Mêmes ses détracteurs lui reconnaissent cette force à garder son sang-froid en toutes circonstances. Il jouit d’une réputation d’homme discret. Dans la tradition africaine en général et malienne en particulier, les hommes qui savent tenir leur langue, sont dignes de confiance. Parce que ces gens-là, même dans la colère et l’indignation, font toujours preuve de sagesse et de responsabilité. Modibo Sidibé séduit par le verbe, sa vision, et impose le respect par son comportement. On peut ne pas l’aimer, même le prophète Mahomet PSL—, n’a pas fait l’unanimité, mais il reste un grand homme d’Etat. Il horripile ses plus terribles adversaires par son savoir être et son savoir vivre. Jamais un ton au dessus, jamais une réaction dans la démesure. Toujours des arguments pour convaincre.
« Beau gosse », il est victime de la jalousie des aigris pour être né sous une bonne étoile. Il a eu aussi la chance de faire partie d’une fratrie « d’intello » à qui le pays a très souvent donné le beau rôle. On cite volontiers le cas de sa sœur Oumou Louise Sidibé, ancien ministre de la Santé et de leur frère aîné, le défunt Mandé Sidibé. Celui-ci a été aussi Premier ministre de Alpha Oumar Konaré. L’ancien chef de l’exécutif est aussi connu pour son acharnement dans le travail. Au plan international, il peut se prévaloir d’une belle carte de visite et reste un modèle pour bien de partenaires techniques et financiers.
Ses détracteurs l’accusent de manquer de vision mais surtout d’avoir échoué à la Primature. Il s’emploie à faire taire ses critiques, parfois mal à propos, par la preuve de son dévouement à la patrie. Il doit poursuivre dans cette cohérence bien appréciée.
Au delà de ses atouts réels, il y a nécessité pour l’officier général de police qu’il est, de s’entourer d’une bonne équipe de professionnels de la politique et de la communication pour peaufiner ses stratégies lorsqu’il sera candidat. Il doit se préparer à endurer des attaques de la part des militants des autres partis politiques. Pour avoir été à l’école de Alpha Oumar Konaré, son mentor et ancien président de la République de 1992 à 2002, on a moins de soucis à se faire pour lui. Même s’il n’a pas les mêmes capacités d’encaisser que l’ancien locataire de Koulouba, il a beaucoup appris dans son sillage.
L’attaque de notre article par les primaires du PS, n’est pas fortuite. Les empoignades politiques à ce niveau se sont déroulées dans la plus grande civilité, même s’il y a eu parfois des piques et des petites phrases assassines de Martine Aubry contre son adversaire. Dans notre pays, nous n’avons pas cette maturité politique. Des adversaires politiques n’hésitent pas à fouler au pied des valeurs démocratiques, notamment, le respect de l’opinion de l’autre et de la dignité humaine, même dans l’adversité politique. Au journal « Le Pouce », nous n’avons pas la prétention de nous ériger en donneur de leçon. Mais nous avons le devoir de souhaiter le même climat politique apaisé au sein de nos formations politiques pour les futures joutes électorales. Seuls les arguments des programmes ou projets de société des candidats doivent prévaloir et dans les bonnes convenances. Pour qui connaît la mentalité des militants de nos partis politiques, certains boxeront probablement en dessous de la ceinture. Cette appréhension, nous pousse à demander de la retenue, mêmes dans les plus farouches oppositions.
Youma