Présidentielle de 2012 : Des ministres très amers, ATT pris à partie

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Lors du dernier remaniement ministériel, le président de la République Amadou Toumani a écarté du gouvernement les ministres qui avaient, selon lui, des ambitions présidentielles. Pour beaucoup de ministres, cette décision est discriminatoire. Elle intervient alors que des présidents de certaines institutions de la République font la pluie et le bon temps avec l’argent du contribuable malien utilisé pour organiser des voyages dorés à travers le Mali et le monde. Et ATT lui, brille par une complicité passive en fermant les yeux face à cette situation. Le plus souvent, c’est le nom de Jeamille Bittar, président du Conseil Economique Social et Culturel et celui de Dioncounda Traoré président de l’Assemblée Nationale qui sont cités comme exemple d’utilisation de l’argent public à des fins électives. Ce manège d’ATT n’est passé inaperçu au sein de la classe politique, lui qui veut être perçu comme monsieur propre.

L’usage d’un pouvoir illimité peut menacer l’équilibre psychique. Cette phrase traduit bien le dicton célèbre selon lequel le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou. Ainsi, on a vu de 1936 à 1938, Staline alors président de l’ex-URSS fabriquer de toutes pièces des complots imaginaires comme par exemple celui reproché au Maréchal Toukhatchevski. Le rapport établi par Khrouchev montre un président (Staline) maladivement soupçonneux, capable de fixer son adversaire et lui dire : « pourquoi votre regard est-il sournois aujourd’hui ? ». Lorsque cette folie du pouvoir se transforme en passion du pouvoir, le président en exercice pense alors qu’il est indispensable, que c’est lui le sauveur ou le chaos, que c’est lui qui s’identifie au bonheur du peuple. Alors il réprime moralement, modifie les textes, devient de plus en plus dangereux pour l’équilibre du pays.

Au Mali actuellement, le régime est ultra personnalisé. Le Prince du jour dirige, commande et ordonne sans forcément écouter. Dans certains cas, le pourvoir est banalisé. Dans l’exercice du pouvoir, le vrai problème, c’est qu’un ministre est considéré plus comme un subordonné qu’un collaborateur du Premier ministre ou du chef de l’Etat. Il a les mains liées, donc taillable et malléable à merci. En privant un ministre de briguer la magistrature suprême, ATT a d’abord contribué à diviser le PDES puisque Ahmed Diane Séméga ferait un candidat consensuel à la différence de Bittar ou Ahmed Sow dont la probable candidature est contestée au sein de leur formation politique. Cette décision d’ATT a t-elle pour but d’éviter l’utilisation des moyens de l’Etat dans la campagne présidentielle ? Nous en doutons. Cela est d’autant plus plausible que des présidents d’institutions voyagent aux frais de l’Etat et battent campagne en leurs noms. Mieux, ils utilisent l’argent du contribuable pour des pérégrinations dorées dans des hôtels luxurieux. Preuve que la décision d’écarter les ministres de l’attelage gouvernemental était malveillante car certains d’entre eux n’avaient pas d’ambition pour la présidentielle à venir. Si Bittar est pointé du doigt comme président d’une institution étatique à abattre, il n’en demeure pas moins que le cas Dioncounda Traoré mérite réflexion, lui qui a un fonds de souveraineté de 25 millions de FCFA par mois. Faut-il conclure qu’ils sont plus favorisés que les autres candidats pour l’échéance électorale à venir ?

Des ministres s’en sont récemment pris à ATT dans la plus grande clandestinité estimant qu’il les empêche d’être candidat ou limite leur marge de manoeuvre. Pis, ceux qui ont été écartés du gouvernement pensent qu’ils lui ont tout donné et qu’ils ont été « méchamment » débarqués. Reste à savoir que ATT n’a pas d’ami politique et qu’il préserve seulement ses intérêts.

Issa Sissoko, enseignant à Faladiè

 

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