Présidentielle 2012 : Modibo Sidibé candidat ?

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Le Mali est devenu un pays atypique en matière de démocratie sous le général Amadou Toumani Touré. Après le fameux discours de la Baule en 1990 sur le multipartisme en Afrique, les premiers présidents démocratiquement élus étaient soit des militaires transformés démocrates soit des professeurs d’université. Après deux décennies d’exercice démocratique, les gendarmes du monde (FMI, Banque mondiale) veulent placer leur pion à la tête des Etats Africains.

Le Bénin, comme d’habitude, donne toujours l’exemple aux autres pays africains. Il vient de réélire son président, un banquier. La Côte d’Ivoire a suivi. Et le Mali ne tardera pas à emboîter le pas. Un militaire peut-il exécuter des ordres venant d’un policier ? Ce serait une première, en Afrique qu’un Premier ministre limogé puisse par voie des urnes se faire élire président.

La candidature de l’ancien Premier ministre malien se précise au fil du temps. La toute récente illustration est la création de l’Association (AFDN) Fasoden Nyuma pour la candidature de Modibo Sidibé en 2012.

L’inspecteur général de police va-t-il mouiller le maillot en 2012 contre une kyrielle de candidats à l’élection présidentielle ? Rien n’est encore sûr. Cependant, les amis de Jimmy le flic ne tarissent pas d’éloges et de mise en scène. Ses courtisans sont déjà  en activité afin d e motiver leur candidat à tronquer son béret et ses galons d’inspecteur général de police contre la veste et le boubou de démocrate.

Modibo Sidibé, porteur d’uniforme, doit se soumettre à certaines obligations de la loi électorale. La loi électorale n°97-008 du 14 janvier modifiée par la loi n°02-007 du 12 février 2002 portant loi organique électorale stipule en son article 143 : «Tout membre des forces armées ou de sécurité qui désire être candidat aux fonctions de président de la République doit démissionner six mois avant l’ouverture du scrutin».

Donc, l’inspecteur général de police doit se soumettre à cette obligation de la loi électorale. Rappelons que de 2002 à 2007, le général Amadou Toumani Touré n’a pas respecté la règle et malheureusement la Cour constitutionnelle a violé cette disposition de la loi électorale pour le porter candidat à la présidentielle en 2002 avec la complicité évidente du président sortant Alpha Oumar Konaré.
A l’époque, cette candidature du général ATT a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les dispositions de l’article 31 de la loi n°97-010 du 11 février 1997 ayant été modifiées par la loi n°2-11 du 5 mars 2002, la Cour constitutionnelle a préféré donner un arrêt de principe. Mais en 2007, pour son second mandat, le problème de démission ou de retraite de l’armée restait entier.

Cependant, la classe politique dans toute sa composante n’a pas réagi et cela sans surprise, car elle avait, tout au long de ce premier mandant, soutenu «sans condition» toutes ses actions. Ce qui aurait été politiquement possible en 2002 le serait-il  en 2012 ?

Parce que la France «Chiraquienne» était entrée dans la danse en imposant aux Maliens «le général ver de Guinée» comme président de la République. La Cour constitutionnelle, s’abritant derrière le décret n° 01-041/P-RM du 20 septembre 2001 du président Alpha Oumar Konaré, a déclaré que Amadou Toumani Touré a été admis à la retraite sur sa propre demande. Dans tous les cas, attendons de voir la jeune et nouvelle classe politique avaler la couleuvre car  depuis le 28 octobre 2009, le  communiqué du conseil des ministres incite à la réflexion.

Au chapitre des mesures législatives, sur présentation du ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le conseil des ministres a adopté un projet de loi portant statut des fonctionnaires de la Police. Les fonctionnaires de la Police nationale sont actuellement régis par la loi n°02-056 du 16 décembre 2002 qui, à la pratique, aurait révélé des insuffisances dans la protection du fonctionnaire de police dans l’exercice de ses fonctions, des lacunes préjudiciables au déroulement normal de la carrière du fonctionnaire de police. Ce sera à travers  ces mesures que Modibo Sidibé tisse sa toile pour la conquête de Koulouba en 2012. Il faut se rappeler qu’ATT avait emprunté la même voie en 2002 pour se hisser au  pouvoir.

Les thuriféraires bien argumentés  de Faso den Nyuma soutiennent sans ambages que la police a été démilitarisée par Alpha Oumar Konaré. Quant au général Amadou Toumani Touré, il aurait déjà balisé le terrain en nommant un de ses proches  à la tête de la Cour constitutionnelle, gendarme des élections. «Au Mali, dit-on, les juges se servent du droit pour tuer le droit».
Safounè KOUMBA

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