Présidentielle 2012 : Soumaïla Cissé, l’international de l’étape

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JA – Soumaïla Cissé est le fondateur de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et fait partie des candidats favoris pour succéder au président du Mali, Amadou Toumani Touré.

Natif de Niafunké, dans la région de Tombouctou, Soumaïla Cissé est un technocrate accompli. Après de brillantes études en France, il décroche un diplôme d’ingénieur en informatique, travaille dans de grands groupes mondiaux (IBM, Pechiney) avant de revenir au Mali en 1984. Il a alors 45 ans et intègre le joyau de l’économie nationale : la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), qui gère la fort rentable filière cotonnière.

Discrètement, le gestionnaire se met au service de la révolution qui se prépare. Il rédige documents et tracts contre le régime de Moussa Traoré, élabore le programme économique de l’Adema quand l’association devient parti politique. Après la révolution, il est nommé secrétaire général du gouvernement avant de devenir grand argentier du pays. En 2002, il obtient l’investiture de l’Adema pour succéder à Alpha Oumar Konaré. Mais les dés sont pipés : une partie de l’Adema le trahit et soutient son concurrent ATT, l’indépendant. Cela ne l’empêche pas de contraindre ce dernier à un second tour où il parvient à réunir 34,99 % des suffrages.

« Champion Soumi ». Fort de ce résultat et désappointé par l’attitude de son parti, il crée sa propre formation : l’Union pour la République et la démocratie (URD). Dans la foulée, il est nommé commissaire au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et élu, en 2004, à la présidence de la Commission de l’UEMOA.

Depuis Ouagadougou (siège de ­l’UEMOA), Soumaïla Cissé enregistre avec satisfaction le triomphe de l’URD, qui devient la deuxième force politique avec des centaines de conseillers municipaux et 34 députés élus (sur 147) lors des législatives de juillet 2007. Pendant ce temps-là, il peaufine son carnet d’adresses, étoffe son réseau en matière de stratégie de développement et d’intégration régionale. Une expérience qui nourrit le destin national auquel il aspire.

Son second mandat à la tête de ­l’UEMOA s’achève en janvier 2011. Le timing parfait pour se consacrer au scrutin de 2012. Mais il y a un contretemps. Les chefs d’État de l’Union n’arrivent pas à s’entendre sur le nom et la nationalité de son successeur. Le mandat de Soumaïla Cissé est prorogé de trois mois, puis de six. Finalement, il annonce début septembre qu’il ne peut plus assurer la présidence et quitte Ouaga le 15. Trois jours plus tard, il est investi comme candidat à la présidentielle par l’URD.

A priori, la logique arithmétique (et les inclinaisons) voudrait que Soumaïla Cissé, 62 ans, soit le mieux soutenu pour le cas où il se maintiendrait au second tour de scrutin, la plupart de ses militants estimant pour le moment que la présence d’un candidat de l’Adema exclut toute idée de victoire dès le premier tour. Tout dépendra donc, le cas échéant, des négociations entre les deux tours.

Autre souci : le choix du directeur de campagne. En 2002, c’est Sy Kadiatou Sow, la dame de fer de l’Alliance, qui avait admirablement bien coordonné l’action de l’équipe de Soumaïla Cissé. Elle avait ensuite refusé d’abandonner le navire Adema pour le rejoindre à l’URD. Pour 2012, il est probable que Soumaïla Cissé fasse confiance à Younoussi Touré, l’ancien Premier ministre qui a si bien gardé la maison URD durant l’absence du « champion Soumi » – doux surnom donné à Cissé par ses militants.

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Cherif Ouazani, envoyé spécial de Jeune Afrique à Bamako – 14 octobre 2011

 

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