Cet épilogue, qui survient après une longue attente, met fin au suspense entretenu sur l’entrée en lice d’une formation qui, il y a peu, apparaissait à la plupart des observateurs, comme étant l’un des prétendants les plus sérieux au fauteuil présidentiel. Comment est – on arrivé au PDES à cette position et pourquoi, quels en sont les avantages et les inconvénients, et quelles perspectives se dessinent – elles pour le parti ?
Telles sont les questions que suscite au sein de l’opinion l’annonce faite le samedi 28 janvier sur les antennes de l’ORTM de la délibération du parti des amis d’ATT.
Décryptage d’une décision
Officiellement, le communiqué précité fait état des recommandations d’une commission de réflexion mise en place par le Comité Directeur National pour plancher sur la question de la participation du PDES à la prochaine élection présidentielle, commission qui s’est prononcée par la négative sur le sujet.
De fait, depuis plusieurs semaines, et malgré les résolutions prises par la Convention Nationale du 18 décembre 2012, l’analyse de la situation politique nationale et des intérêts particuliers du parti avaient conduit bon nombre de responsables du PDES à s’interroger ouvertement sur la pertinence d’une entrée dans la compétition présidentielle.
Ces ténors, dont le Président Séméga lui – même, estiment qu’il est plus urgent pour le parti de consolider son implantation d’abord et de concentrer les efforts à fournir sur les législatives.
Faire un tel choix aurait, à leurs yeux, un double avantage : faire l’économie des querelles autour de la candidature à la présidentielle et pour le leadership au sein du parti d’une part, et d’autre part conforter le Président de la République dans le rôle de stricte neutralité auquel il aspire à l’égard des élections prévues en 2012.
Pour les tenants de cette ligne, le PDES, qui s’est engagé à faire la politique autrement, ne devraient faire aucune fixation sur la présidentielle d’autant que pour eux un échec éventuel à ce scrutin pourrait durablement compromettre l’avenir du parti et la dynamique d’adhésion qu’il a suscitée dans le pays. Il faut croire que les arguments des défenseurs de cette ligne ont su convaincre les membres de la Commission de réflexion puisque c’est à une majorité écrasante de voix que cette ligne a triomphé.
Selon nos sources, seule une voix discordance se serait exprimée à l’issue de la rencontre.
Quels avantages, quels inconvénients ?
La décision prise par le PDES de faire l’impasse sur l’élection présidentielle n’est pas sans risques pour le Parti. En effet, elle pourrait provoquer le départ de ses rangs des responsables et militants persuadés que c’est la conquête de la Présidence de la République qui est la seule voie de salut pour un parti, mais aussi celui des partisans de Jeanmile Bitar.
Ce dernier est, on le sait, décidé à entrer en lice pour le scrutin, contre vents et marées ; il s’est d’ailleurs officiellement déclaré candidat lors d’une cérémonie tenue hier, dimanche, à l’Hôtel de l’Amitié. A ce risque non négligeable, il convient d’ajouter celui de la démobilisation des militants à la base, à moins que le PDES ne lance à leur intention une véritable campagne d’explication.
S’ils affichent une nette conscience de ces inconvénients potentiels, les responsables du PDES mettent volontiers en avant les avantages que présente pour le parti l’option prise. Il évoquent en premier lieu le fait que la décision prise permettra de conforter davantage la confiance de la classe politique dans le pilotage de l’élection présidentielle. A cela, ils ajoutent l’aTout que sera pour le parti la consolidation de sa cohésion interne et enfin ils soulignent les perspectives inhérentes au choix opéré.
Quelles perspectives ?
En analysant de près la nouvelle donne que représente la décision du PDES de ne pas présenter dE candidat à l’élection présidentielle d’avril 2012, on peut se rendre compte qu’en définitive le parti a fait preuve d’une grande maturité. La position atypique qu’il a adoptée face à cette importante échéance électorale peut paraître étonnante pour un parti qui compte en son sein des milliers de cadres, et pas des moindre, des leaders d’opinion et des opérateurs économiques importants. Elle dénote indiscutable d’un grand courage politique et d’un sens élevé des responsabilités, chose peu courante sur l’échiquier politique. Reste à savoir si cette décision ouvre des perspectives intéressantes pour le parti à court et moyen terme.
On peut, à court terme, tabler sur la possibilité pour le parti de nouer d’autant plus facilement des alliances politiques et électorales avec les autres grands partis de l’échiquier politique national. Rassurés par la décision souveraine d’un concurrent potentiel de ne pas entrer dans la course pour Koulouba, ils auront certainement à cœur d’avoir son soutien lors de la compétition et pourquoi pas, pour les législatives.
A moyen et long terme, on peut considérer que le PDES, en privilégiant le travail sur lui – même, c’est-à-dire sa cohésion et son implantation plûtot que de céder à la tentation du pouvoirisme, fait un pari intelligent et, en définitive, audacieux sur l’avenir.
Birama FALL