L’Adema originel a donné naissance à deux autres poids lourds de la scène politique malienne, chacun avec un nombre impressionnant de cadres politiques capables de former un gouvernement de combat pour diriger le Mali post ATT. Il s’agit du RPM, dont le leader incontesté est Ibrahim Boubacar Keita, et de l’URD de Soumaila CISSE. Pour rappel Dioncounda Traoré est le Président de l’ADEMA originel.
Pris individuellement, chacun des partis politiques peut prétendre hisser son candidat à la présidence du Mali en mai 2012. La bonne stratégie serait de reconstituer, à défaut du grand parti originel, une plateforme inclusive, et d’appeler successivement chacun d’eux à la Présidence du Mali. Un pacte en béton doit être établi entre eux de sorte que cette année 2012 voit arriver par consensus IBK à la présidence de la république, parce qu’il est le plus ancien dans le grade le plus élevé, pour parler comme les militaires. Il fut président du parti de l’Adema originel, président de l’assemblée nationale et Premier ministre avec Dioncounda Traoré et Soumaila Cissé comme ministres. Selon le pacte, il fera un seul mandat de 5ans non renouvelable. Dioncounda conservera l’Assemblée nationale ou la présidence du Sénat, si la réforme est adoptée. Soumaila Cissé prendra la primature durant tout le mandat par un gentleman agreement sans possibilité d’être démissionné par le Président de la république en exercice. Des réaménagements constitutionnels vont être nécessaires pour donner au PM de vrais pouvoirs pour conduire la politique du gouvernement. Pour le mandat suivant, ce sera au tour de Dioncounda d’occuper la présidence de la république pour 5 années non renouvelables Soumaila Cissé devra choisir de continuer à diriger la primature ou d’occuper la présidence de l’assemblée nationale. IBK va au Sénat ou prend sa retraite politique, ayant assumé successivement toutes les fonctions au niveau suprême.
Soumaila Cissé aura à peu près leur âge au bout de dix ans et pourra accomplir deux mandats de cinq ans, selon les dispositions du pacte, ou un seul mandat de 6 ans. Demander à Me Wade s’il n’éprouve pas du plaisir à diriger le Sénégal malgré son grand âge? De même, c’est après Bédié, Gueï et Gbagbo, qu’Alassane Ouattara est venu au pouvoir. Manifestement, il ne boude pas son plaisir.
Ainsi, l’Adema originel pourra se reconstituer et ce sera une grande force politique qui pourra imprimer au Mali son empreinte en faisant de ce pays séculaire, un havre de paix, de croissance et de stabilité dans la sous-région. Les défis sont nombreux, un parti fort, des institutions fortes et démocratiques sont la clé du succès. Ce qui va se passer au Mali, si ce schéma est adopté, ressemblera à ce qui se passe dans les vielles démocraties du monde dans lesquelles aucun indépendant n’a jamais pris le pouvoir. A l’intérieur d’un grand parti se forment les générations d’élites qui assureront la relève du leadership comme aux USA, en France, au Japon et même en Chine où le parti communiste chinois organise l’alternance au pouvoir en son sein.
Cette option dans la gouvernance politique va se traduire par un regroupement des autres forces politiques en blocs homogènes pour contrebalancer l’influence de l’Adema qui porterait si bien son nom. On verra disparaitre les partis alimentaires au profit de véritables partis porteurs d’un projet de société pour le Mali. En face de l’Adema où les leaders sont vieillissants, doit apparaitre une fusion de formations politiques qui doivent inscrire leurs actions dans la durée pour avoir une chance de faire jouer l’alternance au pouvoir. Une réforme de la constitution pourrait ramener le nombre de partis politiques au nombre de trois maximum en vue de réunir sur une décennie une force d’opposition crédible. De cette façon, on créera une dynamique de regroupement des forces au lieu de la dispersion autorisée par le multipartisme intégral. Les grands partis verront arriver des élites avec des sensibilités différentes. Elles constitueront des courants à l’intérieur de la même formation.
Une réforme de la constitution va être nécessaire pour prendre en compte le fait que le choix du Pm revient au parti majoritaire quel que soit celui qui occupe la Présidence de la République qui devra être ouverte a tous les Maliens quel que soit leur origine ou nationalité. La politique ne doit pas exclure tout Malien de la fonction suprême, pourvu qu’il ait la capacité de conduire les destinées de la nation.
Un équilibre des pouvoirs doit être maintenu entre les institutions pour gommer l’hyper présidentialisation du régime. L’Adema sera bien inspiré de coupler l’ensemble des élections pour en réduire les charges au prochain renouvellement et mettre en place un système de suppléance des députés et autres sénateurs. Le système électoral malien devra être simplifié par des scrutins à un seul tour et on doit ramener le mandat à 6 ans non renouvelable de manière à faire jouer l’alternance au pouvoir.
Birama FALL