Présidentielle 2012: Le PDES rattrapé par son amateurisme politique

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Si un parti rame à contre-courant de la pré campagne présidentielle, c’est bien sûr le Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES). Pris en otage par deux grands inconnus propulsés au devant de la scène politique pour leurs relations avec le candidat indépendant d’alors Att, le Pdes navigue à vue pour hériter de Att le pouvoir à lui transmis par une alliance de formations politiques et associations de soutien.  Le premier acte fut d’ouvrir un combat à l’interne, et comme il fallait s’y attendre les tireurs reçoivent à la face leur bombe. Où trouver un remède ?

                Le Pdes est né, on peut maintenant s’en rendre compte, pour baliser le chantier d’un troisième mandat pour le Président sortant. Echec et mât, car à la déconvenue des candidats du mouvement citoyen aux élections législatives et surtout aux communales, viendra s’ajouter l’échec de toutes les tentatives à modifier conséquemment la Constitution ou à prolonger le mandat en cours. Sans assise politique solide, en l’absence de Att, comment faire en sorte que l’avenir ne soit pas compromis ? Comment dormir avec le dossier du thé d’une part et d’autre part celui de l’OCDE sur le dos ? Il faut l’un ou l’autre de ces deux malpropres à Koulouba, estimeraient-ils. Et qui ont pour noms Ahmed Diané Séméga et Hamed Sow. Avant Att qui les a nommés au gouvernement, ils n’étaient connus de personne au Mali et n’ont posé aucun acte digne d’un futur candidat. A peine pouvaient-ils prétendre à être maire de quelque circonscription électorale que ce soit au Mali. C’est ce qui explique l’implication de la direction du parti dans le lancement, le 27 novembre dernier au CICB, de l’Association jeunesse citoyenne et responsable (AJCR), un mouvement politique de soutien à la candidature du président d’honneur du PDES, Hamed Sow. Ce qui ne fut pas le cas pour l’Union des Mouvements et Association pour le Mali (UMAM), cet autre mouvement politique de soutien à la candidature du premier vice-président du parti, Jeamille Bittar. Pis, la direction du parti a déclenché une guerre sans merci contre Bittar parce qu’il a parrainé une association politique lui  demandant de se présenter à la présidentielle de 2012.

                Cette politique de deux poids deux mesures dénote de l’amateurisme du parti qui a tardé à annoncer cette candidature, sachant que le Président du parti est forclos par sa présence au gouvernement et de ce fait son suivant immédiat devient le candidat naturel du parti. Surtout qu’il ne revient pas à un président d’honneur en disgrâce de se porter en concurrent des responsables actifs. D’ailleurs, la direction du parti devait déclencher une procédure disciplinaire contre les initiateurs de l’AJCR et son parrain Hamed Sow. Comme ce fut le cas avec l’Union des Mouvements et Associations  pour le Mali (UMAM), association politique de soutien à la candidature de Jeamille Bittar.

                L’on comprend dès lors l’amateurisme de ceux qui se prennent au Pdes pour les maîtres des lieux. Car ils devraient plutôt garder le profil bas, profiter de la candidature de Jeamille Bittar afin d’éviter le déshonneur qui les attend, car ils n’ont ni l’audience, ni le leadership, ni l’intelligence du jeune Bittar mais qui a plus d’expérience des élections et plus de capacité de mobilisation. Quoi qu’il en soit, Bittar tirera son épingle du jeu, avec ou sans le portefeuille présidentiel, car l’éventuel président comptera avec lui et l’ensemble de ses amis. Ce qui n’est pas le cas pour ses adversaires du jour.

                Parlons de la candidature de Hamed Sow, que les caciques du Pdes soutiennent au détriment de celle de Bittar candidat naturel comme expliqué plus haut. En fait, la candidature de Sow est sortie de nulle part, sans congrès, sans commission d’investiture car les militants à travers l’UMAM ont vite fait de dévoiler leur choix porté sur l’enfant de San. Ce qui tuait dans l’oeuf le complot ourdi contre le peuple Pdes : observer un silence coupable sous prétexte qu’on attend le mot d’ordre d’Att, pour prendre alibi à la dernière minute du manque de temps et sortir la candidature illégitime d’un cadre discrédité. Et d’ailleurs à propos de ce mot d’ordre d’Att qui était sur toutes les lèvres au Pdes, doit-on comprendre qu’il est lancé et favorable à Hamed Sow ? Att a-t-il enfin choisi un dauphin qui n’est ni Modibo Sidibé longtemps annoncé comme tel, ni Dioncounda Traoré qui aurait un deal avec lui, ni Soumaïla Cissé son frère et compagnon de campagne en 2007 ? L’arbitre serait-il partisan ? Aux caciques du Pdes de répondre. Aussi, eux qui ne savent rien faire sans Att, qu’adviendra-t-il du Mali sous leur emprise sans Att ? Et qui leur a dit que les Maliens font confiance à un Hamed Sow dont on sait les déboires avec l’OCDE ? Il faut savoir raison garder.

                En tout cas, selon les informations qui circulent, le 11 décembre prochain se tiendra le meeting de lancement de l’UMAM à San. Malgré les consignes de ses vrais faux amis. Ce serait comme dit l’adage : malgré les aboiements des chiens, la caravane passe. Et Hamed Sow n’aura vu que le début du commencement. Lorsqu’il sera en campagne (à un simple débat) face à des candidats comme le baroudeur Oumar Mariko, le rigoureux Soumana Sako, le fonceur Ibk, pourquoi pas son ancien patron Djibril Tangara (désormais avec Soumi), alors il sentira des étincelles dans son champ visuel.

                Bref, la candidature à la présidentielle n’est plus une affaire sérieuse au Mali. C’est pourquoi ceux tombés en disgrâce peuvent eux aussi se permettre de venir grossir les rangs. Mais le Mali n’est pas une porcherie et Hamed Sow ne trouvera le salut qu’en retirant sa candidature « à problème » pour nous épargner de la colère de l’OCDE. Wait and see !

Mamadou DABO

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