La candidature de l’ancien locataire de la Maison du Peuple, Modibo Sidibé, à la prochaine élection présidentielle, suscite à la fois au sein de l’opinion et de la classe politique, quelques inquiétudes et interrogations.
Modibo Sidibé dont la galaxie se met petit à petit en place, aura-t-il vraiment du temps devant lui pour devenir le cinquième président de notre pays ? Pour les partisans de la théorie de l’origine du pouvoir, la réponse à cette question appartient à Dieu. Et à Lui Seul. Par contre, pour les tenants de l’essence populaire du pouvoir, c’est le peuple qui détient la réponse. Tout comme la réponse à cette interrogation : Comment transformer ce long passage dans l’attelage gouvernemental en capitale de sympathie ? La candidature à l’élection présidentielle de 2012 de cet homme ‘’énigmatique’’ suscite à la fois au sein de l’opinion et de la classe politique, inquiétudes et interrogations. Mais au fond, Modibo qui a toujours su tracer avec intelligence son sillon dans l’ombre du général ATT ne doit pas croiser les doigts. L’ancien inspecteur général de police doit investir le terrain, décidé d’aller au charbon, de marcher sous le soleil. De l’avis de nombreux observateurs, les clubs et autres mouvements de soutien ne constituent pas une force politique véritablement organisée pour permettre à l’ancien secrétaire général de la présidence de la République d’arpenter la Colline de Koulouba. Sans doute face à l’Adema, l’Urd, le Rpm, des forces politiques structurées, les clubs de soutien pourraient difficilement tenir le cap dans une course qui se prépare dans le temps et l’espace. Et cela, malgré la volonté, la bonne foi et l’engagement de ses animateurs. A l’heure actuelle, Modibo Sidibé doit prouver à travers une large concertation avec des partis, y compris des grands, sa large capacité de rassemblement.
Des erreurs à éviter !
Dans un contexte politique marqué par une ‘’indépendantphobie’’, ce serait une grosse erreur pour Modibo Sidibé d’essayer d’aller en indépendant car il n’a pas le même parcours, ni la même chance qu’ATT. Général issu des rangs des forces armées et de sécurité, a réussi la prouesse de se faire élire en indépendant en 2002 et 2007. Ce qui fait de lui, une exception. ATT, nous confie un observateur averti de la scène politique, ne veut même pas qu’il y ait une autre exception en dehors de lui. Au-delà de cet aspect, il y a la méfiance d’une certaine classe politique. Lors du 20ème anniversaire de l’Adema, l’honorable Dioncounda Traoré a eu à glisser cette petite phrase qui en dit long sur la détermination des leaders politiques de barrer la route à un indépendant : ‘’Après ATT, si un indépendant pense qu’il va venir au pouvoir, il se leurre’’, avait dit le premier responsable de l’Adema. Ainsi, les forces politiques, supposées mieux organisées, ne lâcheront rien au profit d’un indépendant qui compte profiter de cette lourde atmosphère de fragmentation ou de désintégration d’un paysage politique peuplé de partis fantômes.Aussi, craint-on une reproduction intelligente du scénario de 2002 qui a vu le plus grand parti se saborder pour soutenir discrètement la candidature du général ATT. Malgré leur soutien affiché au candidat investi du parti, on soupçonne de nombreuses grandes abeilles de s’extirper de la ruche pour voler vers le camp de Modibo Sidibé. Le climat d’incertitude n’épargne pas l’Urd de Soumaïla Cissé. Le salut de l’ex-premier ministre pourrait venir de la mobilisation de certains partis politiques pour soutenir sa candidature.S’il opte pour une candidature en indépendant, son accession à la magistrature suprême va être difficile. Sauf s’il est un « élu de Dieu » envoyé pour diriger, pour reprendre l’expression d’une figure emblématique de la classe politique.
Par Fangatigi Siby
