En 1991, le Comité de transition du Salut du Peuple (CTSP) était composé de vingt cinq (25) membres dont quinze (15) civils. En cinquante (50) ans d’indépendance et après vingt ans de multipartisme, les hommes en uniforme veulent confisquer la démocratie au Mali. Aujourd’hui, c’est Modibo Sidibé, inspecteur général de police, qui s’apprête à succéder à cet autre général d’armée, ATT.
Son ascension vers Koulouba a débuté pendant la transition démocratique de 1991à 1992 où il fut chef de cabinet du ministre de la Défense. Depuis cette date jusqu’au 30 mars 2011, il n’a plus quitté le sommet de la haute administration. Il fut durant dix ans ministre sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, où il occupa successivement les fauteuils des départements de la Santé et des Affaires étrangères.
Le retour aux commandes de l’Etat du général Amadou Toumani Touré, son protecteur, en 2002, lui permet de gravir des échelons supplémentaires afin de se préparer pour le bond final en 2012.
Sous le régime ATT, l’inspecteur général de police, Modibo Sidibé, fut successivement Secrétaire général à la présidence de la République, Premier ministre pendant trois (3) ans.
En route pour Koulouba
Nous sommes en 1972, lorsque Amadou Toumani Touré intègre l’armée et effectue la même année des études à l’Ecole interarmes de Kati où il sortira sous-lieutenant en 1972. Lieutenant en 1974, il effectue des stages en URSS et en France dans les paras commandos.
En 1980, il dirige la garde présidentielle composée de parachutistes. Lieutenant colonel en 1988, il est responsable du bataillon de parachutistes avant de partir en France en 1989-1990.
A son retour, il reprend le commandement de son unité de parachutistes qu’à peine trois semaines avant les évènements de mars 1991 qui le portent, après avoir joué un rôle très actif dans le renversement du général Moussa Traoré, à la tête du CTSP et à la tête de l’Etat du Mali pour une période de quatorze (14) mois.
Comme dit l’adage : «Il n’y a jamais deux sans trois.» Le 19 novembre1968, le régime de Modibo Keïta succombe au coup d’Etat fomenté par des officiers de l’armée malienne. L’auteur du coup, un jeune lieutenant, âgé de 32 ans, formé dans les écoles françaises (Saint Metain-Angers, Saint-Cyr, Fréjus…). Par ce coup d’Etat, la France venait de réussir son coup en mettant son homme au pouvoir à Bamako.
Les choses se gâtent après le discours de la Baule en 1990 qui annonce le multipartisme. Le général Moussa Traoré, faisant la sourde oreille, est balayé par le vent de la démocratie. Son chef de la garde présidentielle, appuyé par des officiers, déposent le général Moussa Traoré le 26 mars 1991.
Une transition démocratique est engagée afin de préparer des élections libres et transparentes. Le premier président démocratiquement élu est Alpha Oumar Konaré, issu de l’Adema-Pasj. Il fait deux mandats successifs de cinq ans. Avec le professeur Alpha Oumar Konaré, l’alternance a été militaire. Sur injonction de la France, AOK remet le pouvoir à ATT. Bientôt, ce serait la fin du second mandat du général Amadou Toumani Touré.
Malheureusement, aucune lisibilité ne semble se dessiner pour la tenue des élections en 2012. Mais des hommes politiques s’agitent au sein de leur parti politique pour porter leur choix sur cet autre porteur d’uniforme. Est-ce toujours la main invisible de la France qui travaille les esprits ? C’est ATT qui, en 1992, a recommandé Modibo Sidibé à Alpha Oumar Konaré. Et depuis, il demeura ministre dans les gouvernements successifs de l’Adema. Car le capitaine Sidibé fut la véritable courroie de transmission entre l’Association des enfants de troupes (AET), les forces armées et le siège de l’Association des Enfants de Troupes de France.
Le moment serait venu pour l’inspecteur général de police d’avoir sa récompense. Politiciens à bon entendeur salut !
Safounè KOUMBA