Présidentielle 2012 : L’ancien Secrétaire général adjoint de l’URD, Alfousseini Sow, lâche Soumaïla Cissé au profit de Modibo Sidibé

0

C’est dans une lettre adressée à la section URD de Nioro du Sahel, en date du 11 novembre 2011, que l’ancien Secrétaire général adjoint du Bureau exécutif national (BEN) de l’URD, Alfousseini Sow, ancien Chef de cabinet à la Primature, a annoncé sa démission de l’URD, dont il est l’un des pères fondateurs et était, jusqu’à une date récente, l’un des plus proches compagnons de Soumaïla Cissé, le parrain de cette formation politique. 

 

C’est, en effet, une démission qui tombe au mauvais moment pour l’URD qui vient de porter sur selle son porte-drapeau à l’élection présidentielle de 2012, en la personne de Soumaïla Cissé. Elle intervient également à une période où tout départ est source d’inquiétude pour les candidats à la présidentielle de 2012. Après donc avoir passé la main, le vendredi 10 novembre à 10 heures, à son successeur Mme Cissé Zeinabou Boubacar Guittèye, l’ancien Chef de cabinet du Premier ministre, Alfousseini Sow, a posé un important acte politique en démissionnant de l’URD dans une lettre, datée du 11 novembre 2011, qu’il a adressée au bureau de la section URD de Nioro du Sahel, où il militait depuis un certain temps après avoir auparavant milité en commune VI du District de Bamako. Cette correspondance, dont la direction du parti de Soumaïla Cissé a été ampliatrice,  est ainsi libellée : " Je voudrais, par la présente, vous informer de ce que je démissionne de l’URD à compter de ce jour 11 novembre 2011. J’ai choisi, face aux futures échéances électorales à venir, de me joindre à ceux déjà nombreux qui soutiennent Modibo Sidibé dont je partage la vision pour notre pays et dont j’apprécie le sérieux, la compétence, le souci du bien public, le sens élevé de la justice, de l’équité et la profonde connaissance de notre pays et de son environnement. Monsieur le Secrétaire général, il ne me paraît pas possible ni crédible, par honnêteté, de soutenir Modibo Sidibé tout en restant formellement militant de l’URD. Je vous saurais gré de bien vouloir informer les camarades de Nioro de ma décision en attendant que je puisse vous rencontrer prochainement, Inch’Allah, en notre ville sainte de Nioro du Sahel ".   

 

 

    Comme on le voit, le démissionnaire n’invoque aucune dissension l’ayant opposé à son parti. Il souligne seulement l’immoralité de soutenir Modibo Sidibé, que l’URD considère d’ailleurs comme son plus farouche adversaire à la présidentielle de 2012, étant officiellement membre du parti de Soumaïla Cissé. Mais pour les observateurs avertis, le ver était depuis longtemps dans le fruit, la rupture était depuis longtemps consommée entre Alou Sow (c’est ainsi que tous l’appelle) et son désormais ex-ami Soumaïla Cissé.

 

   La brouille entre ces deux hauts cadres de l’URD a commencé au sortir du 2è congrès ordinaire du parti en 2008 quand Alou Sow, de son poste de Secrétaire général adjoint (venant à l’époque tout juste après l’actuel ministre de l’Education Salikou Sanogo), s’est vu rétrogradé et casé dans une obscure Commission dite de conciliation et d’arbitrage au sein de laquelle, il n’a d’ailleurs jamais siégé. Au motif, selon certains, qu’il soutiendrait Modibo Sidibé, Premier ministre à l’époque, qui venait de le nommer Chef de son cabinet, et que la rumeur présentait comme candidat à la présidentielle de 2012. Ce beau geste de Modibo Sidibé envers un cadre du parti URD a été, malheureusement, interprété comme un débauchage. 

 

 

C’est dire que déjà, l’URD voyait le Premier ministre de l’époque, Modibo Sidibé, un potentiel candidat à même de barrer le chemin à Soumaïla Cissé qui joue, en effet, son va-tout à la prochaine élection présidentielle.

 

Alou Sow, qui a été le principal concepteur des textes fondateur du jeune parti- il est né le 1er juin 2003- n’a pas été du tout content d’avoir été rétrogradé et a préféré prendre alors ses distances vis-à-vis des instances de l’URD mais aussi du mentor du parti, Soumaïla Cissé. Depuis donc 2008, il est en rupture de ban avec ce  parti dont il est assurément l’un des pères fondateurs. Que ce soient la Charte du parti ou les statuts et règlement intérieur, on trouve partout sur les écrits et discours la plume savante d’Alou Sow. Brillant, méthodique et rigoureux dans le travail, cet ex-très proche de Soumaïla Cissé est le plus grand intellectuel à avoir quitté le navire URD et cela depuis sa création, un 1er juin 2003. 

 

 

Même s’il est difficile d’évaluer la perte que subira le parti de la poignée de main après ce départ, force est de reconnaître que c’est un coup dur – d’abord sur le plan des rapports sociaux mais également politiques – pour Soumaïla Cissé qui vient d’être officiellement investi candidat de son parti pour la présidentielle de 2012. Surtout que sa présumée renommée de rassembleur en prendrait un sérieux coup . Et cela compte tenu des très bonnes relations que l’un et l’autre entretenaient depuis plusieurs décennies.

 

Sur le plan local à Nioro du Sahel, où le 5ème vice-président de l’URD, l’ancien député Cheickna Hamalla Bathily, œuvre comme un beau diable afin de rassembler ses troupes en divagation, Alou Sow aura désormais pour mission auprès de Modibo Sidibé de démanteler les structures de base de l’URD au profit de l’ancien Premier ministre qui, selon toutes vraisemblances, veut monter sur le cadavre de certains partis politiques dans son ascension pour Koulouba. L’URD étant une proie facile, il fallait donc commencer par-là. Et c’est quasi sûr qu’Alou Sow fera démissionner d’autres militants de ce parti au profit de Modibo Sidibé, qui demeure toujours le plus grand stratège dans l’art du…silence. 

 

 

Rappelons que l’ex-Secrétaire général adjoint de la Jeunesse URD, Amadou Cissé, ancien Chargé de mission auprès de l’ancien ministre URD de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, avait également pris armes et bagages pour migrer du côté de Modibo Sidibé. Si Alou Sow est loin d’être un tribun tel n’est pas le cas de l’ancien leader estudiantin Amadou Cissé qui a, comme principal atout politique, sa bouche et sa haine de certains leaders de son ex-parti, l’URD.

 

 En tout cas, ce sont là deux grosses pointures du parti de la poignée de main qui se retrouvent dans le cercle restreint des proches  de l’ex-Premier ministre, Modibo Sidibé. En nous recevant, tout juste après sa passation de service avec sa remplaçante, Cissé Zeinabou Boubacar Guittèye, l’ex-Chef de Cabinet Alou Sow, qui a été nommé à ce poste par Modibo Sidibé, n’a pas tari d’éloges sur l’enfant de Wassala et du Wassolou en reconnaissant qu’il " a découvert en Modibo Sidibé le sens aigu de l’Etat. Un homme intransigeant avec la loi, la bonne gouvernance et le souci de l’intérêt général…Il est rassembleur, travailleur et rigoureux ". C’est dire que la campagne est déjà lancée.

 

Mamadou FOFANA


Commentaires via Facebook :