Présidentielle 2012 : Forces et faiblesses des candidats potentiels

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A moins d’un an de la fin du deuxième et dernier quinquennat du Président Amadou Toumani Touré à la tête de notre pays, les probables candidats pour la conquête du fauteuil présidentiel se dévoilent. Du microcosme politique, les prétendants à la succession du Général-Président ne se cachent plus…

A 9 mois ou presque du 1er  tour de l’élection Présidentielle de 2012 au Mali, aucun candidat n’a été encore investi par son parti. Hormis Oumar Mariko du Sadi. Pourtant, ce ne sont pas les prétendants qui manquent. Ils sont bien sûr là et ont tous adopté la même posture, celle qui consiste à attendre pour voir venir les choses. Ce qui constitue déjà un mauvais présage. Cela dit, en attendant l’investiture des différents candidats, nous allons essayer de passer en revue ceux qui ont de réelles chances dans l’arène.

 

Combien seront-ils à briguer la magistrature suprême en 2012 au Mali ?

Difficile de parier avec certitude sur ces hommes qui lorgnent le fauteuil moelleux du Palais de Koulouba. Ce qui est sûr, ils sont nombreux à nourrir l’ambition de prendre les rênes du pays et c’est bien normal dans une démocratie à multipartisme intégral. Mais quels sont les atouts et les faiblesses des probables candidats à la présidentielle de 2012 ? Voici un décryptage objectif des candidatures en perspective.

 

Soumaïla Cissé 

Bien que mué dans un silence assourdissant sur sa candidature pour la succession d’ATT, le patron de l’URD est du coup intéressé par la course à la magistrature suprême du Mali en 2012. Soumaïla Cissé fait bel et bien partie des prétendants au trône  pour le quinquennat 2012-2017. Et le natif de Niafounké ne manque pas de jugeote  pour cette ambition encore secrète. D’autant qu’il est toujours président en exercice de la Commission de l’UEMOA. Sa présence constante sur le terrain depuis son avènement au poste de président de la Commission de l’Union, ses réalisations en faveur des couches vulnérables notamment, les femmes, les diverses initiatives de développement qu’il a prises au cours de son mandat et sa propension à vouloir diriger autrement le pays constituent un atout majeur pour sa probable élection. Mais les faiblesses de cette candidature sont à rechercher dans la mauvaise organisation de la superstructure politique qui est son parti.  Car il faudra que l’homme créer un climat de confiance entre les militants et le Bureau Exécutif National. Car les dernières élections tant législatives que communales ont laissé des goûts amers à d’autres militants. Le problème judiciaire d’Ibrahim Touré, 2ème  vice président du parti n’est pas bon pour l’image de son parti. A cela s’ajoute sa séparation d’avec ses camarades d’hier, qui voudront lui barrer le chemin de son aventure sur le terrain.

 

Dioncounda Traoré 

Le candidat désigné de l’ADEMA/PASJ est un sérieux challenger pour la course en 2012. Le mathématicien originaire de Nara joue son va-tout à la présidentielle de 2012 avec la bénédiction de sa classe politique traditionnelle. Homme discret et peu bavard, il incarne une nouvelle génération de politicien au Mali. Connaissant bien les rouages de l’administration car ancien ministre des Affaires étrangères sous son mentor Alpha Oumar Konaré, Dioncounda Traoré dispose d’atouts pour redorer le blason de sa popularité avec l’appui des vieux briscards de la scène politique nationale qui militent au sein de son parti. Il pourra aussi compter sur son camarade Alpha Oumar Konaré, pour ravir la vedette à ses concurrents. Mais ces atouts sont noyés par des faiblesses certaines. D’abord en sa qualité de président de l’Assemblée nationale, il devra endosser certaines responsabilités au niveau de certaines lois votées, telle que le fameux code de la famille. A cela, il importe de noter le climat au sein du parti des Abeilles. En outre, il convient de souligner la versatilité ou l’inconstance qui a caractérisée sa désignation comme candidat au sein de sa formation politique. Cet antécédent donne du fil à retordre à l’homme pour imposer véritablement son image sur le terrain.

 

Modibo Sidibé

Bon flic et ayant gravi tous les échelons, ou presque, au sein de l’administration publique, il réunit toutes les qualités professionnelles pour briguer la magistrature suprême surtout qu’il a été Premier ministre sous le régime du Général ATT. Sa trajectoire professionnelle est fort éloquente quand bien même sa probable candidature à la présidentielle de 2012 ne va pas sans faiblesses. L’ossature politique favorable à sa candidature se révèle chaque jour un plus comme un squelette au sein de l’arène politique malienne. Le deuxième péché de ce prétendant est le manque d’innovation dans sa stratégie politique. Il use du déjà vu et du déjà connu de l’électorat malien parce qu’il plagie la même stratégie politique qu’un Amadou Toumani Touré, c’est-à-dire sans parti politique. Les mouvements à sa cause sont constitués en grande partie de personnalités politiques ou de la société civile parfois même très controversées à telle enseigne qu’à moins de dix mois de la présidentielle de 2012, la mayonnaise tarde à prendre en dehors de quelques actions médiatiques généralement mal affinées.

 

Cheick Modibo Diarra

 Richissime physicien et extra-planétaire, le Président du RPDM ne manque pas de quoi payer sa caution et se faire une place au soleil dans le paysage politique. Cheick Modibo Diarra a eu le courage de se déclarer candidat à l’élection présidentielle à venir pour apporter son savoir faire et  ses acquis au pays de l’oncle Sam surtout à la Nasa, pour changer le Mali. Mais ces seuls atouts sont insuffisants pour convaincre la majorité du peuple à basculer en sa faveur en 2012. Le seul confort demeure que son parti se positionne comme une formation politique du futur. Surtout que l’homme est mal connu des maliens.

 

Me Mountaga Tall

Très prolifique en pensée, cet avocat, Député à l’Assemblée Nationale, s’invite comme prétendant à la succession d’ATT en 2012. Le Président du Congrès National pour l’indépendance et la démocratie (CNID) n’en est pas à son premier essai et s’inscrit dans la perspective de la légalité et de la légitimité de l’action politique dans un pays à démocratie pluraliste. D’ailleurs, son parti fait partie des formations politiques nationales qui sont actifs sur le terrain politique. Tous ces atouts intellectuels du probable candidat sont pourtant noyés par des faiblesses incontestables. Me Tall manque de popularité et sans doute le nerf de la guerre à la mesure de ses ambitions. Toute chose qui fait dire que l’homme doit batailler dur pour 2012. Au risque de voir son parti sombrer ou voler en éclat.

 

Ibrahim Boubacar Kéita

Ancien premier ministre et président de l’Assemblée nationale, IBK joue gros pour 2012. Il a posé un acte en claquant la porte de l’ADEMA pour créer sa formation politique. Considéré comme un renard de la politique, le président du RPM à une carrure d’homme d’Etat. L’homme est bel et bien à même de déclarer à tout moment sa flamme pour présidentielle de 2012, car le congrès de son parti tenu le mois dernier lui a donné son quitus. C’est une soupape de secours qui pourrait se révéler un joker de la majorité présidentielle pour mettre en difficulté les autres présidentiables. Mais la faiblesse principale de ce probable prétendant est qu’il s’y engage trop tard dans un monde trop vieux quand bien même il jouit d’une grande admiration au sein de la population et n’a pas les moyens de sa politique. Car une élection présidentielle ça coute chère.

 

Choguel Maïga

 Brillant technicien en télécommunication de son état, le fils de la cité des Askia sera probablement dans la course à la magistrature suprême de 2012. Son estime pour l’ex président Moussa Traoré est un atout pour lui. Car au jour d’aujourd’hui beaucoup de leaders politiques se réclament de ce dernier. Son engagement pour la défense des lois de la république et son sens de patriotisme lui seront d’un atout. Très éloquent, il participera sans nul doute cette fois-ci pour jauger sa côte politique. Mais son handicap majeur est sa difficulté à imposer son parti au plan national comme une grande force mobilisatrice. Il n’a pas la carrure d’un présidentiable ce qui présage sans nul doute une alliance de son parti avec une autre force politique. Le temps nous le dira !

 

Oumar Mariko

 Secrétaire Général du parti SADI, le député élu de Kolondièba est un farouche opposant à presque tous les régimes qui se sont succédés au pouvoir depuis le renouveau démocratique au Mali. Ayant changé de fusil d’épaule au niveau de son opposition, l’homme s’est reconverti du coup en avocat des sans voix et des démunis. C’est en cette qualité qu’il a interpellé des ministres et le Premier ministre au niveau de l’Assemblée nationale sur l’affaire de l’expropriation des terres des populations de Siranikoro. Le gros de sa faiblesse principale est qu’il est en manque de moyens de ses ambitions et aujourd’hui son parti est presque la partie visible de l’Iceberg, car il est plus en vogue que le président de son parti, ce qui sème le doute entre ses militants quant à celui qui dirige vraiment le navire SADI. Mais il est bon de savoir que la popularité du parlementaire n’a pas encore atteint l’envergure nationale pour bouleverser l’ordre politique malien.

 

Soumana Sacko

Ancien ministre des finances dans les années 1986 et Premier  Ministre sous la transition en 1991. Son passage à l’hôtel des finances s’est soldé surtout par le déblocage des salaires des fonctionnaires de l’administration qui se faisaient désirer en ce temps. Il est considéré comme un vrai baroudeur en tout cas pour l’élection à venir au Mali. Ayant servi au sein du système des Nations Unies, l’homme à de quoi répondre. Sa capacité surtout d’affronter les défis, sa pugnacité. Il connait tous les rouages de l’administration publique. Il jouit d’une réputation de fin politicien. Ses faiblesses : Il a été trop longtemps absent sur la scène politique nationale, et est trop acerbe dans ses propos ce qui devrait être une qualité devient de facto un handicap pour ce dernier. Son parti est quasi invisible sur le terrain et il ferait mieux de parer à ce retard de mobilisation plutôt que d’expédier des lettres ouvertes ou des contributions au niveau de la presse, quand on sait que le gros de l’électorat est analphabète. Il semble utiliser trop de forces pour plaire aux autres que de peaufiner sa propre image à lui.

 

Paul N’guessan


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