Pour la première fois de sa brillante carrière d’homme d’Etat, l’ancien Premier ministre et probable candidat à l’élection présidentielle de 2012 s’apprête alors à conquérir le suffrage des Maliens. E n effet, le recordman malien en longévité de la carrière ministérielle (presque 20 ans) n’a jamais affronté la réalité des urnes pour accéder à la responsabilité. Du coup, Djimy serait attendu de pieds fermes par certains adversaires politiques qui lui reprochent une arrogance de commis chevronné de l’Etat.
La candidature de Modibo Sidibé, longtemps restée dans l’incertitude, semble aborder à présent une phase beaucoup plus pratique avec les rencontres de ses partisans qui se multiplient à travers le pays. Pourtant, si le doute se dissipe à propos de l’éventualité de cette candidature, il demeure toujours par rapport à sa couleur, à savoir : sera-t-elle ADEMA ? Sera-t-elle indépendante ? Ou alors avec un autre parti, déjà en place, ou créé pour l’occasion ?
A propos de la candidature ADEMA, un proche de Djimy affirme qu’elle est toujours d’actualité. Ainsi à l’instar des autres candidats, Djimy s’apprête pour les primaires du parti, mais en plus affirme notre source : « Le candidat, face à l’adversité et les machinations orchestrées par des forces politiques occultes, veut garder ses chances pour servir son pays… ». Autrement dit, qu’il pleuve ou qu’il neige, Djimy est candidat à cette élection présidentielle, il affrontera pour la première fois le suffrage des Maliens. Pour vouloir faire simple on dira que le compte à rebours a commencé. Ainsi Djimy comme le commun des politiques est désormais dans les réflexions pour élaborer ses propres stratégies de victoire. Contrairement à ce qu’il a pu vivre jusque là, c’est-à-dire que l’homme sera forcément aux commandes tel un commandant de navire. Ainsi les simples consignes et autres délégations d’attributs ne sont plus très pratiques.
Il va falloir être présent de bout en bout avec une constance dans la vigilance, car quelque soit la formule retenue, le danger est de pouvoir gérer le lot des opportunistes qui n’ont d’égard que pour leur seul ego. Quelque soit la couleur de cette candidature, l’homme pour la première fois affronte le suffrage des Maliens, il va devoir descendre dans l’arène politique de plein pied, dans les quartiers, les villages, les villes …
Aller au contact des populations, tel semble être le tout premier défi de Djimy, se débarrasser de cette étiquette de « bourgeois », d’homme distant, qui n’a presque jamais été au contact des populations, même celles de son quartier natal. En effet, au Badialan, rares sont les hommes et femmes de sa génération qui parlent de lui en bien, en réalité ils ne le connaissent presque pas.
Modibo a du boulot, il va devoir mener ce combat presque seul puisque ses résultats seront en relation directes avec ses stratégies et sa capacité d’appréhension des défis qui l’entourent. Les informations dont nous disposons font état de la solidité de l’argument financier, c’est déjà important de disposer du nerf de la guerre. Mais la particularité de cette candidature fait qu’il va falloir plus que de l’argent. Ainsi les rumeurs font aussi état de certains soucis qui peuvent saper les efforts, surtout s’ils émanent des milieux qui vous ont fait.
Djimy a des arguments pour se lancer dans la course, mais il doit vraiment s’apprêter à recevoir des coups souvent durs. En effet, l’homme est attendu de pieds fermes par des adversaires qui l’accusent d’arrogance et de mépris au cours de sa longue carrière. A propos de la candidature de Modibo, un leader politique de la place commentait récemment : « Je suis pressé de le voir candidat, puisque de loin quand on observe un chien mâcher un os, on croit que c’est facile, il va voir la réalité… ».
Il est clair que la candidature de Modibo suscite beaucoup de remous surtout aux dernières rumeurs qui font état de tension avec son mentor et ancien patron. Pourtant de nombreux analystes politiques affirmaient que l’impératif de cette candidature était le soutien des anciens présidents : Alpha et ATT. Désormais il semble que la tournure prise par les événements ait fait de cette candidature une question de survie. Au-delà de la consécration suprême, le candidat peut se positionner et demeurer en tant qu’entité politique autonome qui aura existé par sa seule volonté. Autrement, imaginez un instant que l’homme ne soit pas candidat, il aurait fait quoi ?
Bien sûr que le haut fonctionnaire de police restera un homme respecté dans ce pays à condition qu’il sache jouer. A propos de cette situation d’officier de police, est-elle un handicap ou alors faut il des préalables pour que Djimy soit candidat ? Les réponses ne vont pas tarder à tomber, ce qui est désormais sûr, c’est que la vie de Djimy est en train de changer, plus jamais rien ne sera comme avant.
Du courage, en tout cas c’est une autre réalité qui a débuté, elle est implacable, les urnes sont souvent compliquées.
Youba KONATE