Présidentielle 2012 : Dioncounda face à son destin

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Pour réussir une bonne campagne présidentielle, il faut avoir les hommes, l’argent et la logistique. En plus de tous ceux-ci, le candidat de l’ADEMA PASJ a l’expérience et le bagage intellectuel suffisant. Il ne lui reste plus qu’à mettre en valeur ces atouts pour s’installer confortablement au palais présidentiel  le 08 juin 2012.

L’ADEMA PASJ cumule 19 années d’exercice démocratique avec dix années de gestion intégrale du pouvoir et neuf années au trône des partis politiques à l’assemblée nationale. En clair, l’Adema capitalise vingt ans d’expérience dans la gestion des affaires de l’Etat, si l’on tient compte du fait que c’est grâce à son soutien que le président ATT a été élu en 2002.

Aujourd’hui encore, ce parti est considéré comme la plus grande formation politique du Mali. 55 députés, 270 maires, 27 présidents de conseil de cercle, 6 présidents d’assemblée régionale, 3300 conseillers municipaux, 32 conseillers nationaux, 5 ministres. En principe, mathématiquement Dioncounda n’a aucun souci pour être le prochain locataire de Koulouba. Déjà, Dioncounda Traoré, est président de l’Assemblée nationale et donc la deuxième personnalité de la République du Mali. Logiquement donc, Dioncounda est le candidat le plus sûr d’être élu président de la république du Mali aux sortir du scrutin présidentiel de 2012. C’est une certitude politique. Pourquoi ?

«Nul n’arrivera au pouvoir sans en avoir les moyens» enseigne un vieux théoricien politique des universités françaises. Mais lorsqu’il parle de moyens, il n’écarte aucun instrument. D’abord,  les hommes pour animer la machine électorale. En matière d’homme, l’ADEMA est aujourd’hui le seul parti politique au Mali qui peut se targuer d’avoir une structure dans presque tout le monde entier. C’est-à-dire que le candidat de l’ADEMA aura ses représentants dans chaque bureau de vote au Mali et à l’extérieur. Un atout considérable pour ce parti qui, depuis 1992 a crée une impressionnante machine électorale qui n’a de pareil nulle part en Afrique. Une machine bien huilée pour faire élire en toute circonstance et dans toutes les conditions. L’appareil est animé par des militants dévoués et motivés qui se recrutent dans les secteurs de l’éducation. Côté administration, l’ADEMA  « colonise » tout le système, ayant eu très tôt le reflexe d’envoyer ses militants dans la gestion administrative.

En 2002, c’est le même dispositif qui a servi à faire élire ATT dans des conditions que l’on sait suite à un second tour fort disputé avec Soumaïla Cissé. Malgré le désagrégement du système politique du parti, l’instrument de campagne de l’ADEMA est resté intact. Tous ses animateurs cumulent près de 20 d’expérience électorale.

L’argent qui est connu pour être le nerf de la guerre électorale ne fera jamais défaut à l’ADEMA dont l’instance dirigeante est animée par des cadres anciens et nouveau ministres, Députés, PDG et DG, chef d’institution, maires et opérateurs économiques. En clair, l’Adema est animé par des cadres qui n’ont jamais rangé leurs chéquiers depuis 1992. C’est-à-dire depuis l’arrivée au pouvoir du parti après la transition. La plupart des militants ne crève pas la dalle et n’ont presque pas de souci pour la marmite. Comprenez donc que l’ADEMA est l’un des partis les plus riches du Mali contrairement à d’autres qu’on ne citera pas.

En plus des ressources personnelles de ses cadres et militants, Dioncounda peut compter sur des soutiens financiers de ses amis de l’extérieur et même du président sortant ATT, si la rumeur du deal qui cour  se confirmait. Dioncounda n’est donc pas à 10 milliards près (c’est le montant qu’il faut pour couvrir toute l’étendue du territoire national) pour financer sa campagne électorale.

En plus des hommes et l’argent nécessaire Dioncounda lui-même constitue l’essentiel de ce qui sera son sort dans les urnes. Pour avoir été un militant politique ayant participé à toutes les luttes pour la liberté et la démocratie, personne ne peut honnêtement dénier à Dioncounda  son étoffe d’homme intègre et intrépide. Inutile de rappeler son parcours politique longuement ressassé dans la presse. Malgré les positions radicales qui lui a défendues à certaines époques, Dioncounda n’est ni un jusque- boutiste ni un fondamentaliste politique. Toujours modéré, il s’est placé en rassembleur, convaincu qu’aucune lutte ne peut aboutir dans la division. Au sein de sa formation politique, l’histoire nous révèle les efforts vains qu’il a déployés pour retenir ses camarades Mamadou Lamine Traoré, Kassa qui menaçaient de quitter le parti. Peine perdue.

Dioncounda continue de regretter le départ de ses compagnons de lutte. Il ne désespère  pas quant à une reconstitution de l’ADEMA originel tôt ou tard. Mais l’essentiel aujourd’hui pour lui est de faire face à l’échéance de 2012. Une échéance qui sera pour lui sans doute une de ses toutes dernières cartes en politique. Dioncounda sait qu’il n’a pas droit à l’erreur. Ses adversaires les plus coriaces l’attendent au tournant, pressés de l’enterrer avec la ruche toute entière. Parmi eux on compte les partisans de Modibo Sidibé qui certainement ne lui feront aucun cadeau. Eux particulièrement connaissent l’homme. Ses forces et ses faiblesses. Ils ne souffriront donc pas à trouver l’arme qu’il faut pour anéantir Dioncounda. Mais seulement, Dioncounda, est un homme politique aguerri. Pas à cause de sa formation militaire de commando para. Mais pour avoir survécu à des coups bas. Les plus redoutables d’ailleurs. Mieux, il a vu la plupart d’entre eux grandir. Il connait au détail près leur centre de gravité et pourra sans aucun effort les faire basculer tels des enfants sur une balançoire. Mais en politique, il ne faut sous-estimer personne.

Mais dans ce jeu, Dioncounda a du vrai boulot. D’abord, il lui manque toujours le style raffiné, le ton peu agressif. Une faiblesse qu’il lui faudra conjurer au plus pressé au risque de ne pouvoir convaincre personne.

Aller les militants, savoir leur donner de l’importance, être capable de les écouter appartiennent à un ensemble de comportement que le candidat doit avoir. Il est bien dommage qu’aujourd’hui, certaines localités et non des moindres, n’aient jamais reçu la visite du président du parti, de l’assemblée nationale et candidat à la présidentielle. Un autre grand politologue nous enseigne qu’une candidature ne s’improvise pas.

Dioncounda s’était il préparé à gouverner le Mali ? Nous aurons certainement la réponse lors des campagnes où des témoignages sur l’homme sont attendus.

 

Mais ce qu’on sait par contre et qui est incontestable, c’est que Dioncounda est un homme politique mûr. Seulement, il a besoin malheureusement de nous prouver qu’il a changé et qu’il saura gouverner modestement. En attendant, tout nous dit qu’il a ses chances, son destin en main.

Abdoulaye Niangaly


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