Présidentielle 2012 / ATT a-t-il lâché Modibo Sidibé ?

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Le président de la République, Amadou Toumani Touré, a été très éloquent lors de sa présentation de vœux à l’Assemblée nationale. En effet, après que Dioncounda Traoré eut fait le bilan des œuvres du chef de l’Etat, ATT lui a répondu, en demandant de continuer ces chantiers. Ce fut l’occasion pour le président de la République de faire allusion à la qualité d’enseignant des chefs d’Etat du Mali. A ce propos, il a dit : ‘’ Modibo Kéita était enseignant, Moussa Traoré était enseignant, Alpha Oumar Konaré était enseignant et moi-même, j’ai été enseignant. ‘’ Quel évident plaidoyer pour le professeur Dioncounda Traoré ! De surcroît, président du parti le mieux implanté dans le territoire national.

 Le président ATT s’est-il donc rendu compte, à la veille des échéances électorales, que Modibo Sidibé ne fait plus le poids? En fait la plus simple observation fait ressortir que le candidat de l’Adéma-Pasj est en train de renforcer sa position pour les élections de 2012. Selon nos sources, un groupe de partis politiques, lors d’une réunion très restreinte, vient de s’accorder à soutenir la candidature de Dioncounda Traoré à la présidentielle de 2012.

Des observateurs avisés prédisent, pour les Abeilles, la possibilité d’arriver au second tour. C’est, effectivement, à partir de là, puisqu’il s’agira des alliances, que Dioncounda Traoré deviendrait incontournable. Il faut rappeler que le président de l’Adéma-Pasj a eu un parcours politique qui plaide en sa faveur, à cause de sa neutralité, d’une part, lors du combat entre conservateurs et rénovateurs, au cours du congrès extraordinaire du parti, notamment pour évincer IBK de la présidence de l’Adéma et d’autre part, sa neutralité, au moment de la bataille des Abeilles autour du soutien de la candidature de Soumaïla Cissé au sein de l’Adéma-Pasj.

 On se rappelle qu’à chaque fois qu’il fallait discuter du consensus autour de Soumaïla, Dioncounda Traoré était à Nara. On ne lui a pas connu de défection en faveur de l’ancien candidat de l’’Adéma, contrairement à la bande des dix ou à tous ceux qui s’étaient prononcés pour un candidat de consensus. Ce sont ces aptitudes qui font du candidat de l’Adéma, un adversaire redoutable au second tour de l’élection présidentielle, car, il a pu se mettre à équidistance des hommes politiques pendant les crises politiques.

De ce fait, on peut penser que ni IBK, Ni Soumaïla Cissé n’ont gardé de rancune contre lui et qu’il pourra, par conséquent, composer avec eux. D’autant plus qu’à sa nomination au perchoir de l’Assemblée nationale, il n’a pas automatiquement destitué de leurs postes des cadres du Rpm. Changements qui ne se sont fait que progressivement, sans toutefois concerner tous les postes, puisque le chargé de communication à l’Assemblée est un militant du Rpm.

 Ce consensus qu’il a fait prévaloir à l’hémicycle, en soutenant l’esprit partisan, a consisté à rassembler des députés autour de lui tout en consacrant la perte de vitesse des indépendants qui ont fini par fondre dans les partis politiques. Quant à Modibo Sidibé, perçu, au départ, comme le dauphin d’ATT, il est aujourd’hui desservi par une classe politique qui ne tient plus à rééditer le scénario d’un président indépendant.

 En plus, les réformes concourent à renforcer les capacités des partis politiques. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre aura de la peine à s’adjuger le programme d’ATT dans la mesure où toute la mouvance présidentielle se dit comptable du bilan d’ATT. Dans la réponse d’ATT à Dioncounda, lors de la présentation des vœux, on a pu comprendre : ‘’ continuez l’œuvre que j’ai commencée. ‘’ Cela explique toute la désillusion du chef de l’Etat pour ceux qui se considèrent comme ses héritiers, Pdes et Modibo Sidibé qui n’ont ni structure politique crédible pour les soutenir, ni alliés représentatifs visibles sur l’échiquier politique et capables de remporter aisément un second tour.

 Le président de la République s’est d’autant plus rendu compte du poids du parti majoritaire, que les derniers jours avant le vote du projet de loi électorale, il a constaté que le bras de fer avec la majorité à l’Assemblée nationale était en faveur des députés. Pourtant, la classe politique est unanime à reconnaitre que les votes par procuration et témoignages sont sources de fraudes. Selon nos sources, ATT, furieux, a dû avaler cette couleuvre. Et c’est à ce moment qu’il aurait lâché Modibo Sidibé, qui aura toutes les peines du monde à gagner un bras de fer que le président de la République, a lui-même perdu.            

Baba Dembélé

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