Le vote par l’Assemblée nationale de la prorogation du mandat des députés, jeudi dernier, risque d’être une épine dans les pieds du gouvernement du Dr Boubou Cissé. N’ayant pas été apprécié par des organisations de la société civile et des regroupements de partis politiques, le gouvernement sera probablement face à la première fronde populaire.
Une semaine après le vote par l’Assemblée nationale de la prorogation du mandat des députés, le débat enfle.
L’opposition farouche à cette volonté a d’abord commencé par la Coalition des forces patriotiques. Après des journées d’échanges sur la constitution et la nécessité d’une constituante, le regroupement de Husseini Amion Guindo est revenu à la charge. Dans un communiqué, la Cofop condamne avec la plus grande fermeté cet « acte illégal et illégitime » car, cette seconde prorogation du mandat des députés du Mali constitue aussi une violation flagrante de la constitution du 25 février 1992. « Les anciens députés du Mali étaient porteurs d’un mandat qui est arrivé à terme depuis 31 décembre 2018. La Cofop souligne que les anciens députés du Mali ont par conséquent voté cette prorogation, sans l’avis de leur mandat tout juste pour préserver les privilèges attachés à la fonction du député et non pour servir légalement et légitimement le peuple malien ».
Face à la situation, la Coalition des forces patriotiques demande à ses militants de rester mobilisés pour barrer la route à toute violation de la constitution du 25 février 1992.
La Cofop n’est pas seule dans la contestation. Le bureau politique national de la CNAS-Faso Hèrè est aussi monté sur le créneau. Le parti de Soumana Sako a condamné avec la dernière rigueur le vote intervenu hier 27 juin 2019 par de soi-disant ”députés” de leur ”mandat” parlementaire, en violation flagrante de la constitution démocratique du 12 janvier 1992 et en usurpation éhontée de la souveraineté du peuple malien. « La promulgation d’une telle ”loi” par le président de la République ferait franchir à l’Etat malien une étape de plus vers sa transformation en République bananière. Parti de l’avant-garde militante et révolutionnaire du peuple, la CNAS-Faso Hèrè engage les forces patriotiques, progressistes, républicaines et démocratiques à l’unité d’action pour faire échec au projet antinational et antidémocratique de restauration de l’ordre sociopolitique colonial et de remise en cause des acquis du 22 septembre 1960 et du 26 mars 1991… »
En tout cas, si le gouvernement du Dr Boubou Cissé ne change pas d’approche, il risque de se faire « manger » par les germes de la crise en gestation. N’ayant pas une base politique et qui n’est pas en train de valoriser les quelques graines qui se battent pour une légitimité politique auprès du PM, il est possible qu’il se retrouve dans la même situation que son prédécesseur. Puisque la reconstitution politique en cours exige la prise en compte des nouvelles forces politiques. Vouloir gérer sans les forces politiques est totalement suicidaire. Pour preuve, l’ombre de Boubèye plane sur l’appareil d’Etat. Et Boubou Cissé doit impérativement travailler pour contrôler la situation.
Zan Diarra