Prorogation de la transition : Faut-il craindre l’achoppement des négociations ?

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Après la rencontre des Chefs d’Etat ouest-Africains sur le dossier malien au Ghana, le gouvernement de la transition a opté pour une transition de deux ans. Une déclaration contre laquelle la CEDEAO a vivement réagi en mettant en avant le caractère unilatéral de cette décision pendant que les négociations reprendront dans quelques semaines.

La durée de la transition au Mali a été fixée à 24 mois, a annoncé lundi soir le ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maïga. « La durée de la transition au Mali est fixée à 24 mois, à compter du 26 mars 2022, conformément à l’article 22 de la loi n°2022-001 du 25 février 2022 portant révision de la Charte de la transition », a-t-il indiqué, lisant un décret signé par le Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta.

En réponse, dans un communiqué, la CEDEAO n’a pas caché sa déception face à cette nouvelle ‘’provocation’’ des autorités maliennes. « La CEDEAO prend acte de la signature, le 6 juin 2022, par les autorités maliennes, d’un décret prolongeant de 24 mois, la période de transition dans le pays. Elle regrette que cette décision ait été prise à un moment où les négociations se déroulent encore, en vue de parvenir à un consensus » , peut-on lire dans le communiqué de l’organisation qui entend poursuivre les discussions avec Bamako.

Et selon le porte-parole du gouvernement, il ne s’agit pas d’une décision unilatérale puisqu’elle a été notifiée à toutes les parties concernées par la prolongation du processus de transition dans notre pays. «Le médiateur de la Cédéao a été informé de cette décision bien avant le comité local de suivi et tous les chefs d’Etat» de l’Afrique de l’ouest, a assuré à la presse le Colonel Abdoulaye Maïga. Ce décret vient ainsi clore à l’interne le houleux débat sur la durée de la transition. En attendant bien sûr la réaction de l’organisation sous-régionale longtemps accrochée à un chronogramme de 16 à 18 mois.

«Ce décret n’ouvre pas une nouvelle transition, il s’agit d’une prorogation», a commenté le ministre porte-parole du gouvernement après l’avoir lu à la télévision nationale (ORTM) dans la soirée du lundi 6 juin 2022. A son avis, cet acte prouve la volonté des autorités de transition de ne pas «s’éterniser au pouvoir». Il intervient deux jours après le sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO tenu samedi dernier (4 juin) à Accra (Ghana). Les dirigeants ouest-africains ne sont pas parvenus à accorder leurs violons sur la levée des sanctions prises à l’encontre du Mali le 9 janvier dernier.

Doit-on s’attendre à une nouvelle montée de tension entre les protagonistes ? Cette question reste suspendue sur les lèvres dans la mesure où elle intervient dans un contexte d’avancée majeure dans les pourparlers. En optant pour cette approche qu’on pourrait qualifier d’audacieuse, le Président de la transition Assimi Goïta a vraiment joué un coup de poker dont l’issue est incertaine. De toute évidence, les dés sont jetés. Les sanctions économiques et l’embargo sont en vigueur depuis 5 mois et le pays tente tant bien que mal de sortir de ce gouffre et de cet isolement. Reste à savoir si cette prolongation ne contribuera pas à alimenter la tension et ainsi faire perdurer le supplice de tout un peuple !
Quant aux dirigeants de l’organisation sous-régionale, ils continuent à préparer, comme prévu pour le 3 juillet prochain, le sommet d’Accra. Bientôt l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur de la CEDEAO pour le Mali, va reprendre son bâton de pèlerin pour rencontrer plusieurs chefs d’États de pays membres de l’institution ainsi que les autorités maliennes. Objectif ? Obtenir un consensus sur le dossier malien et clore définitivement ce sujet.

A. S. Kanta

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