Le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta, est aujourd’hui entre le marteau et l’enclume. D’un côté, le Mou Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) réclamant sa démission et de l’autre côté, ses partisans qui refusent de se plier aux propositions de sortie de crise pour sauver son fauteuil.
Acculé par le Mouvement du 5 juin dont les Associations, Mouvements et partis politiques sont coalisés au sein du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui demandent sa démission depuis sa première démonstration de force le 5 juin 2020 au monument de l’Indépendance à Bamako, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) doit aussi faire face à une rébellion dans son propre camp. Certains de ses partisans ne souhaitent pas aller dans le sens des propositions de sortie de crise pour décrisper la tension sociopolitique dont le ferment a été la manipulation de résultats des dernières législatives par la Cour constitutionnelle au profit du Rassemblement Pour le Mali (RPM, le parti présidentiel).
En dépit de cela, le chef de l’État malien est à la recherche des voies et moyens et pour cela, aucun sacrifice ne serait de trop pour sauver son fauteuil présidentiel qui n’avait jamais été menacé par aucune manifestation jusque-là organisée, depuis son élection en 2013 à la tête du pays. L’apaisement qu’il cherche passe nécessairement par des concessions qui toucheront certaines têtes des institutions de la République réclamées à cor et à cri par ceux-là qui se considèrent comme victimes de l’arrêt de la Cour constitutionnelle concernant les résultats des élections législatives de cette année (mars, avril 2020).
Pour cela, des missions de bons offices ont vu le jour. Et c’est dans ce sens que le président IBK, devant les forces vives de la nation, a instruit au Premier ministre de conclure un accord avec les syndicats des enseignants avec comme point de mire l’application de l’article 39. Toujours pour trouver une solution à sa démission demandée par le M5- FPR, une délégation ministérielle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a séjourné du 18 au 20 juin dans notre pays. Elle a, durant son séjour, rencontré les protagonistes de la crise. Et à la fin de la mission, elle a, dans un communiqué rendu public sur les antennes de la télévision nationale, préconisé l’organisation de nouvelles élections partielles pour les circonscriptions concernées dans les meilleurs délais et la formation d’un gouvernement consensuel d’union nationale.
Pourtant, si on soufflait dans la même trompette dans le camp présidentiel, ces mesures pourraient contribuer à apaiser les cœurs et les esprits des uns et des autres et sauver le fauteuil présidentiel auquel IBK tient comme à la prunelle de ses yeux. Mais la fronde menée par Moussa Timbiné, président de l’Assemblée nationale, visé par une disposition de la CEDEAO, ne semble pas s’inscrire dans cette voie de sortie de crise.
Dans une déclaration, qui a fait la Une des réseaux sociaux, l’homme est déterminé à ne faire aucun compromis pour préserver le fauteuil de son ‘‘père’’. Il qualifie les organisateurs de djihadistes et d’être de connivence avec ceux-ci pour que Bamako tombe. Le président de l’Assemblée nationale est désormais sur son pied de guerre pour capoter les efforts de faire descendre le mercure de la tension dont une des conséquences est sa ‘‘nomination’’ par la Cour constitutionnelle. Il ne semble pas être disposé à accompagner le président IBK pour une sortie de crise.
Autre voix discordante dans le camp d’IBK, c’est celle du président de la Cour Constitutionnelle. Mme Manassa Danioko, dans une sortie médiatique s’exprime en ces termes: «On dit que nous sommes incompétente d’accord, nous ne cherchons pas à être compétente du tout. Tout le monde est d’accord ici que nous sommes incompétente et nous sommes là. Notre mandat est de sept (07) ans renouvelable d’après l’actuelle Constitution. Sans la fin de ce mandat, on n’ira nulle part. Le président ne peut pas nous sortir, aucune action ne peut nous sortir d’ici. Nous sommes là pour rendre les décisions de l’État. Ceux qui veulent l’accepter, d’accord, ceux qui ne veulent pas l’accepter, c’est leur droit. C’est la démocratie…»
Face à ce nouveau front dans son camp, le président IBK a intérêt à éteindre ce feu dans sa famille pour prendre langue avec le M5-RFP afin d’ouvrir un véritable dialogue sur les grandes questions de la nation malienne. Il est clair que l’agitation de son entourage n’est pas de nature à apaiser le climat social déjà tendu avec l’avènement du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) sur la scène politique.
Yoro SOW