La honte ! Dioncounda nous couvre tout simplement de honte. Par la même occasion, il fait plus de mal que de bien à Amadou Haya Sanogo auprès de qui l’on ne sait ce qu’il cherche. Dioncounda est devenu ce président qui ne sait plus que faire, ni que dire. Heureusement qu’il est sur le point de partir ! Mais c’est là où un dicton populaire nous invite à la vigilance en ces termes : ” Le partant ne fait pas du bien “. Les Maliens se laisseront-ils faire ?
Ce n’est pas la première fois que le Président par Intérim Dioncounda Traoré met l’huile sur le feu avec comme principal concerné le Capitaine Amadou Haya Sanogo. Sa première décision impopulaire fut le salaire accordé au putschiste du 22 mars 2012 : 3 950 000 F CFA. Avec au passage l’arrestation arbitraire et la séquestration d’un journaliste. Au lieu de se taire et laisser la justice faire son travail, Dioncounda en tournée à l’extérieur s’est épanché méchamment sur ce dossier, laissant le pauvre entre les mains de ses commanditaires de la Sécurité d’Etat. C’est la presse et ceux épris de justice et des droits de l’homme qui leur ont opposé une farouche résistance en vue d’obtenir l’ouverture d’un dossier judiciaire. En fait, si vous avez horreur des dénonciations, alors ne prenez pas de décisions impopulaires car infructueuses.
Dioncounda est donc à sa seconde tentative de jouer sur la fibre sensitive des Maliens. Il sait bien que Amadou Haya Sanogo est devenu ” un cas ” au Mali. Il a bien vu les réactions lorsqu’il lui a accordé un salaire de la sorte. Mais Dioncounda estime que ce salaire tomberait avec la fin de la transition, alors il lui accorde cette promotion de Capitaine à Général d’armée. C’est comme si on accordait à un élève de la 6ème Année fondamentale le bac et le mettait à l’Université. Il aura ainsi sauté 6 classes (les 3 du second cycle et les 3 du lycée). Amadou Haya Sanogo a sauté Commandant, Lieutenant, Lieutenant Colonel, Colonel (et Colonel Major), Général de Division, Général de Brigade.
D’aucuns parlent du cas du Niger, mais tout le monde sait que ce n’est pas du pareil au même. Pour la simple raison que Att a refusé le troisième mandat et l’acte posé contre lui l’a été sous son second mandat alors qu’il préparait tant bien que mal les élections pour sa succession.
Aussi, Amadou Haya Sanogo n’a-t-il pas dit que l’armée ne serait plus cette armée de multiples généraux fantaisistes ? N’a-t-il pas parlé de ” tolérance zéro ” ? Alors pourquoi Dioncounda cherche-t-il de l’or là où il n’y a que du bronze ?
La promotion du capitaine Amadou Sanogo au grade de Général de corps s’explique par une volonté d’aller vers la réconciliation, a déclaré à Ouagadougou vendredi, en marge de sa visite au Burkina Faso, le Président par intérim Dioncounda Traoré.
A la question d’un journaliste de savoir si la promotion de celui (ex capitaine Sanogo) qui aurait contribué à l’enlisement de la crise au Mali n’est pas une prime à l’impunité, Dioncounda Traoré a répondu : ” Je pense plutôt le contraire “, ajoutant qu’il ne faut pas chercher “ à remuer le couteau dans la plaie “.
Pour lui, il faut oublier le passé et pardonner. ” Nous sommes à un stade où il ne faut pas chercher à compliquer les choses, un stade où il faut pardonner et se lancer résolument vers l’avant “, a-t-il soutenu.
Le président intérimaire estime également que ce pardon est nécessaire à la réconciliation.
” Quand on n’est pas capable de pardonner, on n’est pas capable d’aller vers la paix “, a indiqué Dioncounda Traoré.
Du reste, il trouve que le désormais ex-capitaine Amadou Sanogo a des droits et des devoirs comme tout Malien.
Le président par intérim explique qu’il devrait ” régler certaines questions définitivement ” avant l’arrivée aux affaires du nouveau président.
Le Président Dioncounda a effectué la visite au Burkina Faso pour remercier le Président du Faso, Blaise Compaoré a qui une distinction a été remise pour ses efforts dans la résolution de la crise malienne, en tant que médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Si donc Dioncounda estime que cette promotion du capitaine Sanogo vise à aller vers la réconciliation au Mali, il risque d’en obtenir l’effet contraire. Par cette action, il n’a fait que prouver aux yeux de tous son mépris à l’égard de nos morts, et de “ sa ” Commission de réconciliation nationale dont c’est le rôle de procéder méthodiquement à cette mission, ainsi que la trahison à l’endroit de ses camarades du FDR (les anti-putschs).
En outre, ceux qui sont en train de nourrir de la haine contre Amadou Haya Sanogo ont vraiment tort. Ce jeune homme a posé un acte banni par la Constitution certes. Acte qui a été à l’origine de beaucoup d’amertumes et de désagréments dans ce pays. Mais n’a-t-il pas présenté des excuses publiques au peuple comme en son temps l’armée a eu à le faire lors de la conférence nationale de 1991 suite au coup d’Etat de Amadou Toumani Touré ? Avant eux, Moussa Traoré n’avait-il pas perpétré un coup d’Etat ? Si Moussa s’est investi Président, Att a été obligé de remettre le pouvoir aux civils. Il était déjà officier supérieur avec le grade de Lieutenant Colonel. Ce qui n’est pas le cas pour Sanogo, juste un Capitaine. Et tout près au Burkina Faso, Blaise Compaoré est Capitaine depuis le coup d’Etat et est invariablement resté comme tel bien qu’il soit celui qui distribue les grades. Au Mali, Tiécoro Bagayogo est resté Capitaine jusqu’à sa mort. En Guinée Dadis est jusque là Capitaine. Le grade est donc loin d’être une prime au coup d’Etat. C’est dans ce cas une prime à l’impunité qui fait croire à un clan de voyous au pouvoir dans notre pays.
Au demeurant, il y a lieu donc de faire la part des choses. Ce n’est pas à Sanogo qu’il faut en vouloir. Ce n’est pas non plus Didier Dacko qu’il faut blâmer d’avoir accepté sa promotion entièrement méritée. Ce n’est pas la peine de rappeler l’oubli d’accorder une promotion à la seule dame de fer sur le théâtre des opérations, ni au Colonel Gamou. Car ce n’est pas la peine d’attiser le feu allumé par Dioncounda Traoré qui est le seul et unique fautif de cette promotion. Le promu Amadou Haya Sanogo n’en est pour rien. Nous aimons notre pays, nous devons le préserver d’une nouvelle crise. Nous craignons d’ailleurs pour le tout nouveau président qui aura à gérer les conséquences de cette maudite décision prise par Dioncounda. Car la promotion de Sanogo pouvait attendre. Le peuple malien saurait demander cette promotion si c’est ce qu’il souhaitait. Surtout lorsque même à titre posthume on aurait procéder à décorer et honorer ceux qui ont accepté le sacrifice ultime sous le drapeau notamment ceux égorgés à Aguel’hoc, ou tués ailleurs sous les balles ennemies, sans oublier ceux qui actuellement se battent pour ce pays.
A ceux qui, par presse interposée, sont en train de mettre davantage de l’huile sur le feu, au Capitaine Touré qui vient de nous écrire une fois de plus, nous disons que l’heure n’est pas à la déchirure, mais plutôt à la reconstruction du tissu social tant éprouvé par les douloureux événements que nous venons de traverser. Nous ne devons pas évoluer de crise en crise. Attendons de voir le Président élu dans la plénitude de ses fonctions pour la réalison de son vœu ardemment exprimé lors de sa campagne électorale : ” Le Mali d’abord, pour l’honneur et le bonheur des Maliens “. Dioncounda fait désormais partie du passé. Ensemble, regardons vers l’avenir pour un meilleur devenir !
Mamadou DABO