Projets de société des candidats à l’élection du Président de la République : Comment le candidat Mara financera son programme ?

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Les excédents des ressources de la banque centrale (la BCEAO) qui sont déposés auprès du trésor français et qui dorment tranquillement là-bas, faire participer les pays de la sous région au financement de certains projets d’intérêt régional, réduction des voyages des agents publics, réduction du faste des cérémonies publics… sont entre autres pistes évoqués par Moussa Mara pour financer son ambitieux programme.

 

Après avoir publié un premier article sur le projet de société du candidat Mara, nous l’avons rencontré le jeudi 2 février pour qu’il explique aux maliens comment il compte financer son programme et quel comportement il adoptera vis-à-vis des partenaires qui s’imposent souvent à nos décideurs quant à la conduite de certaines politiques.

Où viendront les 3000 milliards nécessaire au financement de l’aménagement de 1 million d’hectare ?

Les 3000 milliards sont aujourd’hui au dessus des possibilités du Mali. Nous avons décidé de faire de cette initiative une initiative régionale en Afrique de l’ouest soutenue par les fonds du Programme Economique Régional, soutenue par les excédents des ressources de la banque centrale qui sont déposées auprès du trésor français et qui dorment tranquillement là-bas, soutenue par les investisseurs privés qui pourront réaliser une partie et soutenue aussi par le budget national. Déjà, le budget national investi chaque année 220 milliards dans les investissements de toute sorte. Si on oriente même seulement la moitié de ce montant  vers cette initiative, on fera un grand pas… C’est donc un pacage de financement, sinon le Mali seul ne peut pas …

Pour la concrétisation des autres propositions, notamment l’augmentation générale des salaires de 10% qui coûtera 30 milliards de f CFA,  le candidat de YELEMA prévoie une gestion rigoureuse des ressources de l’Etat en limitant les voyages et missions, en réduisant le faste des cérémonies publiques entre autres mesures.

Comment concilier la suppression de la fonction publique des collectivités et le transfert des ressources de l’Etat aux collectivités ?

Oui, j’ai proposé la suppression de la fonction publique des collectivités. Mais la suppression de la fonction publique des collectivités ne veut pas dire la suppression des fonctionnaires des collectivités. Je supprime la fonction publique des collectivités parce qu’elle est considérée aujourd’hui comme une sous fonction publique, une fonction publique de seconde zone. C’est ce que je ne veux pas entendre parler. Je veux une seule fonction publique pour tous les agents. Et dans cette fonction publique tous les agents seront traités de la même manière… 

Comment va-t-il- se comporter avec les partenaires qui soutiennent la fonction publique des collectivités car étant la suite logique de la décentralisation selon eux?

Mon souci n’est pas les partenaires, mais le Mali ! Les partenaires du Mali sont des acteurs de notre développement, ils nous accompagnent, ils nous conseillent, ils nous aident. Ce qui est bon pour nous, c’est nous qui devons le décider… Donc, les partenaires sont nos amis. Mais ce n’est pas eux qui doivent décider ce que nous devons faire et avec moi, ça ne sera pas comme ça…

Comment réaliser son ambitieux programme éducatif dans un contexte d’ajustement structurel de l’éducation ?

Je vous assure que ce n’est pas seulement l’école qui est sous ajustement, c’est tout l’Etat qui est sous ajustement. Et puis l’ajustement n’est autre chose qu’une mesure de rigueur pour un bon père de famille. C’est ça l’ajustement, ce n’est pas une catastrophe ! Mais s’il n’est pas bien organisé et expliqué, ça peut aboutir à des situations comme c’est le cas souvent dans nos pays.

Les mesures que nous préconisons au niveau de l’éducation ne nécessiteront pas des ressources qui sont au dessus de nos capacités. Le budget national en collaboration avec les projets et programmes qui sont déjà engagés dans l’éducation suffira à mettre en œuvre notre politique éducative. Avec moi, on fera l’éducation de nos besoins après un référendum… Et puis, les partenaires ne sont pas là pour nous enfoncer, c’est nous-mêmes qui nous enfonçons. Même si un partenaire arrive à nous enfoncer, c’est qu’on l’a laissé faire. Il faut donc que nous-mêmes soyons des responsables, organisés et nous prendre en charge comme des grandes personnes et non comme des enfants. C’est ça le soubassement de mon programme, l’indépendance sur tous les plans. A commencer par l’indépendance d’esprit. Nous devons trouver des solutions, par nous-mêmes à nos problèmes et aller chercher des partenaires qui vont nous aider à les réaliser…

Et les grèves infinissables des enseignants ?

Il n’y a pas d’école sans enseignants. Mais il faut que les organisations d’enseignants se placent dans une logique d’accompagnement à long terme… Car ce que nous préconisons est basé sur le long terme. Nous nous donnons 20 ans pour redresser l’école. Dans ce programme, l’enseignant occupe une place importante. Mais pour le réaliser, il va falloir que chacun fasse des efforts… Donc, je pense qu’il faut situer le partenariat avec les enseignants en perspective : voilà ce que nous ferons dans le long terme, voici des mesures que nous allons prendre à court terme. En ce moment, si on est responsable, il ne doit pas y avoir de problème.

Et l’AMO ?

Je suis pour une assurance maladie. Mais je ne veux pas obligatoire. Une assurance maladie est une meilleure façon de lutter contre la pauvreté et un moyen de solidarité entre les gens… L’erreur au Mali, c’est qu’on a tendance à orienter l’assurance seulement vers les salariés. Or ceux-ci ne représentent que 7% de la population. Il faut plutôt penser à faire en sorte que tout le monde soit couvert. Le Sénégal a presque réussi cela. Les professions libérales, les artisans, les femmes qui vendent au marché… sont tous couverts par un système officiel d’assurance maladie au Sénégal. Et c’est aussi un moyen efficace de collecter l’argent pour financer l’économie… Ce qui a manqué à l’AMO, c’est la communication.

Le foncier ?

Quand nous avons demandé le candidat Mara, de surcroît Maire, de nous dire dans les grandes lignes ce que son programme prévoie pour résoudre le problème du foncier, il répond « dans les grandes lignes, il faut que l’Etat : résolve les litiges courant actuels sur le foncier à Bamako,  autour de Bamako et dans certaines capitales régionales ; enlève les cessions foncières aux prérogatives des maires et les obliger à faire des logements sociaux, en est mot, empêcher les maires de vendre des parcelles ; s’approprie la gestion domaniale et passe à travers les acteurs de promotion immobilières comme l’ACI pour céder les parcelles aux enchères. Vous me direz que les pauvres ne pourront pas payer. Je vous dirais qu’aujourd’hui, les pauvres ne payent pas non plus les parcelles. Quand vous donner une parcelle à un pauvre, il va la vendre parce qu’il n’a pas l’argent pour construire. Et tout cela alimente la spéculation foncière. C’est un logement qu’il faut donner à un pauvre. Il faut mettre en place ce système. Que ceux qui ont les moyens puissent acheter aux enchères les parcelles avec l’Etat et construire des maisons. C’est ce qui va renflouer les caisses de l’Etat plutôt que d’enrichir des particuliers. Et l’Etat pourra utiliser les ressources générées par la vente des parcelles dans la construction de logements sociaux pour les pauvres… Les besoins du Mali en logements sociaux, c’est 400 000. Sous ATT, on n’a construit que 15 000. Imaginez l’écart…

Quand nous avons rencontré le candidat Mara, avant tout propos, il a tenu à témoigner tout son soutien à l’armée nationale dans sa lutte contre les bandits armés. Il a aussi présenté ses condoléances les plus sincères aux familles des soldats tombés sur le champ de l’honneur et souhaité prompt rétablissement aux blessés. Il a également souhaité que le Gouvernement mette l’armée dans toutes les conditions pour qu’elle fasse bien une guerre qui a été imposée au Mali. « Une guerre qu’on ne peut pas éviter, on ne peut que la faire », a-t-il conclu.

M’pè.

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3 COMMENTAIRES

  1. Mara est le seul candidat à donner les détails de son programme, pendant que les autres sont entrain de chialer aux cotés des pauvres gens en les distribuant des sucres et sels en contre parti de leurs éventuelles voix.
    Mais ce qui me chagrine le plus, c’est que la plupart des internautes ne ne débâtent jamais sur le programme de Mara qui est le seul candidat à avoir le courage de nous le faire partager chaque semaine sur maliweb. et pourtant chaque fois que IBK-SOUMI-MODIBO apparaissent sur maliweb, vous internautes passent votre temps à étaler vos idées sur eux sans savoir à fond les tenant et les aboutissant de leur programme. Certe Mara est jeune et sans beaucoup d’expériences politiques mais il est l’un des rares candidats à proposer un schema de développement raisonnable pour le Mali.

    • Bonjour Djig,
      Vous savez au Mali on aime pas que les gens qui sont rigoureux: ceux qui trichent pensent que se dernier est méchant alorsque le plus méchant c’est celui qui s’approprie les biens des pauvres.
      Tout le monde voit le bon et le mauvais.
      IL a mis en place un système appélé 20/20 c’est de faire 20 conférences en 20 semaines. Cette stratégie a pour but d’étaler son programme au malien.

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