Au cours d’une rencontre tenue le dimanche 21 mai dernier au domicile de leur camarade Modibo Kadjoké, ancien ministre, les anciens de l’AEEM regroupés au sein du CRS (Cercle de Réflexion et de Solidarité des Anciens de l’AEEM) ont débattu sur le projet de révision de la constitution de janvier 1992. Dans leur grande majorité, ils ont estimé que le moment n’est pas assez propice pour une révision constitutionnelle.
Créé en 2009d’après son président Issa Mariko, le Cercle de Réflexion et de Solidarité des Anciens de l’AEEM (CRS) compte jouer pleinement son rôle dans le progrès du pays. C’est dans cette optiqueque ses membres se retrouvent chaque mois autour de la table chez un de leurs camarades pour débattre des sujets intéressant la vie de la nation. Le dimanche 21 mai dernier, ils étaient chez Modibo Kadjoké, ancien ministre et ancien DG de l’APEJ, non moins président du parti APM-Maliko. Issus de toutes les sensibilités politiques et de la société civile, les anciens de l’AEEM ont débattu sur le projet de révision de la constitution de janvier 1992.
Avant l’ouverture des débats, Issa Coulibaly, juge administratif désigné principal conférencier a éclairé la lanterne des participants sur les grandes lignes du projet de constitution. Il a précisé que la révision est partielle et non totale etqu’elle ne concerne ni la durée ni le nombre de mandat présidentiel qui est de 5 ans et renouvelable une seule fois. Le changement majeur proposé dans le nouveau projet de constitution selon lui, est le renversement de l’ordre constitutionnel. Car explique-t-il, le parlement sera composé de deux chambres dont l’Assemblée nationale et le Sénat qui sera créé en remplacement du Haut Conseil des Collectivités. Par ailleurs, le nouveau texte prévoit que désormais, le président de la Cour Constitutionnelle soit nommé par le président de la République et non par ses collègues de cette Cour. Toute chose qui, selon le conférencier Issa Coulibaly peut constituer une entrave au processus démocratique.
Cependant, le conférencier tout comme la majorité des participants ont estimé que le moment n’est pas propice à la révision du texte fondamental. Car disent-ils, une partie du territoire échappe toujours au contrôle de l’Etat. Tandis que d’autresestiment que la charte du Mandé ou de Kouroukanfouga à laquelle le nouveau projet de texte devra se référer comporte des faiblesses. Mais aussi, ils pensent que cette charte ne prend pas en compte les valeurs socioculturelles de toutes les communautés du Mali.
Une idée à laquelle, l’ancien ministre Modibo Kadjoké et d’autres participants se sont opposés. Car pour ces derniers, les Maliens doivent s’accepter dans leur diversité et faire fi de leur égo pour avancer.
« Il n’y a aucun pays au monde où une référence fait l’unanimité. En France, le français n’est pas la langue de tous les Français, aux USA, l’anglais n’est pas la langue maternelle de toutes les communautés mais ils ont accepté de travailler avec cette langue. Chez nous, la langue officielle est le français, notre constitution est calquée sur celle de la France. Nous avons accepté cela. Comment est-ce que nous pouvons rejeter une partie de notre propre histoire, celle de l’Empire du Mali ? », a déclaré l’ancien ministre Modibo Kadjoké. Pour qui, il n’y a aucune raison que les Maliens puissent accepter de travailler sur la base d’une constitution française et renier leur propre histoire.
Par ailleurs, il a précisé que le projet de révision de la constitution se justifie par plusieurs raisons autres que la mise en œuvre de l’accord paix. A titre d’exemples, il a cité la loi sur le quota adoptée par l’Assemblée nationale, qui selon lui, est contraire à l’actuelle loi fondamentale qui proscrit toute discrimination basée sur le genre.
En clair pour Modibo Kadjoké, le texte doit être révisé en profondeur pour l’adapter à nos réalités socioculturelles.
Lassina NIANGALY