Si la crise sociopolitique de 2012 avait fait souffler un vent de discrédit sur la classe politique, le changement politique du 18 août dernier est en passe de conduire à une recomposition du landernau national.
C’est ainsi que l’ADEMA-PASJ et d’autres partis politiques d’envergure ont essuyé de nombreuses critiques relatives à leur rôle de « partis de gouvernement ou de pouvoir ». Leur absence sur le terrain de la veille citoyenne ou de la critique constructive avait été abondamment décriée. Et des associations avaient embouché la trompette du dénigrement voire de la conspiration pour décrier le bilan plutôt mitigé du mouvement démocratique, en général. Ce contexte n’a pas changé la donne ; puisque les élections qui ont suivi ont toujours plus ou moins conforté ces « grands partis » du moment, en particulier le RPM et l’ADEMA-PASJ.
Mais il semble que la crise politique de ces deux dernières années a révélé la nécessité de refonder la gouvernance politique du pays. Cela a été aussi et surtout dénoté par ce qu’on peut appeler « l’échec » de l’accord politique de gouvernance d’avril 2018. Cet accord, ayant ramené des partis d’opposition dans la sphère gouvernementale, n’a pas permis d’éviter la contestation du régime. Laquelle aboutira à sa chute. Cet échec et la crise politique subséquente semblent pousser certaines formations politiques à croire en une certaine virginité pour l’avenir proche du pays.
Ainsi, dans la perspective des positionnements pour les prochaines élections générales, les acteurs politiques mettent en branle leurs affinités pour nouer des alliances porteuses. C’est ce qui risque de pousser des partis comme la CODEM, l’ADEMA-PASJ, le RPM, le PARENA, le PDES à se situer dans le sillage de l’ancien pouvoir. Puisque ces différents partis ne renient pas leur part de bilan dans la gouvernance IBK. Les uns et les autres confient vouloir « travailler » à améliorer ce qui peut l’être pour aider à la refondation.
Cette dynamique, selon plusieurs observateurs, s’explique par le fait que le RPM et l’ADEMA-PASJ, en particulier, n’ont pas su s’opposer au « coup de force » dont a été victime leur régime. Ces deux partis avaient-ils conscience que l’heure est à une recomposition de la classe politique ? Rien n’est moins sûr. Mais cela n’empêche pas qu’au sein de ces partis, certains cadres et militants sombrent dans la démotivation et dans la déception. Ceux-ci chercheront à se relancer sous d’autres cieux politiques.
En clair, les partis les moins touchés par ce vent de déception et de démotivation devraient se réorganiser en vue de créer de nouveaux pôles politiques pour aller à la conquête du pouvoir. C’est cette tentative qui est en cours avec l’Alliance Djiguiya Kura ou Espérance Nouvelle, conduite par la CODEM d’Housséini Amion Guindo, qui vient de se rapprocher du PARENA, du PIDS. Cette alliance peut-elle aboutir à la création d’une nouvelle formation politique ? Rien ne permet de l’écarter. Cette entité pourrait être consolidée par des transfuges du RPM, de l’ADEMA et d’autres partis politiques lilliputiens.
De son côté, le Parti comme l’URD de Soumaïla Cissé va renforcer son alliance au sein du FSD avec des formations comme le MPR, le CNID, le MODEC et d’autres petits partis. Pendant ce temps, l’on annonce que l’ASMA-CFP de Soumeylou Boubèye Maïga lorgnerait vers l’ARP de Tiéman Hubert Coulibaly en donnant la main au MPM de Hadi Niangado, au PS Yelen Kura d’Amadou Koita et au FDP Malikura d’Amadou Thiam. Ces alliances se font aussi et surtout dans la perspective de la mise en place du Conseil national de la Transition (CNT), haut lieu politique des débats en vue sur les futures réformes du Mali nouveau.
En définitive, avec ces positionnements, l’on pourrait enregistrer quatre pôles politiques majeurs qui vont se lancer dans la course pour les élections générales de 2022.
Boubou SIDIBE/Maliweb.net