Le nouveau Premier ministre du Mali, Moussa Mara, pourra-t-il réussir là où son prédécesseur Oumar Tatam Ly a échoué ? La question mérite d’être posée d’autant plus que rien ne présage d’atouts solides dont le nouveau locataire de la Primature peut se prévaloir.
Entre Moussa Mara et Oumar Tatam Ly, la différence réside certainement dans le fait que le premier est un homme politique neuf et le second un technocrate pur. Sinon ce qui unit les deux hommes semble être plus important que ce qui les différencie. Ils ont en commun l’appartenance à une même génération à la mentalité certainement différente de celle de leur mentor et président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, qui est de la vieille génération.
Est-ce la raison pour laquelle les évolutions qu’Oumar Tatam Ly avait souhaitées apporter au gouvernement n’ont pu convaincre le chef de l’Etat ? En tout cas, dans sa lettre de démission, l’ancien Premier ministre dégage des pistes qui montrent des divergences de vue entre les deux hommes qui pourraient être dues à cette différence de génération et de mentalité. Et c’est là un dilemme cornélien qui attend le nouveau Premier ministre du Mali : concilier les mentalités de deux générations parfois antagonistes.
Mais, il n’aura pas qu’à faire face à cette seule équation. Il y a aussi la gestion des faucons du parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (RPM), dont les interférences dans la gestion des affaires de l’Etat sont, à la limite, insupportables. C’est une lapalissade de dire que la nomination de Moussa Mara à la Primature n’a pas été du goût des caciques du RPM.
Ce n’est pas pour rien que le RPM, qui compte 70 députés à l’Assemblée nationale, n’a fait que prendre acte de la nomination de Moussa Mara. Ce n’est pas pour rien que le même Moussa Mara a été froidement accueilli lundi dernier à l’Assemblée nationale à l’occasion de l’ouverture de la session d’avril. Et ce n’est pas pour rien que les députés RPM ont souligné au secrétaire général de la présidence, Toumani Djimé Diallo, venu à leur rencontre le mercredi 9 avril 2014 par rapport à la nomination de Moussa Mara, qu’ils ne comprennent pas certaines décisions du chef de l’Etat. Surtout lorsqu’on dit que ces propos sont d’un certain Karim Kéita !
Ecueils
Il y a là des signes qui ne trompent pas et bien que Moussa Mara soit aussi de la majorité présidentielle, il n’est pas évident que les appétits gloutons du parti présidentiel puissent l’épargner.
Quelqu’un disait que fort de sa majorité à l’Assemblée nationale, le RPM est déterminé à s’emparer de la Primature et à tous les prix. Un autre est allé loin en expliquant qu’il y avait une opération Primature au RPM, où la tête d’Oumar Tatam Ly était mise à prix par un groupe. Dans tous les cas, on a eu la tête de Tatam Ly mais pas la Primature pour l’instant, car IBK a pris tout le monde de court : en bombardant Moussa Mara Premier ministre.
Le Premier ministre et président du parti Yéléma n’a pas que ces écueils à dompter. Il y a le cas de l’indiscipline gouvernementale. Certes, il a prévenu ses futurs collaborateurs dans sa première déclaration, mais sera-t-il entendu ? Il est dit que certains ministres du précédent gouvernement refusaient de se soumettre aux ordres de Oumar Tatam Ly et préféraient rendre compte directement au chef de l’Etat. Ce qui n’est pas sans créer les dysfonctionnements dont a parlé le PM sortant dans sa lettre de démission.
“Au regard des dysfonctionnements et des insuffisances que j’ai relevés dans la marche du gouvernement, qui réduisent grandement sa capacité à relever les défis qui se présente à lui, il m’est apparu nécessaire de lui imprimer, au sortir des élections législatives, dans un environnement institutionnel devenu défavorable, des évolutions propres à lui conférer davantage de cohésion et à le doter de compétences accrues lui permettant de mettre en œuvre les changements attendus par vous-même et le peuple malien. Je n’ai pas pu vous convaincre de la nécessité de ces évolutions, lors de nos entretiens des 2, 3 et 16 mars ainsi que du 4 avril 2014. En conséquence, en considération de ces vues différentes, qui ne me mettent pas dans les conditions de remplir la mission que vous m’avez confiée, je suis au regret de vous présenter ma démission du poste de Premier ministre du gouvernement de la République du Mali”, a souligné Oumar Tatam Ly.
Des dysfonctionnements que M. Ly voulait certainement corriger en renvoyant ces ministres en question. Mais il a échoué et en a donc tiré les conséquences. Mara pourra-t-il s’imposer dans ces genres de situations.
Wait and see !
Abdoulaye Diakité
Pour tout observateur ayant suivi le parcours du jeune pm c’est un jeune loup de la politique il peut relever n’importe quel défi suffisamment intelligent pour le driblePour les mines ne vous en faites pas.
Il ne peut s’imposer en s’opposant pour deux raisons:1- il vient d’un parti politique donc à la recherche du pouvoir politique alors systématiquement opposant à IBK pour les élections à venir (5ans), 2- IBK a cherché le pouvoir avec le RPM n’oubliez pas avec tout un chapelet de souffrance.On ne peut pas dissocier un parti politique qui est au pouvoir avec le pouvoir.
IBK a à mon avis géré la démission de Mr Ly en féodal malinké. Ly est son fils il n’entend pas commissionner son enfant et qu’il refuse.Mais par précipitation,on multiplie le problème. La précipitation est déconseillée en matière de gestion des affaires de l’État.
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