Primature : Mara peut-il réussir là où Tatam Ly a échoué ?

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Moussa Mara - rebond
Moussa Mara

Si Oumar Tatam Ly était réputé un gros bosseur, mais limité dans la connaissance de l’arcane politique et de ses coups tordus, son successeur à la primature, Moussa Mara jouit lui, du préjugé favorable d’être non seulement bosseur mais aussi fin connaisseur du marigot politique national.  Cet avantage permettra-t-il à l’expert comptable et président du parti Yelema  de réussir là où le banquier a échoué ? On peut en douter si l’ancien ministre de l’Urbanisme et de la politique de la ville doit diriger l’action gouvernementale dans les mêmes conditions que son prédécesseur.

 

Moussa Mara pouvait-il s’attendre à ce que cette haute responsabilité de chef du gouvernement lui soit confiée dans les conditions d’un départ précipité de celui qu’il remplace ? Rien n’est moins sûr. Oumar Tatam Ly non plus ne pouvait présager des difficultés qui ont été les siennes à la primature et qui l’ont poussé à rendre le tablier, le samedi 5 avril dernier. Dans la lettre explicative de son départ inattendu de la tête du gouvernement, l’ex-patron de la cité administrative a laissé entendre qu’il n’a pas bénéficié de la marge de manœuvre souhaitée dans ses missions primatoriales. Il n’a pas pu, par exemple délester l’équipe gouvernementale de certains cadres au pedigree particulier pour l’étoffer avec d’autres compétences de meilleure qualité. Oumar Tatam Ly aurait eu aussi quelques soucis de “coexistence pacifique” avec des caciques du RPM, le parti d’Ibrahim Boubacar Kéita. On peut, dès lors, s’interroger sur le sort que ceux-ci vont réserver à Moussa Mara.

 

 

En choisissant le jeune leader du parti Yelema comme Premier ministre, IBK a fait un pied de nez aux cadres du parti du tisserand. C’est surtout un véritable camouflet administré au parti majoritaire (70 députés) à l’Assemblée nationale. Il semble que le locataire de Koulouba ait pris cette décision comme une revanche. Eu égard au fait que son option pour Abdrahamane Niang comme président de l’Assemblée nationale n’a pas été suivie par les dirigeants du RPM, qui ont préféré jeter leur dévolu sur Issaka Sidibé. La célérité avec laquelle le nouveau Premier ministre a été nommé est un indice de cette volonté d’IBK de montrer à Bokari Tereta, Mamadou Diarrassouba et autres que le RPM n’a droit à aucun privilège particulier.

 

 

Or, le fait que Moussa Mara ait son agenda politique personnel et ne cache pas son ambition de jouer un rôle de premier plan dans les années à venir risque d’attiser l’hostilité du RPM à son encontre. On ne peut oublier que, pendant longtemps, l’ex-maire de la Commune IV a été considéré par les cadres et militants du RPM comme un adversaire dangereux, un jeune loup aux dents longues à abattre.

 

 

Dans ces conditions, comment le fils de Joseph Mara peut-il ménager les susceptibilités pour tirer son épingle du jeu primatorial, bien apparenté au rôle que joue un fusible dans un dispositif électrique ? Comment encaisser les coups sans les rendre et, en même temps, bien coordonner l’action gouvernementale, dans une équipe dominée par les cadres du RPM ?

 

 

En outre, il est de notoriété publique que le jeune expert comptable possède une forte personnalité. Comment pourra fonctionner harmonieusement le duo IBK-Moussa Mara dans la mesure où le premier est réputé impulsif et prompt à taper du poing sur la table ? Le nouveau PM sera-t-il le godillot ou l’homme lige qu’Oumar Tatam Ly n’a pas su ou voulu être ? On peut redouter pour la nécessaire complicité qui devrait s’installer entre les deux têtes de l’exécutif.

 

 

Le premier signal qui va rassurer sur la bonne intelligence entre IBK et Mara sera l’équipe gouvernementale qui sera bientôt mise en place. Le dosage des forces politiques au sein de ce gouvernement sera un indice des chances de succès de l’exécutif en général et de ses deux têtes en particulier. L’alinéa 2 de l’article 38 de la Constitution précise que “sur proposition du Premier ministre, le président de la République nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions”. Mais on ne doute pas que Moussa Mara ne devra, a priori, qu’entériner les choix opérés par le locataire de Koulouba. Les colorations politico-sociales des portefeuilles de souveraineté et des ministères clés constitueront un baromètre  pour savoir à quelle sauce le nouvel intendant de la cité administrative sera mangé.

 

 

D’ores et déjà, on peut craindre que Mara rencontre bien des difficultés pour éviter les nombreuses peaux de banane que plus d’un acteur politique ne manquera de glisser sur son parcours.

                   

      Bruno Djito  SEGBEDJI

 

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3 COMMENTAIRES

  1. une seule hirondelle ne fait pas le printemps!chers amis laissons le nouveau premier ministre faire ses preuve!

  2. Si MARA semble intelligent, prolixe d’idées et adepte de bonne gouvernance, il est utile de rappeler l’autre face du tableau: soutien aux putschistes en son temps, à Dioncounda, enfin à IBK. Demain avec l’URD? Donc un nomade politique. Recherche du pouvoir à tout prix? On se rappelle qu’il a été le premier Maire à déclarer publiquement ses biens à l’entrée, mais pas à la sortie. Mais dans le gouvernement IBK, il ne s’est même pas dérangé à les déclarer publiquement à la rentrée. Parce que, nous aurions fait les rapprochements comptables? IBK non plus d’ailleurs.
    CONCLUSION: L’HOMME MARA, INITIALEMENT FERVENT ADEPTE DE TRANSPARENCE, DEVIENT DE PLUS EN PLUS TRANSPARENT.Il faut prier pour que de vertigineuse ait été la percée de Moussa Mara, plus dure ne soit sa chute. Car le RPM, constitué de nomades au ventre et au bas ventre vide ne lui fera pas de cadeau, s’il ne leur donne pas à manger comme on dit chez nous. Des peaux de banane, il en aura assurément. Le poste de Premier Ministre est conçu par nature pour tuer les talents, un fusible qui pète à tout moment, un cadeau empoisonné. Ici comme ailleurs. Ce n’est pas sans rappeler un certain capitaine bombardé général. Tenez : Zoumana Sacko, Younoussi Touré, Ousmane Issoufi Maiga, Ag Hamani, Cheick Modibo Diarra, Tatam Ly. Tous, sans exception, étaient des cadres de haut vol ayant obtenu des résultats incontestables en tant que ministre ou autre. Et dans un pays impuissant, sous tutelle amusée de SERVAL et de l’AMUSEMA, avec une société civile habituée aux réveils en sursaut…

  3. Pourquoi pas inchaallah,nous prions pour qu’il reussisse parce qu’il n’a pas d’autre choix que de reussir ,pas parceque son nom est MOUSSA MARA mais parcequ’il s’agit du Mali,notre patrie.

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