Primature : C.M.D part, l’Etat continue

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Conduit manu militari à Kati sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo dans la nuit du lundi 10 décembre, le premier ministre Cheick Modibo Diarra a été amené à démissionner. Désormais, c’est Diango Sissoko, jusque là Médiateur de la République, qui est le locataire du logement de la primature… L’Etat continue donc. Mais cette démission est loin de livrer tous ses secrets.

Cheick Modibo Diarra

A bien des égards, ce à quoi nous assistons à Bamako depuis le mardi 11 décembre donne à comprendre que tous les ingrédients d’une espèce de série B sont réunis pour concentrer l’attention du citoyen lambda. En effet, le Premier ministre de pleins pouvoirs, comme il aimait à le dire lui-même, Cheick Modibo Diarra, n’est vraisemblablement plus qu’un souvenir que les Maliens garderont comme une relique ! Mais ce qui frappe, de l’avis de nombre de commentateurs de l’actualité, est que sa démission n’ait provoqué aucun bouleversement, chose qui ne peut rester inexpliquée d’autant que dans l’opinion nationale il ne manquait pas de soutiens qui trouvaient qu’il avait les dispositions requises pour tirer le pays de la déliquescence sociopolitique dans laquelle il est tombé. Pourtant, le constat qui s’impose est que cela semble avoir eu un effet boomerang, car l’homme avait commencé à décevoir plus d’un…

De fait, l’une des tentatives d’explication à cette démission, aux dires du chef des putschistes du 22 mars, réside dans le fait que le premier ministre était devenu à ce point « ambitieux » qu’il voulait « désigner le dernier planton dans son service ». De plus, il organisait « des marches de protestation en sa faveur » et « devenait réellement un danger pour ce pays ». Et de relever que le premier ministre se rendait le lundi à « Paris alors que les concertations devraient avoir lieu le mardi ». Alors, Cheick Modibo Diarra est-il exempt de reproches ? Ce qui est sûr, effectivement, c’est que dans ce qui se présentait désormais comme un triumvirat malien, il était devenu le menu fretin qu’il était banal de mettre sur la touche à tout moment. C’est ce qu’il n’a pas, du reste, réalisé et c’est pourquoi s’est-il jeté à l’eau en engageant un rapport de force avec le président de la République voire avec la soi-disant ex-junte, dont il a en finalité été victime.

De même, cet évènement soulève une question destinée à saisir le rôle réel des putschistes de Kati dans le processus de transition, même si leur chef dans son intervention a encore une fois sacrifié à la tradition en inscrivant cette énième « gaffe » dans l’intérêt supérieur de la nation.

Cheik Modibo, la bête noire…

Il ne serait pas biscornu de relever que la disgrâce du premier ministre démissionnaire n’est pas sans relation avec le rapport tendu qu’il entretenait avec le gros des formations politiques, pimenté par une féroce guerre des mots dépourvue de toute courtoisie. Et d’aucuns se sont même avancés jusqu’à dire qu’il a voulu gérer les affaires à la mesure de sa volonté. Mais c’est surtout l’organisation des concertations nationales qui a été la véritable pomme de discorde, car à ce sujet certaines formations politiques se sont senties déconsidérées du fait justement qu’elles n’ont pas été associées à la rédaction des termes de référence, que leur avis n’a pas été recueilli…et  du coup ont refusé d’y prendre part, conduisant ainsi à un report à deux reprises. Et là encore, la responsabilité du P.M a été dénoncée. Or, à croire le président intérimaire, Dioncounda Traoré « on ne peut faire économie des concertations nationales ». A vrai dire, on le devine aisément, avec la démission de Cheick Modibo Diarra, le baromètre sociopolitique indique que le temps n’était pas au beau fixe. Et le grand perdant apparemment se nomme Cheick Modibo, car au plan politique, il est digne de remarquer que son image en a pris un sérieux coup et son décollage politique fut un raté.

L’Etat continue et reste

Dans la logique du principe d’après lequel l’Etat est une continuité voire une chaîne dont le prolongement ne dépend de la mort ou de la vie de personne, le Mali a eu un nouveau premier ministre du nom de Diango Sissoko. Docteur en droit, il était jusque là Médiateur de la République. Il aura désormais la lourde tache de diriger un gouvernement dont la composition sera connue d’ici à la fin  de la semaine. Notons que la plupart des ministres du gouvernement démissionnaire, selon le président intérimaire, pourraient être reconduits !

Boubacar Sangaré              

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5 COMMENTAIRES

  1. Les groupes armés barbus dirrigent le nord et les groupes armés buveurs d’alcool dirrigent le sud.

  2. Comment voulez vous que Dioncounda puisse faire démissionner un PM incompétent,manipulateur,expert des déclarations intempestives et malveillantes,gonflé, imbu de sa personne qui ne reconnait même pas le pouvoir du Président….constitutionnellement établi

    Dioncounda aurait tenté de lui demander sa démission, que les forces sauvages du mal auraient bondi encore une fois pour le condamner voire l’agresser une seconde fois….

    Alors la seule solution devant son entêtement et piteuse performance est de le faire déposer par ceux là mêmes qui l’ont fait venir et qu’il supportait aveuglément pour son propre agenda de restauration de l’ordre GMT UDPM et la confiscation du pouvoir….

    Il n’a eu ce qu’il meritait depuis longtemps…Comment ‘Maudit Bo Diarra’ peut se permettre de vouloir quitter le pays au moment où celui ci s’apprêtait à organiser des concertations nationales pour trouver des issues à la crise sans précedent….. Il n’a vraiment aucun sens de la responsabilité…. et de la chose nationale….

    Non ….. Pour une fois Sanogo a posé un acte de salubrité publique il faut le reconnaitre…. Même si l’on est contre le lièvre il faut reconnaitre qu’il court vite et bien… dit on…

  3. Le lièvre et la tortue

    Lancé sur orbite le 17 avril 2012 après signature d’un accord cadre entre la junte militaire de Kati et la Cedeao devant permettre le retour à l’ordre constitutionnel normal au Mali après le coup d’état du 22 mars, l’ancien premier ministre Cheick Modibo Diarra, a été forcé de démissionner dans la nuit du 11 au 12 décembre 2012.

    Cette malheureuse et rocambolesque épisode du feuilleton malien est l’épilogue d’un bras de fer inutile et inopportun au sommet d’un état malade, souvent polissé mais réel et permanent entre un premier ministre “pleins pouvoirs” anticonstitutionnellement nommé, et un président par intérim particulièrement impopulaire d’un retour difficile à l’ordre constitutionnel dans un pays très pauvre, illettré, attaqué de partout et presque sans défense.

    Dur dur d’être le Mali!

    “Libérer les régions nord du pays et organiser les élections générales” voilà les deux missions assignées à CMD et à son gouvernement, mais ni l’une ni l’autre n’a jamais eu le début de solution, pourquoi?

    Tout d’abord le couple exécutif malien (Dioncounda, CMD) n’a jamais reçu à danser le Tango malien de sortie de crise.

    CMD, au début, très proche de la junte dont il s’accommodait parfaitement les agissements d’empiètements sur sa transition “pleins pouvoirs”, n’a pas été assez ferme non seulement lors du passage à tabac du Président Dioncounda, mais aussi pendant les multiples arrestations extrajudiciaires voire des agressions injustifiées et intolérables de la Gestapo de Kati sur les politiques, les journalistes et d’autres citoyens ordinaires.

    Cette stratégie d’endossement de ses “pleins pouvoirs” aux caprices d’une junte militaire avide de pouvoir, dans le but de les voir consolider, a permis, à CMD, d’être aux petits soins de Kati (loi d’amnistie, loi de transformation du Cnrdre et non sa dissolution comme réclamée par la communauté internationale et la Cedeao, confiance renouvelée à l’armée malienne quand cette même Cedeao veut sécuriser les institutions à Bamako par les troupes étrangères ).

    Ce rapprochement avec la junte, destiné, à court terme, à consolider son pouvoir dans la transition face à un Dioncounda affaibli à l’extrême, va par contre fragiliser CMD sur le plan international, au fil des mois, où il est désormais vu dans les chancelleries occidentales comme un problème et un blocage aux efforts de la Cedeao pour la restauration de la démocratie et pour une éventuelle intervention militaire étrangère.
    CMD était tellement perçu comme l’homme de Kati à tel point il était carrément ignoré dans les sommets à répétition de la Cedeao qui lui préférerait Dioncounda.

    Flanqué des ministres régaliens Cnrdre (défense, sécurité, administration territoriale), CMD était constamment à porte à faux avec Dioncounda (durée de transition, intervention militaire étrangère, négociation, concertations nationales…) à point que le Tango malien faisait plutôt “coupé décalé”.

    Les prémisses de la fragilisation internationale, amènent au contraire CMD à s’accrocher et à s’affirmer davantage (son gouvernement travaille à mettre le Mali à l’abris de la cessation des paiements malgré la suspension de la coopération internationale, il envisage de faire l’audit des services publics, traque les faux diplômes de la fonction publique, multiplie les voyages hors du Mali, les nominations, les communiqués de condamnation…)

    La politique d’affirmation va jusqu’à planer le doute sur sa participation personnelle comme candidat aux futures élections que son gouvernement peine plutôt à organiser.

    Le ministre Cnrdre de l’administration territoriale, le Colonelissime Moussa Sinko Coulibaly, a du mal à cacher son embarras quand à la candidature de CMD aux futures élections.
    Ça sent la fissure avec la junte, auparavant prise au dépourvu parce que CMD ne sait pas à qui “donner sa démission”, Kati se sent de plus en plus petit face l’astrophysicien.
    De l’autre côté Dioncounda, qui a bien réfléchi au Pullman Montparnasse Hôtel à Paris pendant sa convalescence, sait qu’il n’a pas été trop aidé par le mouvement démocratique et son FDR, alors de retour au bercail, il tend la main à l’armée et à la junte, et lui réitère sa confiance au grand dam de la Cedeao qui ne comprend pas pourquoi quelqu’un avec une sécurité quasi nulle ne veut pas de troupes Cedeao à Bamako pour “sécuriser la transition”.

    Mais face à un CMD quelque peu agité, affirmé et rapide, Dionconda joue la tortue et assure ses arrières.
    Il n’hésite pas à proposer un haut conseil d’état pour bien intégrer la junte à un moment où son alliance avec CMD se fissure.

    Il n’hésite pas à proposer une négociation triple choix pour rester proche de la médiation Cedeao menée de main de fer par le très controversé president burkinabé, Blaise Compaoré.

    Il n’hésite pas à adhérer aux concertations nationales du Copam et du Mp22 à conditions qu’elles soient inclusives et constitutionnelles pour rester équidistant avec la classe politique et la société civile.

    Au même moment CMD n’hésite même pas à Paris de proposer une consultation de l’assemblée nationale sur l’approbation d’une feuille de route de la transition (réclamée par la communauté internationale) apparemment sans en avoir parlé avec le président.

    Et quand CMD va à Djamena pour parler intervention militaire avec fermeté et contrer Dioncounda parti à Niamey et qui adhère aux pourparlers de Ouaga, son directeur de cabinet ne reconnaît même pas Tieman Coulibaly, pourtant ministre des affaires étrangères du Mali, comme représentant du gouvernement malien, il représente plutôt Bamako.

    Le “coupé décalé” bamakois bat donc son plein: “Calmement, calmement, on va s’envolement”.

    Et en aucun moment CMD n’a pu croire que ces anciens alliés de la junte militaire qu’il a aidé à se légaliser dans un comité militaire de réforme…, vont aider son partenaire de Tango (Dioncounda) à gagner cette première course de la transition malienne contre lui, lui le lièvre interplanétaire.

    Rien ne sert de courir, il faut partir à point disait le poète!

  4. CAPITAIN DE LA HONTE
    Malheureusement Jusqu’a present on ne connait pas les vrai motifs de cette demission. Son auto jugement n’engage que lui seul, mais le peuple sera le vrai juge a la fin du jour. Si CMD ne respect le peuple malien, lui meme fait la meme chose en refusant l’accuse a s’explique devant ce meme peuple. Qu’est ce que le capitain veut reellement: Le NOM, Le President, Le SAUVEUR des maliens, L’HONNEUR. Un conseil, tu aura ton honneur seulement dans un champs de bataille, non sur une scene politique. Un honron ne salit jamais son invite de la sorte, meme s’il a commis des betises. Ses accusations sont a dormir debout, c’etait les points d’attaque du FDR qu’il a exactement evoquer contre CMD.

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