Les déclarations de candidatures des prétendants à la candidature du Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA, PASJ) installent davantage notre pays dans la précampagne pour les élections de 2012.
Certains rappelleront à souhait les déchirements antérieurs de l’ADEMA, mais la partie qui s’ouvre n’est qu’une étape bien inscrite dans les textes fondamentaux du Parti à savoir l’organisation de primaires internes permettant de déterminer le candidat le mieux placé dans l’opinion publique. En somme, un exercice démocratique dont l’ADEMA peut se flatter d’être le seul à expérimenter une démarche jugée cependant incontournable dans les Pays développés. Mais, la question qu’on se pose naturellement c’est qui de Dioncounda Traoré, le Président du Parti, de Iba N’Diaye, 1er vice Président et premier candidat déclaré, de Sékou Diakité récemment ministre du Développement Social, déclarés favoris l’emportera ? Harouna Diarra de la Commune IV du District très peu connu jusque-là pourra-t-il se faire une place dans la cour des grands connus ?
Dioncounda, le candidat naturel
C’est contre lui qu’il y aura les tirs groupés de tous ses adversaires par ce que, estiment certains observateurs, ses chances de l’emporter sont réelles. Dioncounda qui se présente pour la première fois depuis si longtemps a joué la patience pour se retrouver président après les multiples fractures du Parti, ce qui lui donne, semble-t-il, une bonne longueur d’avance sur ses adversaires. Auréolé de son titre de président, l’homme de Nara qui peut se targuer d’avoir été un des grands acteurs du Changement de 1991 et le plus fidèles parmi les fidèles du Parti a des raisons de croire comme Mamadou Issoufou du Niger voisin que cette fois est la bonne pour gagner le ticket du Parti. En tant que Président, il incarne le Parti et il fera prévaloir deux choses : le rassemblement des militants autour d’un idéal et d’un homme et la préservation des valeurs fondatrices du Parti dont il se voudra le garant. Nul doute que ce langage accrochera plus d’un au sein de la ruche, car les militants de l’ADEMA veulent croire que après ATT c’est bien leur tour maintenant de diriger le Pays.
Iba NDiaye ou comment continuer à exister politiquement
Pour voler plus haut, il faut d’abord exister. Cela semble être la devise de Iba N’Diaye. C’est le sphinx de la ruche qui chaque fois renait de ses cendres. Le 1er Vice Président a en effet déjà déjoué plus d’un pronostic, l’homme a des ressorts insoupçonnés, la baraka comme qui dirait pour jouer les premiers rôles au moment où on le croit politiquement fini. Personne ne pariait en effet sur les chances de l’ancien maire de Bamako après l’ère Alpha Oumar Konaré, mais c’est presque en vice Premier ministre qu’il est revenu au pouvoir avec ATT, un gouvernement qu’il a volontairement quitté pour jouer ses chances dans l’arène politique à l’orée de des échéances de 2012. La présidentielle est certes un autre combat d’une toute autre dimension, mais c’est déjà bon d’être au nombre des prétendants au trône car, c’est autrement une manière de se donner de l’air et de voir l’avenir à défaut de contrôler son destin. Or, Iba pense pouvoir voler la vedette à Dioncounda, lui qui était aux premières heures de L’ADEMA. Comme tous les adversaires du président, Iba défendra l’idée selon laquelle Dioncounda est peut être bon pour gérer la maison à l’interne mais pas le pays qui exige d’autres arguments.
Sékou Diakité, la génération montante
C’est le credo de ce cadre qui ne cesse de monter et qui vingt ans après la chute du dictateur Moussa Traoré piaffe d’impatience devant la vielle garde qu’on veut trop vite mettre à la retraite. Le changement dans la continuité tel semble donc être son mot d’ordre. Sékou Diakité plaide en effet pour le renouvellement de la classe dirigeante à la tête de son parti comme de toute la classe politique malienne, et c’est sur le thème de la modernité qu’il entend se battre et il essayera de convaincre les jeunes du Parti autour de sa candidature, qui à ses yeux représente l’ADEMA de demain. L’expérience gouvernementale acquise à l’ombre d’ATT est un atout pour lui. Tous tenteront de mettre en avant les limites réelles ou supposées de Dioncounda Traoré. Dans trois semaines on sera donc fixé par rapport au porte drapeau du Parti du Parti majoritaire et ce sera le dernier avant les vraies campagnes électorales.
Piyahara Diamouténé
