S’il y a un point fondamental qui fait la particularité du parti de l’abeille solitaire dans la course vers le fauteuil de Koulouba, c’est bien l’institutionnalisation de l’esprit des primaires, depuis un certain nombre d’années. Véritable exercice démocratique à l’interne, cette démarche met aux prises tous ceux du parti qui désirent en être le porte-étendard, dans le cadre de l’élection présidentielle.
De la candidature de Soumaïla Cissé (2002) à celle de Dramane Dembélé (2013) en passant par celle de Dioncounda Traoré lors de la présidentielle avortée de 2012, la première force politique du Mali s’est sacrifiée à cet exercice, même si celui-ci fait souvent planer le risque de l’implosion du parti. Certes, ce mode de désignation du candidat du Parti africain pour la solidarité et la justice a souvent eu pour conséquence la dispersion des forces lors du scrutin, notamment en 2002, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un exemple de démocratie à l’interne qui devrait faire tache d’huile chez les autres partis politiques maliens.
En effet, à la différence de tous les autres partis de l’échiquier national, la Ruche, de par ces primaires, donne la preuve qu’elle n’a désormais pas de candidat naturel. Cette élection interne est le témoignage que l’Adema ne se confond pas au patrimoine d’un individu qui puisse se donner le luxe de la gérer comme un Gie. En tout cas, les Maliens conviennent que tous les autres partis politiques au Mali, y compris ceux que nous considérons comme étant des grands, s’identifient en général à un seul leader qui le manage dans le sens qu’il veut. N’en déplaise aux voix discordantes. C’est pourquoi, sous nos cieux, il n’est pas rare d’entendre les Maliens parler du parti d’un tel ou d’un tel autre. A titre d’exemple, le Rpm s’identifie à la personne d’Ibk, l’Urd passe pour la propriété privée de Soumaïla Cissé alors que le Cnid relève de l’héritage de Me Mountaga Tall. Dans ces partis, le plus souvent, il n’y a que la seule voix du chef qui compte et c’est lui qui donne la voie à suivre. Pire, lors des élections majeures, la présidentielle notamment, il demeure le candidat spontané et tous ceux qui affichent la même ambition courent le risque de se voir exclure du parti.
Cette forme d’administration patrimoniale devrait désormais faire place à une gestion démocratique qui, il faut le dire, a jusque-là manqué à nos partis politiques dans leur quasi-majorité. C’est pourquoi, nous estimons que les primaires Adéma sont une voie démocratique à l’interne, dans laquelle toutes les formations politiques devraient dorénavant s’inscrire pour éviter qu’elles soient des chasses gardées d’individus.
Bakary SOGODOGO
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