Déchainés pour faire partir coûte que coûte Moussa Mara de la Primature, les cadres du Rassemblement pour le Mali tombent dans le délire. Prenant leur rêve pour la réalité, le lundi dernier, certains d’entre eux se sont cachés derrière les réseaux sociaux pour alimenter tout le pays avec la rumeur de démission du Premier ministre Moussa Mara.
Dès sa nomination au poste de Premier ministre, le 5 avril 2014, Moussa Mara fait face à une déferlante cabale politique du RPM, le parti présidentiel. Pour la plupart des cadres dudit parti, la nomination de Mara à la Primature est une insulte à leur égard. Car avec seulement un député à l’Assemblée nationale, rien ne justifiait la nomination de Mara à la Primature. Le fait majoritaire qui est l’un des principes fondamentaux de la démocratie a été de facto violé par le Président IBK en faisant de Mara le chef du gouvernement. Ce qu’ils ont considéré comme un manque de respect à leur égard. Dès lors, ils ont fait sortir toute leur artillerie pour combattre le jeune PM. Le seul instant de répit pour le RPM dans cette bataille a été le vote de la motion de censure contre le gouvernement Mara, déposée par les partis de l’opposition. Les parlementaires de la majorité présidentielle ont refusé de voter cette motion en guise de fidélité au Président IBK et non pour une quelconque sympathie pour Mara, a-t-on appris. Ils voulaient eux-mêmes faire partir ce gouvernement. Ainsi, après avoir épuisé tout leur argumentaire sans convaincre ni le Président IBK encore moins la population, certains cadres du RPM s’adonnent à des montages grotesques pour mettre le chef du gouvernement en porte-à-faux avec le président de la République. Leur récente machination date donc du lundi 10 novembre. Pour une simple absence de Moussa Mara à l’accueil du Président IBK en provenance d’Accra, les adversaires du PM croyaient à la réalisation de leur rêve. Ils ont ainsi envahi les réseaux sociaux avec les informations faisant état de la démission du chef du gouvernement alors qu’il n’en était rien.
Ce qui s’est réellement passé à l’aéroport
D’aucuns ont expliqué que Moussa Mara est menacé d’être demis de ses fonctions à cause de son absence à l’accueil du président de la République, le vendredi dernier à l’aéroport de Bamako Sénou. Ils se sont empressés de dire qu’il a refusé de se rendre à l’aéroport pour accueillir le Président IBK. Ainsi, la nouvelle a été traitée avec passion sans la moindre investigation.
La vraie version, selon l’entourage de Moussa Mara, c’est que son absence à l’accueil du Président à l’aéroport en provenance d’Accra n’explique nullement un malentendu entre lui et le chef de l’Etat. Bien au contraire. Seulement, poursuivent nos sources, le PM n’a pas reçu la bonne information au sujet de l’heure d’arrivée d’IBK. Il a reçu trois à quatre messages contradictoires sur l’heure à laquelle devrait atterrir l’aéronef d’IBK. Dans le dernier message, on a confirmé à Mara que l’avion du Président atterrirait à 16h23. Mais l’avion d’IBK a atterri à 16h03 au lieu de 16h23mn annoncé. Ce qui fait que le Premier ministre a raté l’atterrissage de l’avion du Président.
Faut-il le souligner, au même moment où Mara subit cet acharnement, il est adoubé par une écrasante majorité de la population. Les résultats du sondage d’opinion de la Fondation Friedrich Ebert attestent que 63,4% des Maliens sont satisfaits du bilan de Mara à la Primature. A qui profite donc la désinformation ?
Ce qui est sûr, c’est que le Premier ministre est torpillé de partout. Le RPM ne veut pas de lui, l’opposition ne le ménage point, certains ministres lui désobéissent aux fins de le pousser vers la sortie.
Les raisons de l’acharnement
Suite à l’acharnement de certains responsables politiques, l’entourage de Mara crie à une tentative de tout déstabiliser et torpiller. Pour les collaborateurs du PM, outre le simple plaisir de voir un Premier ministre RPM, tout ce bruit vise à sanctionner Mara pour son engagement à lutter contre la corruption, surtout que c’est lui qui aurait confié les audits des affaires de l’achat de l’avion présidentiel et du marché d’équipement militaire au Bureau du Vérificateur général. Car ceux qui crient au départ de Mara sont soit impliqués ou ont un proche incriminé dans ces affaires.
IBK a choisi son camp
A la suite des agitations des cadres de son parti, apprend-t-on, IBK aurait affirmé qu’il ne cédera pas aux pressions, aux exigences et aux chantages de certains cadres de son parti. Seulement, il aurait informé son Premier ministre, le vendredi dernier, de son intention de procéder à un réaménagement ministériel. Et Mara d’ajouter qu’il voulait former une équipe de choc en se débarrassant des « ministres souillés. » Ce qui a été accepté par le Président IBK. Pour ce faire, il a rédigé sa lettre de démission pour la remettre au Président. Mais ce dernier lui a demandé d’attendre, le temps de régler la crise du nord qui compte le plus pour lui. Mieux, il aurait mis en garde certains responsables de son parti de cesser leurs manœuvres malveillantes tout en leur faisant savoir qu’il a été élu pour servir tout le peuple et non un seul parti.
Dans tous les cas de figure, ce tintamarre ne fait que renforcer Mara à la Primature. Après le niet du Président IBK au RPM, les Maliens sortent de plus en plus de leur réserve. Ils sont nombreux à en avoir marre de l’acharnement gratuit dont fait l’objet Moussa Mara, et affichent de plus en plus leur volonté de le soutenir.
Oumar KONATE